Assassinat de Pascal Filoé : le personnel de la Ville de Rodez est encore sous le choc

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    Le procès dure jusqu'à dimanche. Centre Presse - José A. Torres
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Plusieurs anciens collègues de Pascal Filoé ont témoigné à la barre mardi, lors du procès devant la cour d'assises de l'Aveyron d'Alexandre Dainotti, pour assassinat.

Deux ans et demi après les faits, la douleur est encore présente à la Ville de Rodez. Le procès d'Alexandre Dainotti, qui répond cette semaine devant la cour d'assises de l'Aveyron, de l'assassinat de Pascal Filoé, chef de service à la mairie de Rodez et patron de la police municipale est l'occasion d'entendre certains anciens collègues de la victime, qui ont été les témoins de la scène.

La première, qui était le binôme de Pascal Filoé, était avec lui au moment des faits. "Ce matin-là, je partais avec lui à une réunion à la communauté d'agglomération, se rappelle-t-elle. Nous avons fait quelques pas jusqu’à ce que je perçoive que quelqu'un avait sauté sur le dos de Pascal. Ils sont tous les deux tombés. La notion du déroulé des faits est compliquée. Je ne vous cache pas que j'essaie plus d'oublier qu'autre chose. Je les voyais se battre, j'ai essayé d'asséner deux coups avec les porte-documents que j'avais dans les mains. J'ai voulu les séparer et j'ai vu que j'avais les mains pleines de sang. Je n'avais pas perçu qu'il recevait des coups de couteau. Quand j'ai vu ça, j'ai eu un recul et j'ai continué à appeler à l'aide. J'ai vu partir l'agresseur vers l'hôtel de ville. J'ai eu peur qu'il y rentre. J'ai couru vers lui, mais j'ai pris conscience du danger. Je suis revenu vers Pascal et j'ai vu que des personnes le prenaient en charge. C'est là que j'ai arrêté." 

"J'ai tenu porté par les collègues et les chefs de service."

Choquée, elle s'est alors assise, puis a été ramenée par une collègue dans les locaux de la mairie. Très vite, environ une heure trente après les faits, elle a été auditionnée par les enquêteurs. Une audition qui a duré quatre heures et qui a permis d'établir précisément le déroulé des faits. "On est ensuite allé à l'hôpital, puis j'ai été entendue par la cellule psychologique, a-t-elle répondu à Elian Gaudy, l'un des avocats de la famille Filoé, qui l'a interrogée sur ce qu'elle a fait après l'agression. Le lendemain j'étais de repos et le lundi, je suis allée au travail. J'avais la sensation qu'il fallait que je sois là pour moi et pour les chefs de service puisqu'on était tous démunis les uns et les autres. J'ai tenu porté par les collègues."

Des doutes sur son avenir et un choc post-traumatique

Après les faits, elle a expliqué avoir été suivie un temps psychologiquement. "J'ai eu la sensation que ça allait, reprend-elle. Et puis 2020 a été une année compliquée. Le stress post-traumatique revient aujourd'hui. J'ai des soucis d'hypersensibilité qui sont problématiques dans l'exercice de mes fonctions. Je m'en sors moins bien aujourd'hui que juste après les faits." A tel point même qu'elle s'interroge sur son avenir. 

Un collègue de la femme de la victime donne les premiers secours

Un deuxième employé municipal a été appelé à la barre. Lui aussi a assisté à une partie des faits. Il a vu, de la fenêtre de son bureau, "les deux derniers coups de couteau". Il s'est ensuite rendu sur place. Très ému, il a raconté à la cour avoir vu une traînée de sang et avoir continué jusqu'à la scène de crime. "Il y avait une tache de sang d'au moins 1,5 m. Je ne savais pas où passer. Il y avait déjà deux personnes autour de lui."

C'est à ce moment-là qu'il prend conscience qu'il connaît la victime et de la gravité des blessures. Il a essayé de faire un point de compression sur une des plaies. "Je m'aperçois que la largeur de mon poing est trop courte."

"Je n'arrive pas à me sortir ses cris de la tête. Parfois, ça me réveille la nuit"

Ce témoin connaît très bien la famille Filoé, il croise sa femme tous les jours à la mairie où elle travaille également. "Pour moi, c'était le reflet d'une famille modèle, structurée, avec des enfants incroyables et dynamiques. Tous les matins, je dis bonjour à sa femme en arrivant à la mairie. Toutes les semaines je vois ses enfants. C'est là que c'est le plus dur pour moi. C'est difficile de les regarder dans les yeux. La vie continue pour eux, mais il y a un sacré gâchis dans tout ça."

Depuis le jour du drame, il est suivi par un psychiatre pour "essayer d'évacuer les cris. Il passait sa vie à rigoler. Je n'arrive pas à me les sortir de la tête. Parfois, ça me réveille la nuit..." 

La police municipale encore sous le choc

Un troisième collègue de Pascal Filoé est venu témoigner à la barre. Celui-ci était un subordonné à la police municipale. Avant les faits, il a suivi le dossier de la saisie du chien, s'est occupé de la plainte lorsque Alexandre Dainotti a, en avril 2018, cassé la vitre d'entrée de la mairie, et avait alerté son chef des menaces le matin des faits. C'est également lui qui, attiré par les cris, a pris en fuite l'accusé et l'a interpellé, accompagné d'un policier national, dans le commerce où il s'était réfugié. 

Après son long témoignage, Elian Gaudy, l'avocat de la famille, l'a interrogé sur ses relations avec son ancien patron. "Monsieur Filoé, pour moi, en tant qu'exécutant, était quelqu'un avec qui on pouvait discuter, décrit le policier en réponse à une question d'Elian Gaudy, avocat de la famille Filoé. C'était quelqu'un avec qui j'avais une relation de confiance. Il a toujours été à l'écoute."

Et quand le conseil lui a demandé l'impact que ce crime a eu sur lui et ses collègues, il a expliqué que la douleur était toujours bien présente. "Les agents ont été affectés et le sont toujours, a-t-il expliqué devant le jury. On se serre les coudes, on discute, on s'aide... Certains, moi le premier, ont du mal à dormir. La vie n'est plus du tout la même. On essaie de parler, mais ça ne remplace pas ce qui a été pris. Tout le monde est très affecté. Je pense que malheureusement ça nous suivra jusqu'à la fin de nos jours."

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