Viol de Rodez : l’ancien militaire écope de 15 ans de réclusion

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  • Bernard Salvador, avocat général, avait requis entre 10 et 12 ans de réclusion après avoir qualifié les faits "d’affligeants". Bernard Salvador, avocat général, avait requis entre 10 et 12 ans de réclusion après avoir qualifié les faits "d’affligeants".
    Bernard Salvador, avocat général, avait requis entre 10 et 12 ans de réclusion après avoir qualifié les faits "d’affligeants". Repro CPA
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Mathieu Roualdés

S’il a nié tout au long de la première journée de son procès, "Abdi" Houmed Hanifa a bel et bien été reconnu coupable de violences et de viol sur une jeune femme les 5 et 6 mai 2017 dans un appartement ruthénois.

En foulant pour la première fois les marches du palais de justice de Rodez lundi matin, Me Armelle Palamenghi du barreau de Clermont-Ferrand, assurant la défense de Houmed Hanoufa dit "Abdi", s’interrogeait sur la sévérité des jurés aveyronnais. Trois jours de débats et trois heures de délibérations plus tard, la réponse est tombée : son client, âgé de 34 ans, a été reconnu coupable de violences et de viol sur une jeune femme, les 5 et 6 mai 2017 dans son petit appartement du 5 rue de la Penderie à Rodez, et condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Quelques heures auparavant, l’avocat général, Bernard Salvador avait requis une peine comprise entre 10 et 12 ans… à l’énoncé du verdict, Me Armelle Palamenghi a quitté la salle groggy, sans un mot. "Abdi", une nouvelle fois endimanché sous une veste de costume et une chemise fleurie, n’a, lui, pu contenir ses larmes. Sa version des faits livrée au premier jour de son procès a finalement volé en éclats au fil de témoignages accablants. Et de clichés du corps meurtri de la victime. Il n’en fallait pas plus pour que les jurés soient intimement convaincus de sa culpabilité.

Non, "Abdi", un ancien militaire particulièrement gaillard envoyé sur le front de l’Afghanistan en 2006, n’a pas donné que deux gifles à Elsa (1) comme il l’a prétendu. Dans la matinée du samedi 6 mai, lorsqu’elle se présente aux urgences de l’hôpital de Rodez, le corps médical a d’ailleurs alerté les forces de police constatant la double fracture de la mâchoire et les nombreuses ecchymoses sur le corps de cette jeune femme. "J’ai cru mourir", a-t-elle témoigné mardi à la barre, dans un exercice particulièrement difficile tant ses souvenirs, près de quatre ans après les faits, sont aujourd’hui confus. Sur les deux relations sexuelles de la nuit, Elsa (1) n’a, en revanche, jamais eu de doute : elle n’était pas consentante. "Comment aurais-je pu l’être dans l’état où j’étais ? J’avais refusé ses avances à plusieurs reprises, je n’étais pas attirée par lui et il a profité de ma semi-conscience, j’étais comme un légume, une poupée gonflable…", a-t-elle assuré, ne cachant pas que cette journée en compagnie de son agresseur, un ami de son compagnon de l’époque, fut particulièrement arrosée et enfumée…

"Des actes manqués"

"Il a été cruel, il l’a martyrisée et à qui veut-il faire croire qu’elle était consentante ?", a plaidé son conseil Me Cédric Galandrin, rejoint en ce sens par l’accusation : "C’est un mauvais bonimenteur. Ce viol, il est quasi monstrueux, affligeant. Il a dit qu’il ‘‘la kiffait’’ et ce jour-là, il en a fait sa chose". Les deux hommes ont également regretté les "actes manqués" et le "bal des peureux" de cette soirée. Celui des témoins tout d’abord. Ils sont trois, au moins, à s’être rendus dans l’appartement de leur ami "Abdi" ce jour-là. Tous ont décrit "un carnage", "le visage fracassé" d’Elsa dont les appels à l’aide à toutes ses connaissances sont restés lettre morte… Des trois témoins, un seul préviendra les forces de police. Il est 20 heures. Au "17", il parle d’une "femme en train de se faire défoncer la gueule". Un équipage se rend alors sur place. Torse nu, "Abdi" reçoit les trois fonctionnaires sur le palier de son appartement. Le trentenaire, déjà condamné à de multiples reprises, sait y faire : il se montre agressif, les empêche de pénétrer dans l’appartement, refuse de les suivre à l’extérieur de l’immeuble. "Il fait sa loi et les policiers se soumettent à ses décisions", regrette l’avocat général. Elsa, elle, est à l’intérieur de l’appartement. Les policiers l’aperçoivent furtivement et ne remarquent pas de danger, comme ils l’indiqueront lors de leurs dépositions. Elle subira deux viols quelques heures plus tard. "Elle n’a jamais pu partir de cet appartement, elle n’était pas en état", rappelle son conseil.

En face, la défense a souvent tenté de remettre en cause la sincérité de l’accusatrice, rappelant les nombreux appels téléphoniques passés à l’accusé avant les faits, une certaine ambiguïté envers lui également ainsi que le passé de "gogo danseuse" de la jeune fille… "être gogo ou stripteaseuse ne permet pas d’être violée", s’était offusquée une experte psychologue à la barre. Les jurés en ont convenu. Avant qu’ils ne partent délibérer, "Abdi" s’est simplement dit "désolé pour les coups". Après le verdict, ses conseils ont laissé entendre qu’il pourrait faire appel de sa condamnation.

(1) Prénom d’emprunt

Un deuxième ADN…

Les souvenirs de la victime sur le déroulé chronologique de ce 5 et 6 mai 2017 sont si faibles que de nombreux mystères résident encore dans cette affaire. Le directeur d’enquête en a soulevé un, lors de son audition mardi, en indiquant qu’un deuxième ADN « mâle » avait été retrouvé sur les sous-vêtements d’Elsa… Si l’un appartient bien à l’accusé, les analyses du second n’ont pas encore donné de résultat.
 

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