Rodez : Maria Angélica Viso sort du cadre chez Annotiau

Comment pousser un matériau au bout de sa flexibilité, jusqu’à le faire oublier ? Le travail de Maria Angélica Viso consiste à modeler l’aluminium, à le plier, déplier, le fléchir, le tordre jusqu’à le soumettre pour en faire du papier.

L’exposition actuellement, à la galerie Annotiau, place du bourg, fait la part belle à ces créations dans le style minimaliste.

Plus jeune, l’artiste vénézuélienne – aujourd’hui installée en Espagne- avait commencé à travailler le bois. Un matériau certes noble mais qui n’avait pas cette faculté à fléchir sous ses doigts. "Je cherchais à produire une sensation de papier dans l’acier, comme si je tirais sur une feuille qui se déchire", raconte l’artiste, avec beaucoup de simplicité.

Dans ses recherches qu’elle poursuit toujours, en parallèle à son travail, elle est allée jusqu’à faire des nœuds avec l’aluminium. "Je voulais sortir de la géométrie traditionnelle. Je cherchais à casser le cercle, ces figures parfaites pour en faire quelque chose comme un carré dans le cercle", ajoute l’artiste.

Des courbes et des dessins, qui au début "sortaient" de sa tête, elle en est arrivée à s’inspirer de la nature. "Dans l’espace urbain, j’ai pu parfois m’inspirer d’un passage piéton ou d’autres choses", dit-elle.

Comme tous les artistes, elle a aussi ses maîtres à penser.

Kandinsky et Donal Judd

Richard Serra et ses sculptures monumentales, posées à même le sol l’ont touchée. Dans l’esprit de l’art minimaliste, elle se retrouve bien sûr dans le Bauhauss. On dit de ce style (à moins que ce ne soit une école), qu’il ne fait pas la hiérarchie entre les arts dits majeurs et les mineurs. Mais l’art est total. Une définition qui irait parfaitement à Maria Angélica Viso.

Ses œuvres, à la fois géométriques et multidimensionnelles viennent se nicher à la croisée des styles. Ses figures sortent littéralement du cadre pour être à la fois architecturales, sculpturales et design.

Il y a donc les formes, mais aussi les couleurs ou "LA" couleur, puisque les créations de Maria Angélica Viso sont monochromes. C’est là sans doute, l’influence de Kandinsky.

"C’est lui qui m’a donné un coup de fouet. C’est comme s’il m’avait transmis ce que je voulais faire exactement", confie l’artiste.

L’abstraction, comme une révélation donc. Un art pur, celui qui réfléchit à la puissance de la couleur et de la forme. Cette influence conjuguée à celle du plasticien Donald Judd, conduit Maria Angélica Viso vers le minimalisme sculptural.

Le résultat est là, simple, léger et fluide, comme une feuille. On en oublierait ces étapes et ces heures passées dans son atelier, en Espagne à dompter le métal. Maria Angélica Viso découpe, poli le gros œuvre, le plie, le courbe, avant de rentrer dans l’atelier pour le stade de la peinture.

Des techniques qui donnent une protection aux œuvres d’art qui peuvent vivre à l’extérieur.