Les préjugés sexistes à l'embauche peuvent coûter cher aux entreprises

  • Selon l'étude, les préjugés sexistes à l'embauche seraient passés de 4%  à 1% (ou peut-être moins) en l'espace de dix ans.
    Selon l'étude, les préjugés sexistes à l'embauche seraient passés de 4% à 1% (ou peut-être moins) en l'espace de dix ans. nito100 / IStock.com
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Relaxnews

(ETX Studio) - Le sexisme, dans le monde du travail, peut démarrer dès le processus d'embauche. Qu'ils soient inconscients ou non, ces préjugés genrés peuvent considérablement nuire à la productivité des employés et à la situation financière des entreprises, y compris lorsqu'ils sont peu fréquents, pointe une nouvelle étude de l'université de l'Oregon (États-Unis).

Cette méta-analyse compile les résultats de trente ans d'années de recherche dans les domaines des ressources humaines aux États-Unis et porte particulièrement sur le recrutement des employés. L'objectif de cette étude parue dans le Journal of Management était de mieux comprendre les effets que les préjugés sexistes à l'embauche peuvent avoir sur les employeurs.

Les préjugés sexistes à l'embauche désignent le fait de privilégier un candidat à un autre en se basant uniquement sur son sexe. En d'autres termes, préférer embaucher un homme plutôt qu'une femme à compétences et qualifications égales. Si les entreprises sont soumises à des lois interdisant toute forme de discrimination à l'embauche, affirmer que ces biais ont totalement disparu relève encore de la pure utopie.

"Les préjugés sont un problème bien ancré en nous. C'est une réponse naturelle des êtres humains qui consiste à donner un sens à notre monde complexe en prenant des raccourcis mentaux. Cependant, ces raccourcis cognitifs peuvent avoir des conséquences importantes lorsque des questions aussi importantes que la recherche d'emploi sont en jeu. Notre but est de mieux les comprendre pour pouvoir trouver des solutions", explique Jay Hardy, professeur adjoint de gestion au College of Business de l'université de l'Oregon et auteur principal de l'étude.

Pertes importantes de productivité au sein des entreprises

Premier constat, plutôt positif : les préjugés sexistes dans le cadre des embauches sont moins fréquents qu'avant. Selon l'étude, ils seraient passés de 4% à 1% (ou peut-être moins) en l'espace de dix ans. Toutefois, des simulations informatiques réalisées par les chercheurs ont montré que les "petits biais" pouvant conduire à des discriminations lors des décisions d'embauche peuvent coûter cher aux entreprises d'un point de vue financier. En plus de risquer des poursuites judiciaires, ces dernières prennent également le risque d'engager un candidat moins qualifié, ce qui aura des conséquences sur les niveaux de productivité des équipes. 

Une entreprise issue du classement des 500 premières entreprises américaines (Fortune 500) qui effectue 8.000 nouveaux recrutements par an, dont 1% influencés par des préjugés sexistes, risquera par exemple de s'exposer à 32 échecs supplémentaires et à des pertes de productivité d'environ 2,8 millions de dollars par an. Si l'effet du biais genré s'élève à 4%, le bilan pourrait passer à 192 échecs d'embauche supplémentaires et une perte de productivité de 17 millions de dollars, estime l'étude.

Les limites de la discrimination positive

L'étude s'est également penchée sur les volontés des employeurs de réduire les écarts de genre par le biais de ce qu'on appelle la "discrimination positive". Autrement dit, privilégier les personnes de sexe féminin dans les recrutements, en vue d'atteindre plus rapidement la parité des employés. "Des méthodes encore imparfaites", soulignent les chercheurs.

"Le recrutement ciblé de candidats hautement qualifiés peut favoriser la parité, mais si vous ne réglez pas le problème sous-jacent des préjugés, ces méthodes ne s'attaquent pas à la discrimination et peuvent conduire à d'autres problèmes, y compris l'insatisfaction des employés", analyse Jay Hardy. 

Si l'étude s'est focalisée spécifiquement sur les discriminations de genre, les chercheurs soulignent également la présence d'autres types de discriminations, notamment ceux des préjugés raciaux, "certainement beaucoup plus nombreux que ceux liés au sexe". 

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