Musique: Patreon, plateforme de mécénat et chant des possibles

  • Patreon prend des allures de refuge avec une crise sanitaire qui prive de nombreux musiciens de leur principale source de revenus: les concerts.
    Patreon prend des allures de refuge avec une crise sanitaire qui prive de nombreux musiciens de leur principale source de revenus: les concerts. Courtesy of Patreon
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Relaxnews

(AFP) - Alors qu'aucune perspective ne se dessine pour tournées et festivals, la plateforme de mécénat Patreon est une option pour chanteurs et musiciens professionnels, à condition de savoir accorder ce nouvel instrument.

Ce support digital crée aux Etats-Unis en 2013 est ouvert à tous les créateurs, de l'influenceur-mode à la philosophe. Mais le fondateur "Jack Conte est musicien, et l'ADN au départ c'est la musique", comme le rappelle à l'AFP Thomas Koch, directeur marketing France de Patreon.

Et cette semaine, la plateforme a mis dans sa vitrine Joe Budden. Outre sa quasi-homonymie avec le président américain, ce rappeur US coche toutes les cases du buzz: succès dans les années 2000 avec "Pump it up", passé de toxicomane, émissions de télé-réalité, grosse présence sur les réseaux sociaux, sans oublier son côté grande gueule.

"Tous nos créateurs ne sont pas ronds et lisses, certains ont de petites aspérités", s'amuse Thomas Koch, ravi du "renom" au rayon podcast du nouvel arrivant. En football, on parlerait d'un transfert: Budden a cessé son activité podcast sur Spotify pour enfiler le maillot de Patreon, avec à la clé un rôle de conseil pour une "création équitable".

Et le rappeur, comme tous les autres musiciens inscrits sur la plateforme, propose à ses fans et aux autres différents niveaux de souscription (de 5 à 24 dollars par mois) pour contenus et avantages exclusifs. Ce mécénat est au coeur de la machine.

- "Communauté plus proche" -

"Avec Patreon, on s'éloigne du modèle des investisseurs avec objectif de résultat, clip ou album. Sur Patreon, les gens adhèrent à la vision de l'artiste, lui donnent du temps, de la liberté, monétisent une relation émotionnelle et non un produit livrable", analyse pour l'AFP Emily Gonneau, auteure de "L'Artiste, le Numérique et la Musique".

Et la plateforme prend des allures de refuge avec une crise sanitaire qui prive de nombreux musiciens de leur principale source de revenus: les concerts. Il y a "clairement un effet Covid", confirme Thomas Koch.

Patreon ne détaille pas les 30.000 nouvelles inscriptions mondiales depuis le début de la pandémie. Mais, pour la musique, il y a eu une "augmentation d'artistes venant de l'électro", secteur touché de plein fouet par la fermeture des clubs, précise pour l'AFP Noura Labbani, chargée des relations avec les créateurs pour France et Belgique chez Patreon.

Mais on trouve aussi bien la violoniste française Esther Abrami que Rodrigo y Gabriela, les deux guitaristes mexicains inventeurs du metal-flamenco.

"Nous voulions toucher une communauté plus proche, puisque nos fans espéraient notre musique jour après jour pendant les premiers mois de la pandémie", expose par mail à l'AFP ce binôme depuis le Mexique, pays où il n'y pas d'aide aux artistes, contrairement à la France.

- "Eviter des écueils" -

"Rod y Gab", disent leurs suiveurs friands d'inédits, de maquettes, de questions-réponses ou encore de "masterclass" de guitare. Leurs formules vont de 3 dollars à 2.823 dollars par mois (avec ici prestation en ligne privée, entre autres).

"Comme n'importe quel outil, il faut le mettre au service de sa vision et éviter des écueils, prévient Emily Gonneau. Il ne faut pas que ça devienne +l'outil me recommande que...+, ou +il faut affiner mon style en fonction de ce qu'on attend...+".

"L'autre piège est de penser que cette solution convient à tout le monde et qu'elle peut remplacer tout un écosystème en difficulté. Or il faut conserver d'autres options, comme la musique à l'image (B.O. de films ou séries, jingles publicitaires, bande son de jeux vidéo, etc), composer pour d'autres, développer le merchandising, etc".

Si la pandémie disparaît et que les tournées mondiales reprennent, "Rod y Gab" ne quitteront pas Patreon: "Nous adapterons nos contenus pour continuer à partager beaucoup de choses".

"Si la pandémie disparaît, tu ajustes ton offre quand tu es de nouveau sur la route, pour garder une dynamique intéressante pour les mécènes: moins de livestream et en contrepartie des contenus exclusifs en +backstage+ (coulisses) aux vrais concerts", acquiesce Noura Labbani.

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