Aveyron : "Encore plus de réactivité" pour les pompiers en 2020

  • Le colonel Souyris au centre de traitement de l’alerte, à Rodez, cœur névralgique de la gestion des secours.
    Le colonel Souyris au centre de traitement de l’alerte, à Rodez, cœur névralgique de la gestion des secours. C.C.
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Christophe Cathala

A nulle autre pareille, l’année écoulée a rebattu les cartes dans bien des domaines. Mais n’a en rien entamé la volonté d’engagement des sapeurs-pompiers aveyronnais. Leur directeur, le colonel Florian Souyris relate les grandes lignes de cette mobilisation.

Contexte sanitaire oblige, les sapeurs-pompiers de l’Aveyron se voient privés (et avec eux les familles et les institutions départementales qui y sont toujours invitées) de la traditionnelle cérémonie de vœux. Chaque fin janvier en effet le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de l’Aveyron retrace le bilan d’une année d’engagements en tout genre. Et en matière de mobilisation, l’année 2020, si particulière, n’a pas fait exception à la règle.

Que retiendrez-vous de 2020 pour les sapeurs-pompiers aveyronnais ?

C’est une année où il nous a fallu encore plus de réactivité et d’agilité. Avec la crise Covid, nous avons été en appui permanent des services sanitaires avec, notamment, la mise en place des équipes capables de dépistages massifs. Et puis, la charge de travail n’a jamais baissé, bien au contraire. à chaque retour d’intervention, il fallait prendre le temps, 30 minutes souvent, pour désinfecter véhicules et matériels. Et je salue l’ensemble du Sdis, sapeurs-pompiers et administratifs qui ont dû adapter leur travail et leurs techniques d’intervention en permanence. Et je n’oublie pas le service de santé qui a effectué un gros travail pour rassurer les équipes, expliquer et informer. Au final, il n’y a jamais eu de baisse de disponibilité malgré les incertitudes, la forte mobilisation de tous a été au rendez-vous.

Pour autant, avec les confinements et couvre-feux, l’activité n’a pas été la même…

L’activité a baissé, c’est vrai, de l’ordre de 2,75 % par rapport à 2019, mais elle ne reflète pas la réalité du travail. Certes, les interventions pour incendies ont baissé de 10 %. Les accidents de la route ont chuté de 21 % par rapport à 2019, mais ils ont été plus meurtriers. Et nous avons eu une forte activité en juillet et août sur le secours à personne, et pour de très nombreuses sorties relatives aux nids de guêpe, sur la voie publique et dans les établissements recevant du public. Mais aussi des feux de forêts, des dégâts dus aux incidents climatiques. Et nous avons secouru en douze mois 12 440 victimes, dont 85 % relevaient du seul secours à personne. Il est vrai que les Aveyronnais sont restés plus souvent que d’habitude à leur domicile… où ils ont aussi appelé les pompiers pour diverses raisons : ces interventions sont en hausse de 6 %.

Quels ont été vos plus gros "chantiers" ?

Nous avons fait de vrais feux de forêt, pas seulement d’espaces naturels, broussailles et autres. Ce fut le cas à Sévérac-d’Aveyron le 20 juillet avec 171 effectifs mobilisés et, le 31 juillet à quelques heures d’intervalle, à Olemps et Saujac pour un total de 169 pompiers engagés.

Le 26 juin, un épisode orageux dans le Villefranchois avec de gros dégâts a nécessité 72 interventions… Et les événements neigeux du 31 décembre, avec près d’un mètre de neige sur l’Aubrac, nous ont imposé beaucoup de sauvetages d’animaux et de reconnaissances. Côté routier, je retiendrai le terrible accident de Lanuéjouls le 14 mars avec trois personnes décédées et une autre en urgence absolue…

Mais 2020 a aussi été marquée par une forte solidarité interdépartementale avec l’engagement de trois colonnes de renfort pour les feux de l’été dans tout le sud de la France, la mission en Guyane de notre pharmacien-chef pour son expertise, les renforts dans le Gard, l’Aude et les Alpes-Maritimes pour les inondations que l’on connaît. En tout 125 de nos sapeurs-pompiers ont été mobilisés et l’on s’inscrit en cela dans la continuité de ce que nous faisons tous les ans.

La formation permanente est une des priorités du Sdis, n’a-t-elle pas été contrariée par les mesures sanitaires ?

On forme environ 120 sapeurs-pompiers par an. On a subi quelques mois d’arrêt mais on a pu reprendre en juin avec des formations ciblées sur les feux de forêt et l’on a bien fait. Il a fallu reporter, c’est vrai, nombre d’actions de formation. Or la crise continue et rien n’est simple.

Qu’est ce qui vous a le plus impacté en 2020 ?

Le frein imposé par la crise sanitaire à toute forme de convivialité. Aucune Sainte-Barbe dans les centres, et pas de cérémonie de vœux départementale, qui est un moment privilégié pour mettre à l’honneur les pompiers, remercier leurs familles… Tout ça est tombé à l’eau. 2020 a vraiment été une année particulière.

En chiffres

14 651 interventions en 2020 (-2,75 % par rapport à 2019).

11 600 secours à personnes (-1,42 %). Pour mémoire en 2010, les pompiers réalisaient 8 963 secours à personnes.

740 accidents de la circulation (-21 %)

1 077 feux (-10,7 %)

1 234 opérations diverses (+6 %)

85 % des interventions concernent le secours à personnes et les accidents de circulation. Plus de quatre interventions sur cinq sont destinées à porter secours à une victime.

18 minutes et 14 secondes, c’est le délai moyen en Aveyron de l’arrivée des secours.

1 470 sapeurs-pompiers volontaires dans l’Aveyron.

130 pompiers professionnels.

65 JSP, jeunes sapeurs-pompiers de 11 à 18 ans, formés par les centres de secours et le Sdis.

Deux projets structurants lancés en 2021

L’anticipation est un leitmotiv chez les pompiers, la campagne de recrutement des volontaires en est un exemple (lire notre édition du 20 janvier) qui ne saurait être le seul. "Le Sdis est aujourd’hui à la croisée des chemins et il nous appartient de savoir comment maintenir le niveau de sécurité que l’on a tout en maintenant notre maillage du département via le volontariat", explique le colonel Souyris. à cet effet, deux gros projets sur cinq ans sont lancés en 2021.

Le premier relève du domaine opérationnel à travers la révision du Schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (Sdacr). "Ce sera notre schéma directeur sur l’évolution des matériels, des effectifs, des structures, poursuit le colonel Souyris. L’autre projet est organisationnel. On se pose pour réfléchir à améliorer pour les cinq ans qui viennent nos moyens, notre façon de fonctionner. Il est important pour nous de donner du sens à ces projets…"

 

 

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