Campagne de vaccination à l’hôpital : "On est à flux tendu"
Le docteur Sébastien Combes, secrétaire général du Conseil national de l’ordre des médecins du Sud-Aveyron, fait le point sur la campagne de vaccination sur le territoire.
Où en est la campagne de vaccination à l’hôpital de Millau après une semaine ?
L’engouement de la population est là, actuellement tous les créneaux sont pris pour les trois semaines à venir. L’organisation s’est bien mise en place depuis mardi avec deux équipes médicales (deux médecins et deux infirmier.es) qui traitent chacune 12 patients par heure soit 180 vaccinations par jour hier donc on est plutôt sur un rythme de 700 vaccinations par semaine.
À Saint-Affrique on a commencé à vacciner dans les Ehpad et à l’hôpital et le centre de vaccination est prévu d’ouvrir la semaine prochaine. On ne doit être pas loin des 1 000 personnes déjà vaccinées dans le Sud-Aveyron.
Le chiffre de 500 vaccinations par semaine était évoqué au départ. Où en est-on dans les doses de vaccins ?
Tant mieux si on vaccine plus, on a pris des rendez-vous sur une base de 700 et on espère monter en puissance jusqu’à 1000, 1 500 si on peut. Concernant les vaccins, c’est l’ARS à Rodez qui distribue les doses sur les six centres de vaccination de l’Aveyron et on commence à être limité par les vaccins.
Il devient donc difficile en effet d’obtenir des rendez-vous ?
Aujourd’hui il n’y a plus de rendez-vous disponible au-delà du 15 février, ça a été bloqué car Pfizer a réduit légèrement ses livraisons, il faut attendre à nouveau de sécuriser le nombre de vaccins disponibles pour repartir de plus belle.
Le pire qui puisse nous arriver serait de déprogrammer des rendez-vous et il faut que les gens qui ont eu la première dose reçoivent aussi la seconde. C’est pour cela qu’actuellement la plupart des centres d’Occitanie sont bloqués. On est à flux tendu mais les gens qui ont déjà pris rendez-vous seront vaccinés.
Vous parliez de petites hésitations au départ ?
On ne met pas en place un centre de vaccination tous les matins, c’est toute une organisation avec aussi la médecine de ville et des médecins retraités, tout le monde se sent concerné.
À voir ensuite si les vaccinations continueront ici. Les locaux sont exigus et il est clair qu’on réfléchit à un transfert en ville, on y travaille, mais on ne veut pas le faire dans la précipitation. On est en régime de croisière mais si on veut augmenter la cadence, il faut un site en ville.
Où en est justement le projet à la salle des fêtes de Millau ?
Tout est presque prêt, on a reçu l’accord de la préfecture. Les installations devraient commencer à être montées dans les prochaines heures, le directeur de l’hôpital doit se rendre sur place.
Il faut à la fois caler les ressources humaines, les frigos, la surveillance et l’approvisionnement des vaccins en sachant que la pharmacie centrale se trouve à l’hôpital.
Est-ce pertinent de créer des équipes de vaccination mobiles ?
Oui, après le problème c’est le temps que ça prend puisqu’à chaque fois il faut compter quinze minutes de surveillance après l’injection.
Se déplacer à domicile pour une personne ce n’est pas possible. Par contre, c’est intéressant d’aller dans les foyers de vie pour les personnes âgées qui ne peuvent pas forcément se déplacer ou dans les établissements médico-sociaux qui n’ont pas encore été approvisionnés, comme les Ehpad, par exemple.
Y a-t-il un suivi des personnes vaccinées ?
Tout est tracé, il y a une consultation en amont pour savoir si elles sont éligibles et voir s’il n’y a pas d’allergies ou de contre-indications.
Actuellement les critères sont les plus de 75 ans, ceux atteints de comorbidité et le personnel soignant. Ensuite les numéros de chaque lot de vaccination sont notés sur la feuille de surveillance ainsi que d’éventuels effets indésirables.
Avez-vous un message à adresser aux personnes sceptiques de se faire vacciner ?
Il y a beaucoup de pédagogie à faire. Il n’y a aucune raison d’être sceptique sur cette vaccination qui nous permettra de sortir de la crise. Souvent ça part d’informations infondées sur internet, de la méconnaissance des vaccins ou des antivaccins, un phénomène très français.
A-t-on assez de recul sur l’injection d’un corps étranger tel que ce vaccin à ARN messager ?
Dès que vous injectez n’importe quel vaccin, c’est un corps étranger. L’objectif est qu’il ne soit pas néfaste et puisse être reconnu par le système immunitaire pour se protéger. Aujourd’hui il doit y avoir 20 millions de personnes vaccinées dans le monde. S’il y avait eu des graves effets indésirables, on commencerait à le savoir.
Est-ce que le vaccin actuel protège des variants du Covid-19 ?
Pour l’instant, oui. Actuellement la protéine qui permet d’intégrer le virus dans la cellule est la même sauf qu’elle s’infecte beaucoup plus rapidement et au lieu de contaminer deux personnes cela en touche trois fois plus. Les prospectives sont inquiétantes.
On en apprend tous les jours sur la Covid et on ne sait pas encore tout ni les séquelles ou le temps que mettront à récupérer ceux qui sont passés en service de réanimation. Après il ne faut pas confondre vaccination et abandon des règles de distanciation. Il faut plus que jamais appliquer les gestes barrières.
L’ARS dénombre 124 décès liés au Covid-19 dans les hôpitaux aveyronnais depuis mars 2020. Tout cela en vaut-il la peine ?
On a vu que dans les pays qui laissaient faire, le nombre de décès est exponentiel. Il y a ces 124 décès parce qu’on a mis tous ces gestes barrières en place et finalement la crise n’a pas été trop mal gérée.
Mais il n’y a pas que des décès, quand on voit l’encombrement et la saturation des services et aux urgences, il faut savoir que l’hôpital est fortement sous tension.
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