Procès Dainotti à Rodez : "Qui êtes-vous Monsieur pour prendre la vie ?"

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  • Me Elsa Cazor, au soutien  de la famille de Pascal Filoé, appelée à la barre.
    Me Elsa Cazor, au soutien de la famille de Pascal Filoé, appelée à la barre. JAT
Publié le
Mathieu Roualdés

La famille de Pascal Filoé a partagé sa douleur à la barre, lors de la quatrième journée, ce jeudi 14 janvier, avant les plaidoiries de la partie civile.

Arrivé à son quatrième jour, le procès d’Alexandre Dainotti commençait sérieusement à ronronner. Depuis lundi, l’accusé n’a pas vraiment été "cuisiné", ni même sondé sur ses contradictions mais pouvait-il en être autrement après ses nombreux débordements ? Depuis lundi également, on écoute plus ou moins religieusement ces témoins, 19 au total, venus raconter la "froideur" de l’accusé, son amour débordant pour son chien, sa "paranoïa" et ses innombrables menaces envers Pascal Filoé bien avant le jour du drame. La cour est également revenue sur l’horrible scène de crime, rue Camille-Douls, sur ce corps mutilé et son onde de choc dans la ville…

Puis, enfin, à 14 heures, les bancs de la partie civile ont pu se lever et raconter leur douleur. Pour raconter leur Pascal Filoé. Celui qui était leur père, leur mari ou bien leur fils. Celui à qui personne "n’a trouvé de défauts", celui "qui était toujours le premier et le dernier à sourire", le "Monsieur Oui" de la mairie de Rodez qu’il a rejoint en 2007 en provenance de sa Nièvre natale. "M. Dainotti, vous ne comprendrez jamais ce qu’est l’amour, ce qu’est l’amitié. Vous avez perdu bien plus que nous, vous êtes faible", lui a lancé la cadette des trois enfants Filoé, Morgane, yeux dans les yeux. Florence, sa mère, a raconté les trente ans de vie commune avec "Pascal, cet homme dont tout le monde tombait amoureux". "Ce geste est incompréhensible, qui êtes-vous M. Dainotti pour prendre la vie ? Notre douleur n’est même pas mesurable, nous avons pris perpétuité", a-t-elle témoigné, espérant "laisser la boule que j’ai au ventre dans ce tribunal". Pour une fois, l’accusé ne s’est pas agité dans son box.

Trois plaidoiries pour la défense

Cela n’a pas duré longtemps. Les plaidoiries de la défense l’ont de nouveau fait sortir de ses gonds. "Respectez-moi un peu", a-t-il marmonné, avant que le président Philippe Piquet ne l’expulse. Me élian Gaudy était alors en train de plaider et de rappeler que l’accusé "n’avait laissé aucune chance à Pascal Filoé. Il s’est jeté tel un pitbull sur sa proie, lui a mis un, deux, trois, quatre […] neuf coups de couteau, les premiers dans le dos, par derrière, par surprise alors qu’il marchait tranquillement dans la rue".

Avant cela, l’ancien bâtonnier a rappelé le parcours brillant de la victime, de son entrée dans la Marine nationale à Brest jusqu’à son poste de directeur adjoint des services à Rodez "où tout le monde peut lui dire merci pour son travail". "Et vous M. Dainotti, vous n’avez fait qu’ajouter de l’horreur à l’horreur", a-t-il conclu, rappelant son absence de remords et une certaine fierté perceptible chez lui d’avoir commis un tel geste. Son confrère Me Maxime Bessière, conseil de la Ville, a d’ailleurs demandé aux jurés "de tous nous protéger face à ce genre d’individu inqualifiable". Me Elsa Cazor, elle, s’est longuement adressée aux jurés, non sans émotion, pour évoquer "un acte fou d’un homme qui ne l’est pas". "L’accusé a maintenu une posture insupportable. J’ai rarement assisté à une semaine pareille, c’est une expérience unique et derrière ma robe, il y a une femme qui n’est pas toujours protégée des larmes. Il a beau dire qu’il fera appel, le dossier reste le même et les faits sont têtus…". L’avocat général, Olivier Naboulet, doit livrer ses réquisitions ce matin. Alexandre Dainotti encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il aura la parole en dernier, après son avocate Me Maïlys Larmet. Le verdict, lui, est attendu dans l’après-midi, voire la soirée.

Déjà condamné pour détention non autorisée d’un chien catégorisé

Les avocats de la partie civile l’ont répété à plusieurs reprises durant leurs plaidoiries : « Alexandre Dainotti connaissait parfaitement la législation sur la détention de chien catégorisé et il savait qu’il n’obtiendrait jamais ce permis avec son casier ». Et comment. Car si les vols ont majoritairement fleuri son passé judiciaire, l’accusé fut également condamné devant le tribunal d’Aix-en-Provence à la fin des années 2000 pour détention non autorisée de chien catégorisée. Il possédait alors un « dogue argentin ».
« C’était à la mode à l’époque, il y en avait partout. Je le promenais sans laisse, ni muselière mais on ne m’embêtait pas avec ça dans le sud. Puis quand les flics m’ont arrêté, ils m’ont dit de le mettre au nom de ma mère. Je l’ai fait et ça s’est terminé comme ça », a-t-il expliqué à la barre.

 

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