La Salvetat-Peyralès, Angel et Kimberly tirent les ficelles

Abonnés
  • Angel et Kimberly tirent les ficelles
    Angel et Kimberly tirent les ficelles
  • Angel et Kimberly tirent les ficelles
    Angel et Kimberly tirent les ficelles
  • Angel et Kimberly tirent les ficelles Angel et Kimberly tirent les ficelles
    Angel et Kimberly tirent les ficelles
Publié le
hélène lecarme

C’est tout frais : Angel Navarro et Kimberly Dutour, tous deux artistes et marionnettistes, viennent de s’installer en Aveyron et ont choisi de vivre à La Salvetat-Peyralès.

Un homme apparaît, monte l’escalier de son appartement et s’assied sur une chaise. Il écrit, puis se prend la tête entre les mains : il semble triste et solitaire. Bientôt, on comprend que la mort plane autour de lui, que les souvenirs affluent – d’une femme perdue, d’une douceur lointaine – qui le hantent et l’ont fait basculer dans les excès de toutes sortes…

Les hallucinations dues à l’ivresse progressive du personnage lui font imaginer être enterré vivant. Son esprit torturé imagine des supplices qui symbolisent le mal-être dans lequel il baigne, la folie liée au deuil qui le gagne, le désir de mort qui l’habite.

Mort d’Edgard Alan Poe

Cette dérive lente, qui aboutit à une danse macabre, c’est celle de l’homme atteint dans sa chair, qui crée un univers imaginaire, fantastique, peuplé de créatures fantomatiques, squelettiques : le spectacle tend à rendre l’atmosphère dans laquelle l’écrivain a pu composer des nouvelles telles que Le Puits et le pendule.

Ce personnage, représenté par des marionnettes successives qui évoluent au fil de l’état de celui qu’elles représentent, c’est un Edgar Alan Poe anéanti par la perte de sa femme, dans les dernières années de sa vie.

"1849, Edgar Poe muere entre delirios en Baltimore, pero no sentaïs pena : son los muertos los que se compadecen de los vivos". Ou en français : 1849, Edgar Alan Poe meurt à Baltimore dans le délire, mais ne soyez pas tristes : ce sont les morts qui ont de la peine pour les vivants.

Edgar, c’est un spectacle de théâtre de marionnettes et de théâtre d’ombres pour adultes, animé par Angel Navarro et Franc-Olivier Defaux, monté par une compagnie accueillie au centre culturel de Rieupeyroux en décembre, compagnie qui arrive d’Espagne.

"J’ai étudié le théâtre à Barcelone, dans une petite école de théâtre (Studio-Ecole de Théâtre Victor-Hernandez) qui a maintenant disparu et j’ai découvert le monde de la marionnette dans l’atelier de Pepe Otal, dans le quartier du Raval." Les motivations d’Angel sont enracinées dans l’attrait de l’inexplicable, du monde poétique et du monde onirique des rêves.

"Je suis fasciné par le mystère, le grotesque et tout ce qui sort du canon et la normalité confortable et nous cause la terreur. La peur de l’inconnu est l’émotion la plus forte et la plus ancienne et celle qui nous a fait survivre depuis l’origine des êtres humains. Notre évolution en tant qu’espèce est marquée par la menace qui se cache dans l’obscurité."

C’est ainsi que, fidèle à ses obsessions, Angel a commencé à travailler sur le nouveau spectacle de la compagnie, une histoire inspirée de la vie de l’un des maîtres de l’horreur, Edgar Allan Poe, "l’un de mes écrivains préférés depuis l’enfance", bientôt rejoint sur ce projet par Franc-Olivier Defaux, musicien et compositeur.

Créateur de marionnettes et d’automates

Angel crée lui-même ses marionnettes, au fur et à mesure de ses besoins : " La marionnette à fils est la technique que j’aime le plus, elle est ma marque de fabrique. Il y a une magie inhérente à la marionnette suspendue, qui semble être dans son propre monde, en dehors de celui du manipulateur et du spectateur. C’est une technique exigeante, qui demande beaucoup d’amour pour le travail en atelier et de patience pour apprendre sa manipulation."

Kimberly Dutour, la compagne d’Angel, qui partage sa passion des marionnettes et a elle aussi créé sa propre compagnie, explique : "Le contexte est difficile et nous avons perdu toutes nos dates depuis le printemps 2020 ; du coup, nous nous concentrons sur la création. Je commence la création d’un nouveau spectacle, "Reste Assise", avec la compagnie MaeBee, que j’ai créée avec Guisane Humeau. Ce sera un spectacle pour jeune public, mêlant créations sonores et marionnettes sur table."

Le choix de l’Aveyron

La compagnie cherche actuellement des lieux de résidences pour 2021 et début 2022 car elle a prévu de commencer à jouer le nouveau spectacle à la rentrée 2022. "Angel et moi sommes arrivés à la Salvetat-Peyralès en octobre 2020 pour démarrer une nouvelle aventure artistique et se créer un réseau en France. Nous avons choisi l’Aveyron car nous apprécions le calme de la nature, tout en restant relativement proches de Toulouse et de ses alentours, riches en propositions marionnettiques. Petit à petit, nous découvrons les possibilités qui s’offrent à nous dans le Ségala. Nous nous sentons bien entourés : la mairie de La Salvetat nous soutient, le centre culturel de Rieupeyroux nous a accueillis en résidence. Nous avons envie d’être actifs sur le territoire, d’organiser des ateliers de manipulation, voire de construction de marionnettes, dans des écoles et les centres culturels, sous forme de stages. Peut-être organiser plus tard un mini-festival dans le secteur ? Pourquoi pas ?"

Pour joindre les deux compagnies : teatrosacodehuesos@gmail.com Instagram : teatro.saco.de.huesos el.bicho.dorado@gmail.com Instagram : el.bicho.dorado

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?