Assises de Rodez : des menaces au passage à l’acte de Dainotti

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  • Pris à partie par l’accusé, Philippe Piquet a préféré rapidement clôturer les débats hier, lors de la troisième journée des débats.
    Pris à partie par l’accusé, Philippe Piquet a préféré rapidement clôturer les débats hier, lors de la troisième journée des débats. Archives DDM
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Mathieu Roualdés

Lors de la troisième journée du procès ce mercredi 13 janvier à Rodez, plusieurs témoins ont raconté les nombreuses menaces proférées par Alexandre Dainotti envers Pascal Filoé, avant de passer à l’acte le 27 septembre 2018. 

Dans les bureaux de l’hôtel de ville de Rodez, tout le monde connaît Roselyne Bousquet. Elle y travaille depuis de longues années en tant que responsable du secrétariat général. Le 27 septembre 2018, elle est à son poste. À 10 h 30, quand elle entend des cris, elle sort dans la rue et se dirige vers l’entrée de la police municipale, rue Camille Douls. Au sol, son collègue Pascal Filoé gît "dans une mare de sang". Il vient de recevoir neuf coups de couteau. Avec deux autres collègues, Roselyne Bousquet prodigue les premiers soins, compresse l’une de ses plaies et tente de le rassurer. "Je n’ai jamais cru qu’il allait mourir", se souvient-elle, en larmes, à la barre. Pourtant, il est déjà trop tard. "C’est fini, je meurs…", lui souffle Pascal Filoé, dont le décès sera déclaré quelques heures plus tard à l’hôpital de Rodez. Alexandre Dainotti, lui, a déjà été arrêté.

"Pascal a tout fait, on a tout fait mais il n’entendait rien"

Roselyne Bousquet fait alors rapidement le rapprochement. Elle connaît le dossier de l’accusé par cœur, elle y a même travaillé tout l’été 2018. à la mairie d’ailleurs, on connaissait déjà bien Alexandre Dainotti, installé depuis un an au 26 rue de l’Embergue avec son jeune chien "Poutine", de race "merican Staff". Depuis son arrivée des Bouches-du-Rhône "pour fuir les problèmes là-bas", il s’est présenté plusieurs fois pour remplir un dossier nécessaire pour tous les propriétaires d’un chien catégorisé. Pourtant, Alexandre Dainotti le sait très bien, il ne peut obtenir ce permis de détention en raison de son casier chargé. Il le sait "mais j’ai eu un coup de cœur pour ce chien, pas un labrador". Alors en charge de la police municipale, Pascal Filoé a plusieurs échanges avec lui. Ses équipes, elles, commencent également à connaître ce trentenaire. Plusieurs rappels à l’ordre lui sont faits lorsqu’il promène son chien sans laisse, ni muselière, dans les parcs du centre-ville. Une policière municipale se souvient. "Je l’ai vu pour la première fois le 8 avril. Il était arrogant, il provoquait… Son regard était glaçant, il m’a tout de suite fait peur et j’en ai encore peur". Quelques jours plus tard, elle croise de nouveau Alexandre Dainotti, cette fois dans le hall de l’hôtel de ville. Il s’emporte encore, dit ne pas comprendre pourquoi on ne le laisse pas tranquille avec son chien "comme dans le sud" et fracture la porte d’entrée d’un coup de pied. Une plainte est déposée.

Les premières menaces de mort envers Pascal Filoé, elles, ne tardent pas à arriver. En juillet, les deux hommes se croisent une nouvelle fois, toujours dans le hall de la mairie. Le ton monte. "Je vais te planter toi et ta famille et si ce n’est pas moi, le milieu marseillais finira le travail", lui lance-t-il. Cette fois, la police nationale intervient.

"Pascal n’a pas vraiment pris ses menaces au sérieux, il cherchait une solution pour cet homme et son chien comme il le faisait tout le temps", explique un témoin de la scène, employé à la mairie. Ces menaces, les agents de la police municipale les entendront à plusieurs reprises… Un jour, Alexandre Dainotti va même un peu plus loin devant Roselyne Bousquet. Elle a repris son dossier durant l’été. Pascal Filoé est en vacances.

"Il m’avait parlé de ce problème avec cet usager et j’ai fait les mêmes choses que Pascal en essayant de chercher une solution. On a tout fait mais il n’y en avait pas. On lui a même proposé de trouver d’autres personnes sans casier pour devenir propriétaires du chien…", explique-t-elle. Alexandre Dainotti trouvera un voisin, mais lui aussi a un casier. Il s’en ouvre une nouvelle fois à Roselyne Bousquet, lors d’un énième entretien à la mairie. "Il n’écoutait pas, me disait qu’il était à bout, qu’il se vengerait, que Pascal Filoé était à l’origine de tous ses problèmes. Il m’a dit qu’il s’en occuperait et qu’il ferait ça en public, devant la mairie, qu’on entendrait parler de lui, qu’il ne se passait jamais rien ici mais que cette fois, ça passerait dans le journal". Des menaces, encore. Cette fois, elles sont prises "très au sérieux", le maire en est tenu au courant. Le dossier, lui, n’avance pas et à tous les gens qu’il croise, Alexandre Dainotti crache sa colère et sa haine envers le chef de la police municipale. Certains s’en inquiètent "car il était déterminé, froid", d’autres le considèrent "comme un mythomane".

En attendant, un arrêté est pris par la mairie : l’accusé n’a pas le droit de posséder son chien. La police nationale lui enlèvera lors d’un contrôle au petit matin, rue Saint-Cyrice, le 18 septembre. Il est remis à la SPA. Alexandre Dainotti rumine et s’y rendra une semaine plus tard, la veille des faits. Face à Jean-Pierre Blanc, le président de l’association, il ne demandera pas de nouvelles de "Poutine", juste expliquera-t-il de nouveau son projet meurtrier. Le témoin alerte à deux reprises le commissariat après cette discussion. Dainotti, lui, s’en va acheter un couteau de chasse en ville. Il boira ensuite deux bières dans un bistrot, ne trouvera pas le sommeil et préparera un sac de vêtements, laissé dans le hall de son immeuble. Le lendemain matin, il passe à l’acte. "J’étais tellement en colère quand je l’ai appris, je l’avais dit au commandant en personne !", témoigne Jean-Pierre Blanc. Alexandre Dainotti, lui, invite les policiers à récupérer son sac de vêtements "pour ne pas être comme un clochard en prison".

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