Rodez. Stéphane Mazars : "Je suis prêt à travailler avec beaucoup de gens"

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  • Stéphane Mazars se dit ouvert à des échanges avec diverses forces politiques.
    Stéphane Mazars se dit ouvert à des échanges avec diverses forces politiques. Archives J.-A.T.
Publié le
Guilhem Richaud

En ce début d’année, le député de l’Aveyron Stéphane Mazars fait le point sur les leçons à tirer de la crise sanitaire pour le territoire, mais aussi sur ses ambitions pour les prochaines élections départementales.

Vous avez participé à plusieurs rendez-vous avec des ministres ces derniers jours pour évoquer le territoire. Que cherchez-vous à apporter par ces entretiens ?

C’est très important que nos concitoyens ne se sentent pas oubliés. Quand on peut avoir aussi de la proximité avec des secrétaires d’État ou des ministres, c’est bénéfique car il y a un dialogue direct qui s’instaure. On peut poser des questions et il y a des réponses sans filtre.

Arrivez-vous à faire entendre les problématiques locales et rurales face au poids des métropoles ?

Ce qui a été fait en trois ans par cette législature en direction des territoires ruraux est assez conséquent.

Par exemple, les Maisons France Services ont permis de remettre des services publics de proximité.

Depuis que je suis engagé en politique, j’ai toujours entendu parler de services publics qu’on ferme et d’hypercentralisation sur les chefs-lieux de Département, voire au niveau de la Région… Les dotations, dans ce pays, n’ont également plus baissé depuis trois ans alors qu’elles l’avaient fait en continu sous Sarkozy et sous Hollande.

La crise sanitaire et les mesures qui en ont découlé ont parfois laissé le sentiment que tout était fait selon les problématiques des métropoles. Beaucoup de gens, dans les campagnes, ont eu le sentiment d’être oubliés…

C’est une critique à laquelle je peux souscrire. Il y a certaines mesures qui mériteraient d’avoir une approche territoriale un peu plus fine parce qu’il y a des mesures totalement lisibles dans une métropole qui le sont beaucoup moins lorsque la densité est plus faible, comme sur notre territoire lorsqu’on s’éloigne de l’agglomération de Rodez. Après, la difficulté, quand on doit prendre de telles mesures, c’est de ne pas mettre nos concitoyens dans une situation où ils pourraient être moins bien traités sur le plan de l’accès aux soins en fonction du lieu où ils vivent.

C’est vrai que parfois, les mesures semblent décalées pour un territoire comme le nôtre, mais il ne faut pas oublier non plus que les moyens médicaux et hospitaliers sont aussi bien moins importants que ce qu’on peut avoir dans les métropoles. Mais très certainement, dans les leçons qu’on devra tirer de cette crise, il y aura celle d’avoir un État plus agile avec la capacité de prendre des mesures plus différenciées en fonction de la situation.

Cette crise sanitaire met en avant l’importance de l’accès aux soins. En Aveyron, il y a des manques de médecins sur plusieurs territoires, mais aussi des hôpitaux qui perdent beaucoup d’argent et qui sont donc menacés. Est-ce que la crise peut faire évoluer la politique de santé ?

Je crois que même avant la crise, tout le monde faisait le constat que notre système de santé était largement en difficulté, notamment au niveau de l’hôpital public, avec des professions de moins en moins attractives et des carrières de soignants qui sont très difficiles… On était sur quelque chose de très fragile et la pandémie a mis cela en exergue. Le Ségur de la santé va permettre de conforter les carrières dans le médical et le paramédical. Il fallait une revalorisation salariale qui est d’ailleurs plutôt un rattrapage par rapport à ce qui n’avait pas été fait avant. On a besoin de revaloriser ces carrières à l’hôpital, dans les Ehpad, mais aussi pour ceux qui interviennent à domicile. On sait que dans un département comme le nôtre, le maintien des aînés à domicile est un enjeu très important. Sur la démographie médicale, l’Aveyron est plutôt en pointe, même souvent pris en exemple. Mais aujourd’hui, on arrive, sur certains territoires, à de grandes difficultés et on s’aperçoit qu’il n’y a pas que les territoires ruraux, puisqu’à Rodez même, il y a un déficit de médecins généralistes, mais aussi de spécialistes. On a voté l’année dernière la levée du numerus clausus pour former plus de médecins, mais ça ne portera ses fruits qu’à l’issue de la formation qui démarre aujourd’hui, donc dans huit ans. On est dans une situation qui est très fragile.

Le premier semestre 2021 sera marqué politiquement par les élections départementales. Il y a quelques semaines, Jean-Claude Luche a appelé à une entente entre vous et Arnaud Viala. Qu’est-ce que cela vous évoque ?

J’ai déjà eu l’occasion de le dire, les gens savent où je suis. Je fais partie d’une famille politique qui s’inscrit au centre, avec des partenaires qui sont connus. Je pense que l’Aveyron est une terre modérée, avec des gens mesurés et que les forces du centre sont majoritaires. Ce que je souhaite, c’est que les valeurs qui sont les miennes et les idées politiques que je défends soient représentées dans ce département. Je suis prêt à travailler avec beaucoup de gens, mais pour moi, le sujet de l’incarnation n’est pas prioritaire.

La question qui me semble essentielle, c’est : quelles valeurs peut-on porter dans ce département et que peut-on faire émerger comme idées ?

Vous êtes tous les deux députés avec Arnaud Viala. Vous discutez quand vous vous croisez à Paris ?

Pas forcément de ça, même si Arnaud Viala m’a fait part de ses intentions. Après, il y a une spécificité sur ce territoire : les parlementaires aveyronnais font souvent cause commune lorsqu’il faut défendre le département. Là, il n’y a pas de clivage politique. Les enjeux dans un département comme le nôtre ne sont pas de l’affichage politique et de la reprise des grandes idées de politique nationale. Ici, il faut être pragmatique. Il faut gérer le département, le rendre attractif et continuer à faire en sorte que la population vive en harmonie. Ce sont ça les enjeux des élus locaux quand ils sont aux responsabilités dans un exécutif. Maintenant, il faut que nos concitoyens voient clair dans le jeu politique de chacun. Moi, je sais où je suis. C’est aux autres de se définir. Quand Jean-Claude Luche tient ces propos, on se connaît bien, il sait que je suis quelqu’un d’ouvert, capable de travailler avec beaucoup de gens.

On vous annonce aussi aux régionales, peut-être pour mener la liste aveyronnaise. Il faudra faire un choix. Avez-vous tranché ?

Je n’ai rien tranché du tout. Aujourd’hui, je suis conseiller départemental et je vais aller au terme de mon mandat. Ensuite, on verra. Mon implication est également importante à l’Assemblée nationale. J’aime bien avoir une dualité avec un côté pratico-pratique sur le terrain et ensuite les textes plus nationaux à l’Assemblée qui ont aussi un impact local. Je crois qu’il est important pour un député ou un sénateur d’avoir en plus un mandat local.

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