Rodez : "Les grandes écoles manquent d’Aveyronnais"

Étape inévitable de la vie lycéenne, l’orientation reste un casse-tête. Encore plus en ce moment, où les perspectives d’avenir de la jeunesse sont plus floues que jamais. C’est pour tenter de dissiper ce brouillard et de motiver les jeunes Aveyronnais à voir grand, que l’association "De l’Aveyron aux grandes écoles" a rencontré les premières du lycée Monteil, vendredi 12 février. Et ce sont deux anciennes lycéennes ruthénoises, Aude Barascud et Élodie Tillet, qui ont animé cette conférence, alors qu’une autre était donnée le même jour à Saint-Affrique par d’autres bénévoles de l’association. Le mot d’ordre était : "Osez être ambitieux !"

"Ce n’est pas handicapant de venir de l’Aveyron"

Le temps de deux fois une heure de présentation et d’échange, Aude et Élodie ont survolé l’univers des grandes écoles : l’ENA, Polytechnique, l’ENS, Sciences Po, la Sorbonne… "Le but est de présenter les filières élitistes qui ont peu de représentants aveyronnais et d’autres départements ruraux", précise Élodie, étudiante en prépa BL (lettres et sciences sociales) à Bordeaux.

Car tel est le constat fait par l’association : les jeunes Aveyronnais ne sont pas nombreux dans les écoles dites supérieures. Le manque d’informations sur celles-ci, ainsi que l’autocensure due à la ruralité du département sont notamment mis en cause. "Ce n’est pas handicapant de venir de l’Aveyron", a insisté Aude, ingénieure en data sciences chez Air France.

Partage d’expérience

Et les deux oratrices du jour se sont plus particulièrement attardées sur une des choses qu’elles connaissent le mieux : les classes prépa, la porte d’entrée royale pour les écoles sélectives (mais pas la seule).

" Quand on vous dit qu’il faut travailler en prépa… c’est vrai, sourit Aude devant l’assemblée de lycéens. Mais il n’y a pas de raison que vous soyez moins capables d’y arriver que d’autres. " Elles ont pu parler de leur expérience en prépa, chacune très différente. Et surtout de comment elles en sont arrivées à choisir ces études.

"Quand j’étais en terminale, des gens très forts autour de moi n’ont pas osé franchir le pas des grandes études", confie Élodie. "Ça m’a fait bizarre quand je suis arrivée en prépa à Fermat, à Toulouse : j’étais la seule à venir de l’Aveyron et la plupart des autres élèves avaient des parents ingénieur ou d’un haut niveau d’études", ajoute Aude.

En plus des formations, les bénévoles de "De l’Aveyron aux grandes écoles" essaient d’informer les futurs étudiants des possibilités de bourses et autres aides financières. Et ils sont à l’écoute de tous ceux qui s’interrogent sur leur avenir grâce aux réseaux sociaux Facebook et Instagram. De manière à les aider du mieux possible dans cet univers alambiqué qu’est l’orientation.

"Si on n’a pu ne serait-ce que susciter une conversation avec leurs parents ou une réflexion, c’est déjà gagné !", s’enthousiasment alors les deux jeunes femmes.

Solidarité aveyronnaise

L’association "De l’Aveyron aux grandes écoles" est une émanation de la fédération nationale Des territoires aux grandes écoles. Née en 2019 d’une discussion entre étudiants aveyronnais immigrés à Paris, l’initiative vise à lutter contre l’autocensure des étudiants mais aussi contre le manque de renseignements sur les formations sélectives. Si le noyau dur de l’association est constitué de onze jeunes originaires du département, ils sont près d’une cinquantaine à y adhérer et à participer aux actions de sensibilisation. Ce cercle de soutien et d’information ne cesse de grandir grâce au bouche-à-oreille.