Saint-Affrique. Dans le Saint-Affricain, la peur du désert médical

  • Céline Leconte est médecin généraliste depuis trois ans à Saint-Affrique.
    Céline Leconte est médecin généraliste depuis trois ans à Saint-Affrique. A.C. -
Publié le
Aurore Cros

Le départ de deux médecins au 1er janvier sur un territoire qui en manque déjà risque d’avoir des conséquences.

Au 1er janvier 2021, Saint-Affrique verra deux de ses médecins généralistes de la Maison médicale sans successeurs : le Dr Pillant qui part à la retraite et le Dr Pelorjas qui cesse son activité pour raison médicale. Au moment même où s’ajoutent des départs dans d’autres spécialités en Sud-Aveyron, comme des gynécologues, pédiatres et médecins scolaires.

Les praticiens craignent un afflux conséquent de consultations, ainsi que des charges administratives qui pèsent déjà sur leurs épaules, étant actuellement en sous-effectif.

Installée depuis novembre 2017, Céline Leconte, médecin généraliste à la Maison médicale, accompagnée de son mari Guillaume Leconte également médecin, s’inquiète de cette situation : " Il y avait une grosse patientèle. De neuf médecins sur Saint-Affrique (dont un homéopathe en centre-ville), on va passer à sept. On avait déjà une surcharge importante, on a peur d’être submergés de ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes. "

Sur le secteur du Saint-Affricain, les médecins prennent en charge un bassin de population de 12 000 personnes. En Aveyron, chaque médecin prend en charge environ 1 200 patients, sachant que la moyenne nationale est de 875 patients par médecin. "Il faudrait que l’on soit dix médecins dans l’idéal et au sein de la Maison médicale, et là on ne sera plus que six."

Dix patients de plus chaque jour

Face à un nouvel afflux de patients, Guillaume Leconte estime qu’ils devront voir "moins souvent les patients chroniques et gérer les nouveaux, mais cela demande du temps, de rentrer les dossiers, refaire les ordonnances, pour bien les connaître".

Tout en sachant que le seul volet administratif leur prend déjà sept heures par semaine. "Les urgences seront davantage sollicitées", craignent les deux médecins, qui devront rallonger leur journée avec dix patients en plus par jour et une vie familiale à gérer.

Pour leur éviter des surcharges de travail, ils comptent sur la population pour les solliciter sur "des questions essentielles", préparer à l’avance certains papiers faits par les médecins (MDPH, assurances, aides à domicile, bons de transport), ou pour ne passer trop de temps au téléphone avec les secrétaires en première ligne face à la colère des patients devant les délais d’attente. "L’idéal serait que les patients anticipent quinze jours avant les renouvellements", confie Céline Leconte. Ils devront aussi limiter les visites en déplacement à domicile et demandent à ceux qui le peuvent "de s’organiser avec un proche pour se rendre au cabinet", ou encore de venir le matin pour ceux qui en ont la possibilité.

Une cellule départementale pour aider les médecins à s’installer

Même si l’Aveyron est le département qui recrute le plus de médecins en France, il fait face aux problématiques des milieux ruraux. Pour attirer de nouveaux praticiens, un dispositif a donc été mis en place par le Département pour les aider à s’installer. Ces derniers peuvent aussi bénéficier d’une prime à l’installation. "Au-delà du médecin, il faut aussi réfléchir à l’emploi du conjoint ou la conjointe, faciliter les démarches de la famille entière pour les aider à s’installer", commente le médecin Guillaume Leconte qui espère que les Saint-Affricains seront compréhensifs et à l’écoute de leurs demandes pour leur éviter d’absorber d’un seul coup une trop forte demande, dans l’attente de nouveaux recrutements.

 

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