Rodez. Philippe Geluck : "Quand on visite le musée Soulages, on en prend plein la vue"

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    Philippe Geluck : "Quand on visite le musée Soulages, on en prend plein la vue" Centre Presse - Margot Pougenq
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Salima Ouirni

Philippe Geluck permet au Chat de déambuler au musée Soulages depuis le 24 octobre, et ce, jusqu’au 9 mai. retour sur une exposition exceptionnelle, qui reste malheureusement confinée. L’artiste belge raconte son bonheur d’être exposé dans ce musée qu’il considère comme "l’un des plus beaux du monde". Le géniteur du chat raconte aussi sa fascination à la fois pour Pierre Soulages, l’artiste, et ses œuvres, qu’il connaît depuis 60 ans, grâce à son père. Le Chat, qui a daigné participer à l’entretien, se moque franchement des œuvres de Pierre Soulages. C’est d’ailleurs cet humour insolent du félin pataud qui a décidé Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine, à l’inviter.

M. Geluck, vous êtes actuellement exposé au musée Soulages depuis fin octobre, comment vivez-vous ce fait inédit pour vous, vos œuvres ? Très peu de personnes ont pu voir cet accrochage, qui reste confiné, pour cause de pandémie sanitaire ?

D’abord, c’est une immense fierté, d’être exposé, dans ce magnifique musée, aux côtés de cet immense artiste. Évidemment, je me réjouissais tellement d’accrocher cette exposition. La semaine d’accrochage a été un vrai bonheur avec, l’équipe, le conservateur en chef. On avait l’immense privilège d’entrer dans le musée et de pouvoir y circuler librement. Le vernissage est un vrai succès, les réactions sont enthousiastes. Le premier jour, il y a eu une grande affluence au musée. L’exposition a été ouverte quatre jours. Mais ensuite, le musée n’a pas rouvert. Cela fait déjà trois mois d’exposition, un peu pour des prunes. L’exposition est là, mais elle est comme une cité engloutie. On espère que le niveau de l’eau va baisser et que la situation reviendra à la normale.

Connaissiez vous le musée Soulages auparavant et auriez-vous aimé le visiter lors des grandes expositions consacrées à Calder, à Picasso, à Sotto, au Corbusier, à Yves Klein, au mouvement Gutaï, entre autres ?

Oui, je le connaissais. Je l’avais visité il y a quelques années, mais je ne pouvais pas m’imaginer, un jour y figurer. C’est un peu comme si on visite le Louvre ou le musée Guggenheim, on est un humble visiteur, même si on se sent proche de l’artiste et que l’on est un, soi-même. Il y a des rêves inaccessibles. Quand on vous dit même pas en rêve, cela dit ce que ça dit. Quand on visite Soulages, on en prend plein les yeux. C’est l’un des plus beaux du monde tant par sa conception que par sa configuration et son contenu. Il a tout ce que j’aime. Ce bâtiment d’une élégance folle, ces salles sont des outils magnifiques pour mettre en valeur le travail du maître d’une part et les expositions temporaires d’autre part. Tout est là pour sublimer le travail des artistes. Ce que j’aime aussi, c’est la vue que les architectes ont créée sur la ville, un peu comme des meurtières.

La lumière rentre très peu dans le musée, et là où elle rentre, ce n’est pas fait par hasard. Je n’ai malheureusement pas vu ces expos, que vous évoquez, mais connaissant la qualité et le goût des accrochages, je me doute qu’elles devaient être sublimes. Je ne me rends pas souvent dans l’Aveyron, mais là je rêve d’y retourner pour la réouverture des expositions.

Comment avez-vous fait connaissance avec Benoît Decron, le directeur du musée Soulages ?

C’est en effet Benoît Decron qui est venu vers moi. Il avait découvert le dessin, "panne au musée Soulages", avec le Chat qui se retrouve dans le noir et qui dit : "ça reste beau". Il avait éclaté de rire.

Il l’a mis en fond d’écran. Un jour, il est entré en contact avec moi. Ensuite, on s’est retrouvé par hasard, dans la file d’attente au Louvre, lors du vernissage de l’exposition Soulages. J’avais dit à ma femme, peut-être qu’on ira même dîner avec Pierre et Colette Soulages.

Mais je n’imaginais pas qu’il y aurait 3 000 personnes pour cet événement. Pierre et Colette étaient venus le matin pour accueillir le président Macron, mais ils ne sont pas restés le soir. Dans la file, on a discuté avec Benoît (Decron) qui m’a dit qu’il fallait absolument qu’on s’appelle et qu’on mette en place cette exposition. On a commencé à y réfléchir, et ça s’est accéléré l’été dernier.

On connaît votre fascination pour les œuvres de Pierre Soulages. D’où vous vient-elle ?

Cela fait 60 ans que je le connais. Quand j’étais môme, mon père qui était passionné de peinture nous parlait de Soulages. Il nous initiait à la peinture flamande, mais aussi espagnol, à Rembrand, Goya etc. On lui a emboîté le pas. Il nous expliquait l’art. Même si Pierre Soulages dit que ces tableaux n’ont aucune explication, ils sont pourtant une émanation de sa main, de sa tête, de son cœur. Lorsque vous apercevez la force de son propos depuis que vous êtes môme, cela ne vous quitte plus. Et la plus preuve que ça peut intéresser les gamins, c’est que lorsque j’ai organisé une exposition sur l’art et le Chat, au Musée en herbe, Pierre Soulages m’avait prêté un immense tableau, un outre noir. Ce tableau faisait partie d’un hommage que je lui rendais. Les mômes étaient fascinés par la lumière et les coups de pinceaux. C’était merveilleux de voir le regard de ces enfants, qui n’ont pas de problème avec l’abstraction. C’était merveilleux de voir le regard des enfants, face à un tableau de Pierre Soulages.

Le Chat aussi répond aux questions !

Et vous le Chat, comment vivez-vous ce confinement, au musée Soulages, à Rodez, depuis cette période ? Tous ces mois enfermés dans l’obscurité, il y a de quoi broyer du noir non ?

Et non cher ami, car les chats sont nyctalopes. Ils ont la faculté de voir dans le noir. Même dans l’obscurité la plus totale, je me promène dans ce musée comme je veux. Pas besoin d’éclairage. Ma lumière est intérieure. Je passe mon temps à revoir les tableaux de Soulages que je trouve impressionnants, beau et certes un peu moins drôle que ceux de mon père spirituel. C’est vrai que Geluck est souvent plus drôle que Pierre Soulages. Mais cela n’empêche pas le grand respect que j’ai pour ce grand peintre. Il vaut mieux être déconfiné que des cons finis. Je reste donc au chaud au musée, jusqu’à ce que tout ça soit derrière moi.

Le Chat, vous vous moquez gentiment des œuvres de Soulages, mais appréciez-vous, tout de même, les loutres noires ?

Le jeu de mots est excellent. Je vais le souffler à Geluck. Mais, il met un point d’honneur à n’utiliser que ses propres facéties. Moi, le Chat je n’ai rien à dire.

Je la garde pour moi, les loutres noires ! C’est très astucieux !

Franchement, le Chat, vous y comprenez quelque chose à ces tableaux tout noirs ?

Cela me rappelle ma jeunesse. Quand il m’a créé, il ne me dessinait qu’en noir, sur blanc.

Et ce n’est qu’après quelques années, qu’il s’est mis à me colorier. Je pense que si j’étais resté comme Zorro ou Dark Vador du gag, j’aurai trouvé la vie monotone. Mais face à Soulages, je me dis qu’il s’y retrouve, sinon il serait allé vers d’autres parties de l’arc-en-ciel. Quand je dis vers les couleurs de l’arc-en-ciel, je commets même une erreur de syntaxe car le noir ne fait pas partie de l’arc-en-ciel, c’est même la seule couleur qui n’en fait pas partie. Et donc chacun son truc. Pierre Soulages racontait à Geluck, qu’il avait fait une exposition tout en blanc, en Italie.

En rentrant, il avait dit à Colette, c’est quand même mieux en noir ! Donc, il a fait des incursions, il a travaillé magnifiquement des rouges et des bleus, mais on ne peut pas dire que son œuvre est colorée.

Quand on feuillette l’ensemble, c’est néanmoins très sombre.

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