Millau : la relation toxique se termine à coups de couteau et devant le tribunal

  • Nouvelle affaire de violences conjugales devant le tribunal de Rodez.
    Nouvelle affaire de violences conjugales devant le tribunal de Rodez. Illustration - José Antonio Torres
Publié le
Mathieu Roualdés

Une dispute conjugale à coups de couteau s'est retrouvée devant le tribunal de Rodez, ce vendredi.

Les histoires d'amour finissent mal en général. Les relations toxiques, elles, finissent devant un tribunal, en général. Voire devant une cour d'assises. Ce couple de Martiniquais, installé dans le Sud-Aveyron depuis plusieurs années, n'est pas passé loin de cette dernière option après une énième querelle le 14 janvier dernier à Millau conclue, cette fois, par plusieurs coups de couteau de Madame sur Monsieur. "On n'est pas passé loin d'un bain de sang", relève la présidente Mandana Samii avant de réaliser un récapitulatif des faits particulièrement détaillé tant cette affaire n'est pas aussi simple qu'elle n'y paraît. Et tant ce 14 janvier n'a finalement été que l'épilogue d'années mouvementées entre ces deux parents de six enfants. De leur union consommée en 2008 dans les Antilles sont nés six enfants. Et des violences conjugales aussi.

Il y a six ans, le couple décide de s'offrir une deuxième chance et rejoignant la métropole. Le petit village de Brusque cherche des enfants pour repeupler son école, cela tombe bien : Madame s'y installe. En attendant que Monsieur la rejoigne, elle noue une autre relation de laquelle naîtra un autre enfant. Le divorce est alors demandé avant que le couple ne finisse par se remettre ensemble et déménage du côté de Millau. Il reconnaît même le dernier enfant de son épouse mais les tensions reprennent rapidement, les violences aussi. En mars 2020, le mari est condamné une deuxième fois - la première remonte à 2015 devant le tribunal de Fort-de-France -, pour des violences conjugales. Il est incarcéré mais quand il ressort, il tente de renouer le contact avec son épouse. Elle ne le supporte pas et plusieurs mains courantes sont déposées : pour harcèlement d'un côté et pour non-respect de la garde alternée de l'autre.

Jusqu'à ce 14 janvier où au petit matin, le mari décide de se rendre au logement de son épouse "pour voir les enfants", assure-t-il devant le tribunal. Il a bu toute la nuit, son alcoolémie révélera 1,36 gramme par litre de sang un peu plus tard. En l'apercevant dans sa cage d'escalier, son épouse appelle le 17. Les policiers se rendent sur place et "vont un peu vite en repartant", fait remarquer le procureur de la République. Le mari suit alors son épouse dans la rue, des insultes fusent, selon elle, jusqu'à la contraindre de demander du secours devant la porte d'un collège... "Il va me tuer, il ne fait que me suivre", lance-t-elle à l'interphone. Sans réponse, le duo se recroise un peu plus tard, cette fois devant le domicile de Madame. Le ton monte, elle sort un couteau et lui assène plusieurs coups, sur le haut du torse et des cuisses. "Il m'a donné des gifles, je devais me défendre", a-t-elle expliqué lors de ses auditions. Actuellement en rééducation, elle n'a pu assister à son procès ce vendredi. Dans le box des accusés, le bras en écharpe et avec la tenue du jour des faits "pour montrer les trous des coups de couteau et les traces de sang",  il assure qu'il ne l'a "jamais touché, ô grand jamais !".

"J'imagine déjà les gros titres qu'on aurait pu lire"

"J'imagine déjà les gros titres qu'on aurait pu lire : victime de violences conjugales depuis plusieurs années, elle tue son mari à coups de couteau !", souligne, quant à lui, le représentant du ministère public. "Certes, il est violent. Mais dans cette histoire, c'est la victime et on fait du droit ici. Il a été poignardé tout de même !", se défend le conseil du prévenu, Me Myriam Plainecassagne-Tournier, avant que le tribunal ne décide finalement de condamner les deux protagonistes : elle a un an de sursis, lui a huit mois de prison ferme et la révocation de l'un de ses sursis de trois mois. Leurs sept enfants sont actuellement placés. "Ce sont les principales victimes de cette affaire", souffle leur père, avant de rejoindre la maison d'arrêt de Druelle.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?