Mouret : les savons naturels de Kaolico

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Joel Born

Petite fille de réfugié républicain espagnol, Cendrine Molina, une Lotoise installée depuis quelques années à Decazeville, a créé sa savonnerie artisanale dans l’atelier collectif du Grand-Mas, à Mouret. Itinéraire d’un parcours qui n’était pas tracé d’avance.

On l’avait rencontrée lors du marché de Noël de Decazeville. On l’a retrouvée dans sa maison de l’avenue Victor-Hugo, dans le quartier de la Vitarelle, où elle vit depuis trois ans avec ses trois enfants : Ian, 8 ans, Nina, 6 ans, et Giorgio, le petit dernier de 3 ans, et son compagnon Thomas. Elle, c’est Cendrine Molina. " Comme Cendrillon ", s’amuse cette Lotoise, ayant grandi à Figeac ; petite fille d’un Républicain espagnol, qui a travaillé un temps dans les mines du Bassin, comme bien d’autres réfugiés de l’époque. Le couple a fait l’acquisition d’une maison qu’il restaure petit à petit. " Ici, les gens sont sympathiques, l’ambiance est chaleureuse et il y a du potentiel pour créer ", résume cette maman de 36 ans, qui a installé sa savonnerie artisanale, depuis 2019, aux Ateliers du geste, l’atelier collectif du Grand-Mas, sur la commune de Mouret. Kaolico Savonnerie. Une contraction de karité, olive et coco, des composants de base des savons naturels. " Et puis ça ressemble à coquelicot, une fleur que j’aime beaucoup. " Voilà pour la petite histoire.

Chevrière devenue savonnière

Cendrine ne cache pas qu’elle a un peu galéré avant de trouver sa voie. Après des études de lettres et d’anglais, elle a rapidement compris qu’elle n’était pas véritablement faite pour l’enseignement. Changement radical, elle s’est finalement orientée vers la production animale et le métier de chevrière, qu’elle a exercé pendant quelque temps, en Aveyron et dans la Creuse, après l’obtention d’un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole.

" M’occuper des animaux, j’ai toujours aimé ça. J’étais d’ailleurs à deux doigts de reprendre une ferme mais pour plein de raisons, cela ne s’est pas fait. Entre-temps, j’ai aussi eu mes enfants, et puis avec les savons il y a moins de risques qu’avec les chèvres… Dès le départ d’ailleurs, j’avais dans l’idée de fabriquer des savons à base de lait de chèvre… Rarement dans le commerce, je trouvais des produits adaptés à mon type de peau ou à mes cheveux. "

De plus en plus de consommateurs se tournent aujourd’hui vers les produits naturels. Une évolution et une tendance que confirme Cendrine. " Ce sont des produits à la fois plus sains, plus économiques et plus écologiques. " Beaucoup plus écologiques, en effet, quand on sait, par exemple, que près de 500 000 flacons (en plastique) de shampoing sont vendus chaque jour en France, selon les chiffres de Planetoscope, avec les tristes conséquences environnementales que l’on peut imaginer…

Une formation à l’Université des senteurs et saveurs

"Avec beaucoup d’incertitude et de ratés", Cendrine s’est lancée comme une parfaite autodidacte, mais face à diverses contraintes, elle a décidé d’enrichir ses connaissances auprès de l’Université des senteurs et saveurs de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Une décision et une expérience particulièrement profitables pour la savonnière débutante. "Cela m’a permis d’avoir des réponses concrètes à de nombreuses questions, notamment pour la validation des recettes", souligne-t-elle. Chaque recette doit, en effet, être validée auprès d’un toxicologue, la fabrication de savons étant soumise à la législation très encadrée des cosmétiques.

Outre les savons, conditionnés selon trois tailles (30-40 g, 80-90 g et 120 g), Kaolico fabrique également des shampoings solides (beaucoup moins agressifs pour le système capillaire) ainsi que des baumes pour les soins du corps, à base d’huiles et de cire d’abeille.

Pour ses produits que l’on peut se procurer dans différentes boutiques, épiceries et dépôts, notamment dans le Decazevillois et le Marcillacois, Cendrine n’utilise, bien sûr, que des ingrédients naturels et/ou bio. Des huiles végétales, à l’exception de l’huile de palme (olive, amande douce, tournesol, karité, coco, cacao, ricin…), des huiles essentielles (citron, verveine citronnée, patchouli et autres bois de cèdre…) ainsi que des argiles et colorants naturels.

Saponification à froid

Comme la plupart des artisans savonniers, Cendrine Molina met en œuvre la saponification à froid, qui permet de préserver les propriétés des huiles utilisées et de fabriquer des savons plus doux pour la peau.

Une fois moulés, puis découpés, et avant d’être étiquetés (un travail fastidieux), les savons doivent sécher trois à quatre semaines minimum. De la bonne cure du savon, dépend, en effet, une bonne partie de la qualité du produit fini.

Entre autres projets, l’autoentrepreneuse savonnière envisage d’étendre sa gamme, plusieurs de ses nouvelles recettes étant en cours de validation.

Pour des questions tout simplement pratiques, elle aimerait aussi et bien sûr aménager un nouvel atelier de fabrication à Decazeville. Et Cendrine ne désespère pas qu’un atelier collectif puisse voir le jour dans l’ancienne cité minière. Elle en serait tout bonnement ravie…

Cendrine Molina, Kaolico Savonnerie. 06 44 06 80 85. www.kaolicosavonnerie.com.

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