Assassinat de Pascal Filoé à Rodez : "Je ne vais pas faire comme Daval, je ne regrette rien…"

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  • Le procès d’Alexandre Dainotti se tient jusqu’à vendredi.
    Le procès d’Alexandre Dainotti se tient jusqu’à vendredi. José A.Torres - José A. Torres
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Mathieu Roualdés

La cour d’assises de l’Aveyron s’est penchée sur la personnalité d’Alexandre Dainotti, assassin présumé de Pascal Filoé en septembre 2018, lors de la première journée de son procès.

Alexandre Dainotti n’a donc pas changé depuis cette matinée du 28 septembre 2018 où il a mortellement poignardé Pascal Filoé dans les rues de Rodez. Il l’a prouvé en quelques mots glaçants, lundi lors de la première journée de son procès consacrée à sa personnalité, lorsque le président Philippe Piquet l’a invité à prendre la parole une dernière fois : "Il n’y aura pas de larmes de crocodile, je ne vais pas faire semblant comme Daval ou comme les mecs dans les cours d’assises avec leurs faux regrets. Ça peut choquer mais je ne regrette rien. C’est comme ça", a-t-il lancé, préfigurant déjà des débats à venir… Quelques minutes auparavant, les experts psychiatres qu’il a rencontrés depuis son incarcération avaient prévenu les jurés aveyronnais : l’accusé n’a ni regret, ni remord. Cela n’en fait pas pour autant " un fou" et il doit ainsi rendre des comptes à la justice.

"Je ne suis pas un marginal"

"Je suis quelqu’un comme tout le monde. Je ne suis pas un marginal ou un monstre sanguinaire comme j’ai pu lire et entendre. ça m’a blessé", a-t-il d’ailleurs tenu à préciser lors de sa première prise de parole. Avant d’être invité à se livrer davantage sur son parcours. Son enfance tout d’abord, de ses premiers pas à Dunkerque dans le Nord dans les années 1980 puis à La Seyne-sur-Mer dans le Var après le divorce de ses parents. Dans le sud, les relations avec son beau-père sont compliquées, "les coups de ceinturons pleuvaient, mais c’était normal à l’époque, on ne portait pas plainte comme maintenant". L’école, elle, s’arrête rapidement lorsqu’il est en cinquième. "Ce n’était pas mon truc, j’y allais pour trouver des copines", dit-il derrière son masque ne laissant apparaître qu’un regard perçant.

Placé en foyer à l’âge de neuf ans, Alexandre Dainotti commence alors ce qu’il appelle "les conneries". Des vols en majorité qui le conduiront rapidement en prison. Jusqu’à ses 30 ans, il y enchaîne les allers-retours et ne parvient pas à trouver du travail dans les Bouches-du-Rhône où il s’est installé. Il voit les patrons "comme des exploiteurs" et sa vie personnelle s’inscrit en pointillé : il n’a pas ou peu de relations avec sa famille, pas vraiment d’amis non plus et ses relations amoureuses ne durent pas vraiment. "Je n’ai pas confiance aux femmes", explique-t-il. Pourtant, c’est l’une d’elles rencontrées sur les réseaux sociaux qui l’amène à Rodez, en 2016.

"Poutine"

Ils partagent la même passion pour les chiens. Dainotti a appelé le sien "Poutine", c’est un jeune "staff" américain considéré comme chien de garde. Avec son casier judicaire, il n’a pas le droit d’en posséder un. Il le sait mais qu’importe, ce chien "c’est comme mon enfant et mon RSA et les quelques boulots que je faisais au ‘‘noir’’ servaient à le nourrir". "C’était bien de venir en Aveyron avec lui car il y a beaucoup de forêts ici", raconte-t-il dans le box des accusés.

Le hic, c’est qu’il ne le promène pas qu’en forêt mais également dans les rues piétonnes de Rodez, sans muselière et sans laisse la plupart du temps. Durant plus d’un an, il reçoit des avertissements et rappels à l’ordre de la police municipale, alors dirigée par Pascal Filoé. En avril 2018, les deux hommes ont d’ailleurs une vive altercation à ce sujet et Dainotti fracture à coups de pied la porte d’entrée de l’hôtel de ville. Il s’en sortira avec une amende de 500€. Sa haine envers Pascal Filoé, elle, ne cesse de grimper. Jusqu’au 18 septembre 2018 où lors d’un contrôle, les policiers nationaux saisissent son chien. Il en tiendra pour responsable sa victime qu’il attendra dix jours plus tard, assis à la terrasse d’un café. Avant de lui asséner neuf coups de couteau. La cour devrait se replonger dans le détail de cette journée dès ce mardi matin.

"Il fait ce qu’il veut quand il veut"

Alexandre Dainotti présentait-il des psychoses, des névroses ou était-il plus simplement "fou" avant de passer à l’acte ? Ces questions, souvent au cœur des débats devant une cour d’assises, ont animé la première journée d’audience avec les rapports de deux experts psychiatres. Dainotti les a rencontrés lors de ses deux années de détention, émaillées de quatre transferts entre Rodez, Villeneuve-lès-Maguelone, Perpignan et Draguignan en raison d’incidents avec ses codétenus et des surveillants. Tous ont eu la même conclusion : Dainotti a certes un parcours carencé mais ne présente pas de maladies psychiatriques pouvant le rendre pénalement irresponsable.

"C’est quelqu’un d’antisocial, d’impulsif, dans une toute-puissance infantile. Il ne supporte ni la frustration, ni la contrainte : il est dangereux car il fait ce qu’il veut quand il veut, sans émotion. Et c’est ce qu’il s’est passé avec sa victime. Il considérait son chien comme son enfant et il n’a pas supporté qu’on le lui prenne. Mais il aurait très bien pu faire une grève de la faim, monter sur une grue ou autres pour dénoncer cela…", ont expliqué les experts ne donnant que peu de garanties aux jurés quant à une possible réinsertion de l’accusé : "Malheureusement, sa personnalité paranoïaque et psychorigide se développe généralement vers 40 ans. Alors, il ne s’insérera pas à son âge (41 ans) et aucun traitement médicamenteux ne peut véritablement aider à ce que cela aille mieux". Les psychiatres ont également longtemps rappelé l’absence "de honte, d’autocritique et de regrets" de la part de l’accusé qui, lors des entretiens un an après les faits, affublait encore la victime de noms d’oiseaux…

 

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