Rodez. Vanessa Bamberger en immersion chez les lycéens pour "L’enfant parfaite"

Alors que ses trois premiers manuscrits sont restés lettres mortes, Vanessa Bamberger vient d’enchaîner trois romans, un tous les deux ans, aux éditions Liana Levi. Après "Principe de suspension" en 2017 et "Alto Braco" en 2019, "L’enfant parfaite" est sorti le 14 janvier.

Mais, avant de se livrer davantage sur ce troisième ouvrage, la journaliste, née en 1972, passée par Sciences Po Paris, avant de vivre plusieurs années à Londres puis à New York, prend le temps de savourer le (double) succès du deuxième, tant auprès des professionnels que des lecteurs.

"Alto Braco", l’histoire de Brune qui va enterrer Douce, sa grand-mère, à Lacalm, avec le plateau de l’Aubrac pour décor et toile de fond, s’est vendu à plus de 20 000 exemplaires, près de 30 000 en prenant en compte

la collection Piccolo (format de poche). Récompensé par cinq prix littéraires, dont le Prix Arverne, orchestré par la Ligue auvergnate et du Massif Central (présidée par l’Aveyronnaise Isabelle Cazals), il a changé la vie de son auteur.

"C’est incroyable ! Comme un cadeau que j’ai reçu de la part de mon ascendance, en l’occurrence mes deux "grands-mères", qui sont les deux femmes à l’honneur dans ce livre, confirme-t-elle volontiers, à la fois heureuse et très émue. Ce n’est certes pas un best-seller mais on peut parler de tournant. Un très beau souvenir aussi. Depuis, j’ai davantage confiance en toi".

Elle est intarissable sur le sujet : "Je garde également le bonheur de la rencontre avec un endroit. L’Aubrac est quelque chose qui reste. Et puis, j’ai vécu un phénomène assez étonnant. Alors que j’ai créé cette histoire, c’est comme si c’était elles qui me l’avaient offerte. J’ai l’impression qu’elles me l’ont dictée !". Avec une belle reconnaissance à la clé. Avec "Alto Braco", la journaliste a transformé l’essai. Avec talent.

Sa fille Juliette, très impliquée !

Dans "L’enfant parfaite", Roxane l’héroïne a intégré depuis toujours les exigences de ses parents. L’excellence et la performance lui sont des impératifs naturels. Pourtant, depuis la rentrée en classe de première, rien ne va plus : ni les notes, ni l’amitié, ni les amours, ni l’apparence physique. Le syndrome de l’enfant parfait ? Vanessa Bamberger parle ainsi "d’une génération sous pression".

"J’avais été terrifiée par les discours des enseignants au lycée, au cours des rencontres parents-profs", se souvient-elle. Ce troisième livre a pris forme pendant la promo de "Alto Braco". Pour coller au plus près de Roxane, son héroïne de 17 ans, la romancière nord-aveyronnaise s’est énormément documenté, passant beaucoup de temps avec des jeunes.

Dont Juliette, sa fille aînée âgée aujourd’hui de 20 ans, et sa bande de potes. Sans négliger le regard de la petite sœur Rosalie, 15 ans. "L’horizon est bien bouché pour eux. Ils vivent des années difficiles, fragiles, explique-t-elle. Je ne sais pas si c’est un tunnel ou un pont qu’ils ont à traverser, mais j’avais envie d’écouter ces lycéens". Pour une livraison littéraire "encore plus forte que la réalité".

Et maintenant ? "Oui, il y a bien quelque chose qui prend forme dans ma tête", se contente de lâcher Vanessa Bamberger. Elle n’en dira pas plus sur ce quatrième roman en gestation, si ce n’est que, pour respecter le principe de l’alternance, elle s’oriente vers "un ouvrage plus léger dans le contenu". "Le premier et le troisième sont étouffants, le deuxième plutôt une respiration", conclut-elle.