Le blues de certains étudiants face à la crise sanitaire

  • Des étudiants à Millau, l’année dernière, lors de la semaine d’intégration.
    Des étudiants à Millau, l’année dernière, lors de la semaine d’intégration. Archives
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aurélien marchand

Minés par des conditions de vie et d’études rendues compliquées par la crise sanitaire, des étudiants exprimaient leur ras-le-bol, hier, dans les rues de plusieurs villes de France et avant un mouvement de grève national prévu le 26 janvier. Benoît(1), originaire de Millau, poursuit ses études en master dans une grande école de commerce à Toulouse. Sans cours en présentiel depuis le mois de mars et le premier confinement pour sa part, il est retourné vivre chez ses parents dans la cité du gant. D’ici, il suit ses cours et autres travaux de groupe par écran d’ordinateur interposé, parfois jusqu’à huit heures par jour.

Manque de perspectives

"J’ai montré à des gens de ma famille comment ça se passait et ils étaient assez choqués. Ça arrive qu’un professeur parle pendant des heures, sans interactions et au bout d’un moment le cerveau décroche automatiquement. Ce n’est pas devant un ordinateur que l’on peut rester concentré et, à force, ça me donne mal à la tête. Maintenant, ça fait des heures, des jours et des mois que ça dure", témoigne cet ancien élève du lycée Jean-Vigo, âgé aujourd’hui de 22 ans. Des conditions de travail peu optimales et basées sur des cours uniquement dispensés par visioconférence, qui seraient moins productifs qu’en réel, estime l’étudiant. "Les méthodes d’apprentissage utilisées par les professeurs ne sont pas encore toujours au point. Donner un cours, c’est tout un art. À distance, la personne qui parle ne peut pas vraiment savoir si on l’écoute réellement. À terme, ça peut avoir un réel impact sur la qualité des futurs diplômés."

La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que les étudiants de première année à l’université pourraient reprendre les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier. Avant ceux des autres niveaux, "si la situation sanitaire le permet", mais sans donner de dates.

"Chaque fois, ça recule. Au départ, on pensait que ça allait durer un mois, puis deux, puis jusqu’aux examens… Puis, que ça allait reprendre à la rentrée sauf qu’en fait, non. En ce moment, on nous parle d’un retour à la normale pour la rentrée prochaine, peut-être… On se réunit souvent entre élèves pour se demander ce qu’il va advenir et c’est assez perturbant de voir que tout le monde s’en fiche autour ou continue de faire sa vie…"

Une situation que le jeune homme qui souhaiterait plus tard travailler dans l’administration admet avoir du mal à supporter. "Pourquoi mes petits frères prendraient le risque d’aller à l’école en sachant qu’ils sont moins matures pour appliquer les gestes barrières, alors que c’est interdit pour nous ? Autour de moi, je connais des gens qui ont décroché de leurs études. C’est dramatique."

(1) Le prénom a été modifié.

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