Culture à Rodez : "On a beau être "non-essentiel", on est vital"

Le monde de la culture ne danse plus, ne chante plus et ne tourne plus, mais ce n’est pas pour autant que Patricia Sicre en a perdu son sourire. Cette ancienne conseillère de l’Adil (Agence nationale pour l’information sur le logement), reconvertie en professeure de danse indienne, déplore le manque de considération du secteur. " L’appellation "non-essentiel" est dédaigneuse pour tout le milieu artistique. C’est très violent. "

Danse à distance

C’est désormais à travers des écrans que l’Aveyronnaise d’adoption partage sa passion. Malgré sa réticence à donner virtuellement ses cours lors du premier confinement, Patricia Sicre a dû s’y résoudre. "Je pense que je ne reprendrai pas en présentiel. Mais ça me remotive pour garder le lien avec mes élèves. Et elles sont en demande aussi. Les cours en visio nous permettent de ne pas perdre les acquis du début d’année", se réjouit-elle. Après les dates du 15 décembre, puis du 7 janvier, la culture n’a même plus d’objectif de reprise. Patricia Sicre se prépare pour une année blanche. "Mais ce sera une bonne surprise si ça reprend", sourit-elle.

Engagement culturel

À quelques jours de Noël, la professeure de danse a lancé, très spontanément, un appel au rassemblement, sur le Piton, pour le 26 décembre. "Je n’avais pas de revendication particulière mais j’étais très étonnée que rien n’ait été organisé, avant ça, en Aveyron. Et j’avais à cœur de faire quelque chose pour nos métiers", confie-t-elle. Malgré l’originalité de la date, une cinquantaine de personnes ont répondu présentes.

Mais le temps commence à faire long. "Ça va que je suis d’un tempérament optimiste, mais là c’est dur. C’est la longueur, le fait de ne pas savoir…", soupire Patricia Sicre. Et c’est surtout "l’injustice de traitement entre les lieux culturels et les grandes surfaces", qui la met en colère. Elle qui ne peut plus faire ce qui l’anime depuis le retour de son année sabbatique en Inde : partager son amour de la danse.

Distribution de passion

Toute l’énergie et l’enthousiasme que met Patricia Sicre dans son rôle de professeure, elle le tient en partie de la passion celle qui l’a initiée au bharata natyam, la danse classique indienne, en 2000, à son arrivée en Aveyron. "Je me souviens d’avoir trouvé ce cours, donné à Saint-Éloi, grâce à une petite affiche à la médiathèque", se remémore-t-elle avec plaisir. À cette époque, elle n’imaginait pas que vingt ans plus tard, elle en ferait son métier.

Depuis ses débuts dans l’enseignement (d’abord en tant que bénévole), Patricia Sicre a diversifié son champ d’expression. En plus du bharata natyam, elle donne aussi des cours de Bollywood et partage la méthode Feldenkrais avec les adhérents de la MJC d’Onet. Arrivée en France dans les années 30, cette méthode de bien-être corporel et mental a trouvé des adeptes autour de Patricia. Et vu toute la patience requise en ce moment, la méthode Feldenkrais pourrait être une solution pour se détendre un peu entre deux annonces de mesures restrictives.