La Région fait le forcing pour la réouverture du train Rodez-Millau

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  • La gare de Rodez n’a plus accueilli de train venantde Millau depuis 2017.
    La gare de Rodez n’a plus accueilli de train venantde Millau depuis 2017. Photos J.-A.T.
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RICHAUD Guilhem

Alors que la SNCF traîne des pieds, le conseil régional a décidé de faire de la rénovation de la ligne aveyronnaise, fermée depuis 2017, une priorité. Elle est prête à financer les travaux.

Les rames sont à l’arrêt depuis un peu plus de trois ans. En décembre 2017, la SNCF et la région Occitanie suspendaient la ligne de train entre Rodez et Millau pour remplacer les allers-retours quotidiens par des cars. Depuis cette date, rien, ou presque. Si le tronçon entre la cité du gant et Sévérac reste actif avec le passage du train Aubrac, plus aucun wagon ne circule sur la voie entre Rodez et Sévérac, à tel point que la ligne, qui longe en grande partie la RN88, est désormais recouverte par la végétation.

Mais la Région, qui a la compétence en termes de transports sur son territoire, et qui délègue la gestion des lignes à la SNCF, souhaite que les choses avancent. La semaine dernière, une rencontre a eu lieu avec notamment les représentants de SNCF Réseau (ex- RFF), pour discuter de l’avenir de la ligne. Et il en ressort que l’institution n’est pas forcément très contente de l’inertie sur le domaine.

" Ce qu’évoque SNCF Réseau, pour le moment, c’est une remise en service annoncée pour 2025, annonce Stéphane Bérard, conseiller régional aveyronnais, président de la commission transports. La position de la SNCF n’est pas acceptable. Il faut que nous rouvrions au plus tôt, notamment pour la section Rodez-Sévérac. Cette ligne fait partie des six dans l’Occitanie qui ont été ciblées comme prioritaires lors des états généraux du rail et de l’intermodalité (en 2016, NDLR). Cette ambition n’a pas été modifiée d’un iota. C’est bien une ligne prioritaire. "

Jusqu’à 160 millions d’euros

Pour cela, il faudra faire des travaux. Des études préliminaires ont été lancées en 2018 et ont abouti, courant 2019, à un premier chiffrage d’un chantier allant de 130 à 160 millions d’euros. " C’est une première estimation qu’il faut encore affiner, reprend le maire de Capdenac. Cela se décompose en une enveloppe allant de 80 à 100 M€ pour le tronçon Rodez-Sévérac et entre 50 et 60 M€ pour Sévérac-Millau. " Une somme conséquente que la Région est prête à payer.

"Il y aura peut-être une modeste participation de l’État, à hauteur de 5, 10 ou 15 %, mais chez nous, les crédits sont fléchés, reprend Stéphane Bérard. Ce qui nous bloque pour le moment, ce n’est pas un manque d’engagement de la Région qui se réfugierait derrière une enveloppe qu’elle n’aurait pas, mais c’est que la maîtrise d’ouvrage est gérée par SNCF Réseau. Le fait qu’elle traîne les pieds nous inquiète un peu. Est-ce qu’il faut voir dans ce comportement l’envie de sa part de supprimer la ligne pour une substitution par des autocars ? Si tel était sa proposition, nous nous y opposons totalement. L’enveloppe est fléchée, prête et disponible."

Quatre allers-retours quotidiens à la reprise de la ligne

Mais pourquoi la note est-elle si élevée ? Parce qu’il va falloir tout refaire. Ou presque. "Si on veut retrouver une sécurité de service, de la qualité et une performance dans le trajet, il faut que toutes les conditions soient réunies pour qu’on ne soit pas assujettis sur certaines zones à des ralentissements et autres aléas qui renvoient forcément à un report modal de nos administrés", prévient l’élu. Avec pour objectif de faire du train une alternative crédible, notamment en termes de temps de trajet, à la voiture.

Pour cela, la Région imagine déjà la mise en place, dès la réouverture de la ligne, de quatre allers-retours quotidiens, adaptés sur les horaires des élèves qui font la liaison entre les deux villes, mais aussi sur les horaires de travail. Des rames additionnelles pourraient ensuite être ajoutées en fonction de la demande et de la fréquentation. Restera ensuite à savoir si la Région intègre la ligne dans son dispositif du train à 1 €. Ce n’est pas encore acquis, mais vu les moyens qu’elle ambitionne de mettre dans sa rénovation, cette option, qui en ferait une vraie alternative économique crédible à la voiture, est à prendre en compte.

Jointe à de nombreuses reprises, la SNCF n’a pas donné suite à nos sollicitations.

38 millions d’euros pour l’Aubrac

Une autre ligne aveyronnaise est actuellement en difficulté. L’avenir du train Aubrac, la liaison entre Béziers (Hérault) et Neussargues (Cantal), qui traverse le Sud-Aveyron via notamment Millau et Sévérac, est en discussion entre la SNCF, qui gère la ligne et la Région, qui, depuis 2017, a décidé de financer 50 % de son fonctionnement alors même que c’est de la compétence de l’État, pour assurer la survie de cette liaison. En plus de ce montant, chiffré à 2,1 M€, l’Occitanie a décidé d’investir 38 M€ pour sa rénovation. Elle y voit une opportunité touristique, mais aussi économique, avec la possibilité d’y développer le fret. Mais après la période "d’expérimentation", qui a été renouvelée jusqu’à 2021, la Région souhaite maintenant que cette gouvernance partagée devienne pérenne. Et là encore, elle ne comprend pas vraiment que la SNCF traîne autant les pieds. "À chacune de nos rencontres, nous martelons notre engagement, assure Stéphane Bérard. Il faut maintenant que SNCF Réseau et l’État suivent. On n’est pas sur des problèmes financiers. On va au-delà de ce que la Région a comme compétences. Mais nous avons à cœur de sauver cette ligne dont on connaît la nécessité pour nos administrés."

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Les commentaires (1)
rollenston Il y a 3 années Le 07/01/2021 à 07:39

Que penser de cet article? D'un côté la région qui se réveille après 3 ans de somnolence et avoir retoqué à l'époque le chiffrage ( 60M € ) demandé par la SNCF. D' un autre côté cette SNCF qui freine des 4 fers et n'a qu'un souhait, fermer les petites lignes, les vendre par lots, ferrailles , fonciers pour ne plus les avoir en charges et rendre leurs réouvertures impossibles.
Et pourtant, ce patrimoine est inestimable, il appartient a nous tous, il peut être mis en valeur, tout en gardant sa fonction de service public.
Il n'y a pas d'opposition entre la mise en 4 voies de la RN88, et la réhabilitation de la section de cette voie ferrée Rodez-Séverac, au contraire!
Comment ce fait-il que partout en Europe, les petites lignes fonctionnent, sont bien entretenues et prisent d'assaut par les usagers ?