Marcillac-Vallon. Au Grand Mas, quand elle file sa laine, Laurence ne voit pas vraiment le temps filer

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  • Laurence Vidal-Mériot dans sa maison atelier du Grand-Mas.Photos J.B.
    Laurence Vidal-Mériot dans sa maison atelier du Grand-Mas.Photos J.B.
  • Quand elle file sa laine, Laurence ne voit pas vraiment le temps filer
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Publié le
Joel Born

Dans sa maison atelier du Grand-Mas, sur les hauteurs du vallon de Marcillac, Laurence Vidal-Mériot file ses laines au rouet et leur donne de magnifiques couleurs naturelles en les teintant avec des matières végétales. Rencontre avec une fileuse teinturière passionnée, un métier et des techniques passionnants.

Depuis quelques années déjà, la vie professionnelle de Laurence Vidal-Mériot ne tient qu’à un fil. Un fil de laine bien sûr. Cette pure laine vierge que cette ancienne horticultrice file délicatement au rouet après lui avoir donné les magnifiques couleurs naturelles de ses teintures végétales. Et lorsqu’elle file sa laine dans sa maison atelier du Grand-Mas, sur les hauteurs de Marcillac, à quelques battements d’ailes de la chapelle de Saint-Jean-le-Froid, Laurence ne voit pas vraiment le temps filer.

Un long cheminement

Voilà plus de 25 ans que Laurence a posé ses valises, son enthousiasme et ses savoir-faire dans le village du Grand-Mas. Un lieu semble-t-il propice à la création, tant il est vrai que l’on y croise de nombreux artisans et artistes.

C’est en parcourant, comme bien d’autres, les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, que cette Parisienne d’origine, aux racines sud-aveyronnaises par son papa, a eu le coup de cœur pour ce bout d’Aveyron, perché entre ciel et terre, sur les hauteurs du vallon.

"J’adore apprendre", nous confie Laurence. Et on la comprend d’autant mieux quand on découvre le long cheminement qui l’a conduite jusqu’à cette nouvelle passion pour le filage et les teintures végétales. Après une formation d’horticultrice, elle a exercé en région parisienne plein de "petits boulots", en rapport avec les fleurs, avant de se consacrer à la cueillette de fleurs sauvages en Haute-Loire.

Devenue Aveyronnaise (depuis 1996), elle a exercé le dur métier de couvreur pendant un an, puis celui de menuisier, après avoir obtenu son CAP de menuiserie d’ameublement. Rattrapée par quelques soucis d’arthrose à un genou, elle s’est finalement reconvertie, une nouvelle fois, dans l’informatique et le métier de web designer. "Mais j’ai trouvé ça un peu aride, car je suis plutôt manuelle", raconte-t-elle en souriant, pendant que son fidèle matou vient réclamer son lot de caresses. "En tricotant, je me suis rendu compte que la plupart des laines que je trouvais étaient synthétiques et ne me convenaient pas. Alors, je me suis dit, pourquoi ne pas fabriquer mes propres laines naturelles. Depuis, je carde, je teins, je file et ça me permet de travailler chez moi…"

Fibres animales et végétales

Laurence Vidal-Mériot transforme différentes matières naturelles. Des fibres animales provenant des toisons de différentes races de moutons, mais aussi d’alpagas, de lamas, de chèvres, de yacks, mais aussi des soies…

Et des fibres végétales, comme le coton, le lin, le tencel (à partir de pulpe de bois), la fibre de rose, la soie de bananier, le bambou… Pour les teintures végétales, elle utilise toutes sortes de plantes, qu’elle ramasse dans la nature ou qu’elle cultive dans son jardin, comme le genêt, la bruyère, les ronces avec un ajout de fer, les fleurs de dahlias, la camomille de teinturier, le coréopsis, la gaude et autres œillets d’Inde, sans oublier, évidemment, l’indispensable indigo ou la cochenille. Nappes cardées et écheveaux de laine offrent ainsi de merveilleuses couleurs naturelles et singulières. "Chaque laine a sa particularité. Il n’y a rien de reproductible, précise encore Laurence. Et d’une fileuse à l’autre, c’est pareil, rien n’est identique, non plus."

De la fibre brute au fil de laine

Le travail artisanal de la laine nécessite de nombreuses et méticuleuses opérations. "La teinture prend beaucoup de temps, explique Laurence. Des fibres brutes au fil de laine, il faut bien compter deux à trois jours de travail."

Une fois triées les toisons subissent une macération à base d’eau de pluie, ce que l’on appelle le lavage par fermentation. Après avoir passé la laine à la cardeuse à rouleau (cette ingénieuse machine permet de nettoyer, de démêler et d’aérer les fibres textiles), il faut ensuite la mordancer (avec des sels métalliques) afin de rendre les teintes plus profondes et plus durables. Après la teinture végétale, un nouveau cardage précède le filage au rouet.

Outre ses écheveaux et nappes cardées de pure laine vierge, Laurence réalise également (durant les longues soirées hivernales au coin du feu) diverses créations tricotées et tissées, ainsi que des accessoires de tricot originaux, marqueurs de mailles et compteurs de rangs du plus bel effet.

N’hésitez donc pas à lui rendre visite et à pousser la porte de sa maison atelier boutique de la rue de la Glandière (un drôle de nom tout de même !). Après lui avoir préalablement donné un petit coup de… fil.

Laurence Vidal-Mériot, 5 rue de la Glandière, Le Grand Mas, 12330 Mouret. Tél.05 65 71 78 41. On retrouve toutes les laines, nappes cardées et créations de Laurence sur son site internet www.madeingrandmas.fr.

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