Laguiole : Michel et Sébastien Bras racontent leur "Top Chef"

  • Michel et Sébastien Bras  jouent les jurés ce soir  dans l’émission "Top Chef".
    Michel et Sébastien Bras jouent les jurés ce soir dans l’émission "Top Chef". ©Marie ETCHEGOYEN/M6
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Mathieu Roualdés

Le plus célèbre concours culinaire de la télévision prendra pour la première fois la direction de l’Aubrac ce soir (21h05) avec deux jurés de choix : Michel et Sébastien Bras. Invités pour la première fois dans l’émission, les deux chefs de légende mettront au défi les candidats en leur demandant de créer une version moderne et innovante du coulant au chocolat, dessert culte inventé il y a plus de 40 ans par Michel.

Pourquoi avoir enfin accepté de participer à l’émission "Top Chef" ? On refusait depuis de nombreuses années car pour ne rien cacher, il y a 10 ans nous avions participé à la finale anglaise d’une émission du même genre et on en garde un très mauvais souvenir. Tout était dessiné d’avance, on nous soufflait ce qu’on devait dire sur chaque candidat, c’était très artificiel et ça n’avait finalement aucun intérêt… Bref, on s’était juré de ne jamais refaire cela ! Puis, ça fait des années aussi qu’on nous parle de "Top Chef", qu’on voit les gens accrocs à cette émission et on s’est enfin décidé à regarder quelques épisodes. Les images sont très jolies et on s’est dit que c’était une belle occasion de faire la promotion de notre territoire…

La condition était donc que l’épreuve soit tournée au Suquet, le restaurant familial ?

Oui, c’était génial d’ailleurs ! Nous avons été agréablement surpris par la logistique et le professionnalisme de la production. Et franchement, les candidats nous ont impressionnés car ils travaillent dans des conditions très difficiles avec des caméras braquées sur eux continuellement, un journaliste qui leur pose des questions sans arrêt et un plan de travail minuscule… Nous étions épatés du résultat même s’ils ont cassé un verre ou deux (rires).

Cela vous a-t-il réconcilié avec les émissions du même genre ?

Totalement. On aurait dû s’y intéresser avant même car "Top Chef" n’a rien à voir avec sa version anglaise !

En invitant chaque saison plusieurs grands noms de la cuisine française, "Top Chef" participe à la nouvelle médiatisation des chefs qu’on compare aujourd’hui avec les rockeurs d’antan. La famille Bras, elle, s’est toujours fait rare dans les médias. Comment vous situez-vous dans cette nouvelle époque ?

Cette aura médiatique est intéressante car on valorise notre profession et on en aura vraiment besoin dans le futur. Le côté positif, c’est que cela suscite des vocations chez les plus jeunes. Il n’y a jamais eu autant de candidatures dans les écoles hôtelières. La contrepartie en revanche, c’est qu’aujourd’hui, tout le monde est chef, même à 23 ans ! Alors que lorsqu’il faut éplucher les carottes et les pommes de terre en se levant très tôt le matin, c’est plus difficile… Et s’il y a beaucoup de vocations, il y a aussi beaucoup de "pertes" malheureusement au fil des années.

Malgré tout, le métier sort grandi de cette médiatisation et l’engouement pour la cuisine est une bonne chose car les moments passés à table sont structurants dans une vie.

Concernant le Suquet, vous avez annoncé une réouverture le 4 avril. N’êtes-vous pas néanmoins pessimiste au vu de la situation sanitaire actuelle ?

Les réservations ont très bien débuté à notre grande surprise. On attend toujours la date officielle de réouverture mais on souhaite rester positif, sinon on déprime et on arrête de se lever le matin ! Je crois surtout que la situation est très difficile mais pas seulement pour les restaurateurs. Le gouvernement fait au mieux pour nous soutenir et ce n’est pas le cas dans tous les domaines. On doit en avoir conscience, on n’est pas parmi les plus malheureux…

La période actuelle et les confinements successifs peuvent-ils être une source d’inspiration pour des artistes de la cuisine ?

Cela fait déjà plusieurs années que la création est de retour dans la cuisine en général et c’est génial. Ce n’est plus du tout comme avant quand les chefs répétaient souvent ce qu’ils avaient appris dans les grandes maisons. Aujourd’hui, beaucoup ont leur propre univers, souvent en rapport avec leur territoire et c’est génial.

C’est d’ailleurs sur ce point-là qu’on souhaite aller encore plus loin au Suquet en invitant les clients à ne pas s’arrêter qu’à l’expérience de la table mais en partageant notre amour pour l’Aubrac. On pense par exemple à proposer des balades en forêt lors des moments de la cueillette, la découverte de nos jardins aussi et de notre univers végétal…

Le chiffre

  • 3,78

En millions, le nombre de téléspectateurs devant le premier épisode de la saison 12 de "Top Chef", mercredi dernier sur M6. Un lancement record

 

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