Un charnier d'une centaine de brebis découvert en Lozère : à bout, l'éleveur avait quitté la bergerie

  • Plus d’une centaine de brebis ont été retrouvées mortes, privées d’eau et de nourriture, abandonnées par leur éleveur,
    Plus d’une centaine de brebis ont été retrouvées mortes, privées d’eau et de nourriture, abandonnées par leur éleveur, ML - Eva Tissot
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Plus d’une centaine de brebis ont été retrouvées mortes, privées d’eau et de nourriture, abandonnées par leur éleveur "en grande soufrance psychologique", dans une ferme isolée du Causse Méjean, en Lozère, ont affirmé des sources judiciaires ce lundi 15 février. Une histoire qui rappelle celle de Josette Burguière il y a un an, une agricultrice de Rodelle qui connut un plus funeste sort...
 

"Le charnier a été découvert par les gendarmes", a expliqué à l’AFP le procureur de la République de Mende, Vincent Blériot, précisant avoir ouvert une information judiciaire pour mauvais traitements à animaux, un délit passible d’un an d’emprisonnement.

Un éleveur "en grande souffrance psychologique"

Selon le magistrat, il ne s’agirait cependant pas de maltraitance volontaire : l’éleveur, quadragénaire, était apparemment "en grande souffrance psychologique, seul, sans grand soutien", et c’est en raison de ces difficultés qu’il aurait laissé ses bêtes à l’abandon.

Installé sur place depuis une dizaine d’années, au-dessus des gorges du Tarn, au lieu-dit La Maxanne, au cœur de la commune nouvelle de Massegros-Causses-Gorges, l’éleveur serait parti depuis quelques jours au moins, d’où "l’état de décomposition" de plusieurs bêtes, rapportait ce lundi soir Le Figaro. Il serait parti se réfugier auprès de sa famille et aurait été hospitalisé.

150 à 200 brebis enfermées dans leur bergerie

Toujours selon le procureur de Mende, entre 150 à 200 brebis se trouvaient ainsi enfermées dans leur bergerie. Quelques-unes seraient encore vivantes, mais dans un très mauvais état. Les services vétérinaires ont bien sûr été alertés et dépêchés sur place.

 

Rodelle : il y a un an, la mort de Josette

Cette histoire lozérienne d'agriculteur "en grande souffrance psychologique" et de ces brebis mortes de faim dans leur bergerie est à mettre en parallèle avec la tragique fin de Josette Burguière, une agricultrice de 65 ans, retrouvée sans vie et dans le plus grand dénuement dans sa ferme de Falsot, commune de Rodelle, le 21 janvier 2020. Tentant de s'occuper seule, depuis la mort de sa mère en 2015, de ses quelque 50 hectares de terres et de ses bêtes, deux maigres vaches, et un troupeau de brebis d'un peu plus de 25 têtes, retrouvées la plupart mortes, voire à l'état de carcasses, dans une grange attenante à la ferme de Bédeneaux, sur le causse, à une poignée de kilomètres de Falsot.

Solitaire, d'aucuns disaient "sauvage", et pourtant "très cultivée", Josette était elle aussi en grande détresse psychologique, et souffrait d'une "pudeur extrême" qui semblait l'interdire de demander l'aide de sa famille, de ses voisins ou de ses collègues. Prévenue à plusieurs reprises par des habitants sur l'état et la situation de Josette, la municipalité s'était alors déclarée "démunie", et les aternoiements administratifs combinés à "une période de latence" due aux vacances de Noël firent que l'agricultrice ne put être sauvée de sa triste condition.

Cette mort fit grand bruit  dans la région mais aussi dans la presse nationale et sur les réseaux sociaux. Touchés par le sort de leur voisine, entre deux confinements, les habitants de la commune déposèrent sur sa tombe une plaque où l'on peut lire les mots même de Josette, tirés de lettres qu'elle envoyait à une correspondate de Haute-Loire : "J'aimais mon métier, la lecture, l'aquarelle et Fragonard, la nature, les bêtes, et les couleurs de l'automne"...

L.R.

La tombe de Josette Burguière à Rodelle, surplombant la vallée du Dourdou.
La tombe de Josette Burguière à Rodelle, surplombant la vallée du Dourdou. Repro CP - LR

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