La préfète de l'Aveyron prône une nécessaire "montée en charge collective"
D’abord les personnes les plus vulnérables, toute la population ensuite par tranches d’âge : l’Aveyron fourbit ses armes et sait pouvoir compter sur une mobilisation de tous les acteurs de la santé, des élus et des services de l’État. Il s’agit désormais d’aller vite, mais peut-on y parvenir ? Valérie Michel-Moreaux, préfète de l’Aveyron, y répond.
La campagne de vaccination a débuté le 7 janvier en Aveyron, a-t-elle trouvé son rythme de croisière ?
Le centre de vaccination de Rodez a ouvert la semaine dernière, ceux de Millau et de Villefranche-de-Rouergue cette semaine. Et, vous le savez déjà, deux nouveaux centres vont ouvrir à Espalion et Decazeville dès ce lundi 18 janvier, et celui de Saint-Affrique dans le courant de la semaine prochaine. Cela pour rendre accessible à la vaccination tous les plus de 75 ans en Aveyron, hors établissement d’accueil, lesquels auront tous accès à leur parcours de vaccination le 26 janvier. On parle ainsi de 37 000 personnes à vacciner…
On comprend dès lors que l’on est face à une montée en puissance progressive. Et collective grâce à l’appui des centres hospitaliers, mais aussi des médecins de ville, infirmiers libéraux, pharmacies. C’est un grand travail de cohésion, de compréhension partagée qui est effectué, grâce auquel la campagne de vaccination va trouver son rythme. Je peux vous dire que ce vendredi 15 janvier, nous étions à 1 500 personnes vaccinées dans le département, soignants et résidents en Ehpad.
C’est finalement assez peu en regard des 37 000 personnes concernées pour ce lancement de la campagne. Existe-t-il des freins à une accélération du processus ?
Ce qui a pu surprendre au départ c’est le besoin en ressources administratives. Répondre au téléphone pour prendre les rendez-vous par exemple, effectuer les saisies informatiques… Nous avons mis nos ressources face à ces besoins et nous avons fait le choix en Aveyron d’avoir un seul standard téléphonique, à Rodez. Et puis une ligne de vaccination n’est pas une chaîne robotisée. L’espace-temps n’est pas le même pour tout le monde, selon le nombre de questions que les patients prennent le temps de poser… Et ce n’est pas une question d’âge. Ainsi, une ligne de vaccination traitera en général de 6 à 12 patients par heure.
Par ailleurs nous avons avec le vaccin actuel des contraintes logistiques drastiques, quant au transport et à la conservation notamment. Le second vaccin, Moderna, qui est diffusé aujourd’hui dans les régions de l’est, les plus touchées, sera par la suite accessible à tous les départements. Il est d’un usage moins contraignant, on peut espérer gagner en souplesse.
Pourquoi ne pas faire appel au Département et aux collectivités locales, qui vous ont proposé leur soutien logistique, pour accélérer la campagne ?
Les collectivités locales ont toute leur place dans le dispositif. Elles ont l’atout de la proximité. Avec l’arrivée de vaccins plus souples à mettre en œuvre, les conditions ne seront pas les mêmes que durant cette première période.
Dès lors, tout cela va s’ouvrir, s’échelonner.
D’autres centres de vaccination vont pouvoir accueillir un public plus large : ces centres seront plus communément des maisons de santé que des salles communales mais un cahier des charges est en cours d’élaboration pour dire aux collectivités quels sont les points essentiels à respecter pour ouvrir de tels centres.
Nous avons, de plus, engagé une réflexion avec le conseil départemental sur la mise en place d’une équipe mobile pour privilégier le "aller vers", se rendre au plus près des patients. Identifier les besoins, le nombre de doses, est un travail important effectué dans ce cadre par les équipes du conseil départemental.
Quel est le degré d’adhésion des Aveyronnais à la vaccination ?
C’est une incertitude qui demeure, mais je peux vous dire qu’en Aveyron la situation est bien comprise et qu’il y a une vraie dimension d’acceptation. Près de 100 % des résidents dans les premiers Ehpad concernés par la campagne ont donné leur consentement. C’est moindre chez les soignants, mais la moitié des personnes vaccinées à ce jour sont quand même des soignants de plus de 50 ans.
Cette prise de conscience est-elle toujours aussi présente chez les Aveyronnais alors que la situation sanitaire semble s’aggraver ?
Il est vrai que la contamination s’accélère, il faut rester d’autant plus prudent qu’en Aveyron on constate souvent un "effet retard" par rapport au reste du pays. Mais les contrôles réguliers effectués auprès de la population montrent un bon respect des mesures sanitaires, c’est même mieux que dans d’autres départements. Alors, certes, il faut se faire vacciner, mais continuer à respecter les gestes barrières, c’est aussi cela qui nous permettra d’endiguer la diffusion du virus pour éviter ce troisième confinement que tout le monde redoute.
En chiffres
- 37 000 habitants de l’Aveyron ont plus de 75 ans. Parmi eux, 4 000 résident en Ehpad.
- 6 centres de vaccination à partir du 18 janvier. Ils sont dans les hôpitaux. Ceux de Rodez, Millau et Villefranche fonctionnent déjà. Espalion et Decazeville doivent ouvrir le leur lundi. Saint-Affrique les rejoindra avant le 22 janvier.
- 250 vaccins (et autant de prises de rendez-vous) par jour actuellement au centre de vaccination de Rodez qui fonctionne désormais six jours sur sept, sur plusieurs lignes de vaccination.
- 1 500 personnes se sont faites vacciner entre le 8 et le 15 janvier en Aveyron. La moitié sont des soignants de plus de 50 ans.
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