Florentin-la-Capelle. dans une autre vie

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  • Un des attelages de l’époque dans le village.
    Un des attelages de l’époque dans le village.
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CORRESPONDANT

Francette Lattes ayant passé son enfance dans le village de Florentin aime à raconter la vie qui s’y déroulait vers 1950, l’ambiance, les bruits, le mode de vie. "Encore endormis, bien au chaud au creux de notre lit, nous entendions après la symphonie des oiseaux, les claquements secs et répétés des sabots d’Émile Noyé, notre sonneur de cloches qui montait du fond de Florentin sonner le premier Angélus. Le carillon des cloches finissait de nous réveiller. C’était ensuite M. Albouze qui menait ses vaches au pré tout proche de chez nous en les encourageant de sa grosse voix. Un peu plus tard, M. le curé appelait par un autre tintement de cloches, les quelques habitués de la messe du matin. M. Bourdiol lançait son troupeau de moutons qui martelaient le sol tout en bêlant. Les chiens suivaient aboyant, remettant quelques brebis rebelles dans le droit chemin. La sœur de M. le curé traversait Florentin pour amener quelques oies du presbytère jusque chez Carrié dans un pré leur appartenant. Inutile de dire que ces jacasseuses passaient bruyamment. M. Amat descendait son car du garage pour embarquer quelques passagers vers St-Amans, Entraygues ou Laguiole selon les jours. Après avoir fait le plein à la pompe à essence de M. Palat, il s’arrêtait plusieurs fois pour finir son ramassage devant le café Mouret. Tout à côté, M. Lutran, le sabotier et M. Prévinquières le menuisier ouvraient leurs ateliers et lançaient leurs machines dans un bruit continu et monotone. Puis dans la matinée, c’était le va-et-vient des habitants qui se rendaient sur le lieu de leur travail, dans les champs pour la plupart. Les ménagères sortaient faire leurs courses chez le boulanger ou dans l’une des 3 épiceries du village, d’autres allaient à la mairie ou à la Poste. Certaines poussaient une brouette remplie de linge jusqu’au lavoir municipal qui jouxtait la maison Amat. Vers 9 heures, les écoliers chaussés de galoches ou de sabots arrivaient de tous les hameaux voisins pour se rendre dans l’une des deux écoles. À midi l’Angélus nous rappelait qu’il était temps de se recueillir et de se restaurer. Après ce temps de pause, tout se remettait en mouvement : les enfants se retrouvaient à l’église à 13 heures pour le catéchisme, on entendait alors gambades, bousculades et bavardages. Les attelages tirés par des bœufs, des vaches ou des chevaux faisaient un bruit d’enfer avec leur grosse roue cerclée de fer. Les cris des paysans les incitaient à aller plus vite. Nous les enfants, plaignions ces animaux, les comprenions et compatissions à leur injuste sort qui nous paraissait cruel.

Le soir, les bêtes et les gens regagnaient leur logis avant la nuit pour se reposer et se restaurer. Le dernier Angélus rappelait à tous la prière du soir".

Depuis, l’exode rural a fait son œuvre ; si peu d’habitants dans nos villages et tout ce silence assourdissant durant ces dernières années. Une lueur d’espoir tout de même : depuis peu, de jeunes couples ont pris la décision de s’installer par ici pour profiter de notre qualité de vie ! Ils ne rêvent plus de la ville et de ses secrets…

Jean Ferrat en serait heureux.

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