Camarès : confinée depuis plus d’un an, Marie Rouanet tient un carnet

Depuis le 21 octobre 2019, date à laquelle elle est revenue des journées poétiques de Lourdes, elle est confinée : "À mon retour de Lourdes, mon médecin m’avait programmé le vaccin de la grippe pour être immunisée au moment du pic le plus violent. À Camarès, il y a eu alors une vague de gastro très violente. Mon médecin m’a conseillé de rester chez moi. Voilà comment cela a commencé pour moi. Et depuis, je suis toujours confinée." Marie Rouanet sort très peu de chez elle : "Je ne sors que pour faire des courses que je fais vite. Je vais à Camarès ou à Saint-Affrique." Elle assure son quotidien, le ménage, la cuisine, "tout ce qui fait la vie. Chez moi, je ne m’ennuie jamais. Je n’ai pas de télé."

Depuis qu’elle est confinée, l’écrivain, âgée de 85 ans, tient un cahier de jours, "comme on avait à l’école", sur lequel elle "écrit des choses" sur chaque journée qui passe : "Je le remplis de notations diverses. Ça dépend des jours, c’est variable. Souvent, je note la météo, le ciel, ce que je ressens. Je fais des observations." Le 24 février 2020, Marie Rouanet écrit : "J’ai vu deux chevreuils se battre avec leurs magnifiques appareils de cornes et avec un pelage qui vire au gris avant de choir." En mars 2020, arrive le confinement lié à la pandémie de Covid 19. Il faut se protéger avec le masque et la distanciation physique : "Quand mes enfants viennent, je les reçois dans une petite maison située à trois cents mètres." Marie Rouanet possède plusieurs livres sur la flore et les champignons qu’elle a hérités de son père. Sur son cahier, elle note ce qu’elle voit dans la nature autour d’elle : "26 janvier 2021. Observation du temps. Un gel uniforme a recouvert tous les espaces, hier si verts. Nous attendons la neige à basse altitude pour après le repas. Comment faire pour le courrier ?" Avec ses jumelles, Marie Rouanet observe les oiseaux et s’aide de plusieurs livres pour les identifier. Si le temps le permet, elle se balade "dans ça mien", au bord des prés, près du ruisseau, dans la chênaie ou la châtaigneraie voisine. "Il est indispensable, quand on choisit un isolement, d’avoir une règle de vie avec des horaires et des moments de détente, recommande Marie Rouanet. Il faut faire de la gymnastique quotidienne en musique avec la radio. Je chante, je danse, c’est merveilleux. La chanson c’est le souffle. La résonance de ma cuisine est très jolie." Quand quelqu’un lui demande : "Comment ça va ?" Elle répond : "Très bien. J’ai de plus en plus de moins et de moins en moins de plus. Ça fait rire les gens."

Aujourd’hui, Marie Rouanet est toujours confinée, "plus que jamais, avec un espoir de plus en plus mince d’en sortir".