Football : Lionel Mpasi (Rodez), l’éloge de la patience

Abonnés
  • Lionel Mpasi titulaire au Raf, plus de cinq ans après.
    Lionel Mpasi titulaire au Raf, plus de cinq ans après. CPA - JLB
Publié le , mis à jour
Aurélien Parayre

Passé de N°2 à titulaire dans le but ruthénois depuis neuf matches, Lionel Mpasi se retrouvera face à son ancien club du TFC, ce samedi 20 février (19 heures) lors de la 26e journée de Ligue 2 . "Ultra-motivant" pour celui qui récolte ainsi les fruits de sa longue abnégation.

De lui, beaucoup connaissent ses sprints du banc des remplaçants pour exulter lors des grands soirs, son sourire incomparable, ou encore ses sorties en Coupe de France. Mais depuis neuf matches de L2, Lionel Mpasi montre (enfin) autre chose aux observateurs ruthénois. Ce pourquoi il a rejoint le Raf en 2016 : ses qualités pour garder le but sang et or.

Ronger son frein. Affronter un chemin semé d’embûches. Reculer pour mieux sauter. Le natif de Meaux a ainsi longtemps dû faire siennes ces maximes. Lui, l’ancien pensionnaire du centre de formation du PSG (09-12) dont le passage au TFC (12-16) n’a pas débouché sur une carrière pro, du moins tout de suite. "Au PSG, on nous disait : "Vous ne serez que deux à passer pro", détaille le gardien désormais âgé de 26 ans. Et je suis content d’en être là aujourd’hui, car beaucoup ont arrêté le foot. Je savais que ça n’allait pas être simple. Certes, j’ai connu des sélections en jeunes (en équipes de France, NDLR), une Coupe du monde (U17 au Mexique). Mais les seules qui comptent vraiment en jeunes, ce sont celles chez les espoirs. Et aujourd’hui, les gardiens avec qui j’étais en concurrence (Areola, Maignan) sont en équipe de France. " Prévenu, Mpasi l’était. Et le chemin du Franco-Congolais n’a effectivement pas été un long fleuve tranquille. Départ du PSG pour Toulouse. Une expérience sur les bords de la Garonne qu’il dit réussie (notamment en Gambardella), mais terminée sans contrat. "Il y a forcément un peu de regrets, révèle le droitier d’1,82 m. J’ai signé pro là-bas, mais pas à part entière car j’étais avec le vestiaire du CFA (4e gardien). Mais je suis heureux de jouer à Rodez maintenant, et d’être passé à Toulouse aussi. Ça m’a beaucoup apporté, j’y ai connu de bons coaches, surtout Teddy Richert, avec qui j’ai grandi en tant que gardien et homme."

Teddy Richert, la fausse-vraie fracture et l’ambianceur

Et la légende sochalienne, actuel entraîneur des gardiens à Montpellier, de confirmer. "Lionel est un garçon charmant. Un gardien qui dispose d’une belle qualité de jeu au pied, de l’explosivité, il est adroit à la relance, a une bonne lecture de trajectoire et est capable d’un bon rayon d’action dans le jeu aérien." Rien que ça. Il faut dire que la relation entre les deux hommes est même à l’origine de la venue du portier sur le Piton. "Il (Richert) était en contact avec Greg (Ursule, manager du Raf) et savait que je galérais alors que le Raf cherchait un gardien, raconte Mpasi. Il m’a proposé, j’ai foncé. Et le choix a été payant. Je ne l’en remercierai jamais assez ! "

Pourtant, la patience de celui qui vivra demain son 10e match de rang comme titulaire (un seul revers, trois "clean sheet") est alors à nouveau mise à l’épreuve. Juste avant son arrivée à Rodez, le Francilien avait réalisé un essai à Colomiers. " J’y avais pris un coup au tibia", se remémore-t-il. On lui diagnostique une contusion. Sauf qu’en réalité, c’est une fracture qui le tiendra finalement éloigné des terrains plus de six mois. "Du coup, à la reprise, je ne pouvais pas courir. Le coach (Peyrelade) et Thomas (Frette, prépa physique) se sont dit : "On a un gardien avec une jambe plus courte que l’autre", se marre-t-il rétrospectivement. Il passe donc doublure de Pierre Laborde. Avant d’être celle d’Enzo Basilio ("Je n’avais plus joué depuis longtemps, c’était normal "). Puis celle d’Arthur Desmas, devenu "un véritable pote ", alors qu’il s’était blessé à un doigt (rupture d’un tendon) lors de la fin de saison précédente, quand le club lui avait une première fois entrouvert la porte…

"J’ai toujours voulu m’imposer ici, car j’aime la ville. Le club m’a sorti de la galère et je lui en suis totalement reconnaissant"

 

Entre-temps, Mpasi est devenu "l’ambianceur" du groupe, symbole de cette osmose collective qui portera l’équipe du CFA à la L2. "Je ne me suis jamais proclamé ainsi, rigole encore celui qui dit garder dans un coin de sa tête la possibilité de jouer pour le Congo. Je ne fais pas exprès de sourire tout le temps, je suis comme ça (rires)." Des zygomatiques qu’il ne laisse pas au repos quand on évoque le match de demain. " J’ai encore des potes là-bas. Surtout Steven (Moreira) avec qui j’ai joué depuis tout petit, à Torcy chez moi. " Le chambrage est donc allé bon train toute la semaine, par réseaux sociaux interposés. "Ça me motive encore plus", confie celui qui est passé "number one" un soir de décembre, au Havre. "Le coach nous l’a dit juste avant, révèle-t-il. Que ce n’était pas définitif non plus, mais qu’il fallait insuffler quelque chose de nouveau. Ça a marché, on a été invaincu pendant 10 matches. Après, il ne faut pas se reposer sur nos lauriers, car ça va être dur jusqu’au bout pour aller chercher cette 14e place, l’objectif du club. " Avec ce changement de statut, il y eut aussi l’inversion des rôles. Et d’éclairer sur sa relation avec celui qui était arrivé l’été dernier pour être N°1, Théo Guivarch. "Franchement, ça n’a rien changé, dévoile Mpasi. J’ai forcément ressenti un peu la déception de Théo au tout début. Mais au quotidien, il n’y a rien qui change. Avec Théo, on rigole pas mal à l’entraînement. On arrive encore à se taquiner, et c’est cool. C’est un bon gars et ça aide. J’ai toujours eu des bons gars. Et ça, quand tu es N°2, c’est plus simple à vivre." D’autant plus que les années filaient et l’étiquette d’éternelle doublure pouvait être de plus en plus délicate à porter ? Au point de penser à aller voir ailleurs ? " Non, excepté cette année, où ça m’a fait vraiment chier (sic) de repartir N°2 ; mais sinon, je ne me suis jamais dit que j’allais chercher du temps de jeu ailleurs. J’ai toujours voulu m’imposer ici, car j’aime la ville. Le club m’a sorti de la galère et je lui en suis totalement reconnaissant."

Manhaval : "Juste récompense"

" C’est pour lui la juste récompense de son investissement depuis cinq ans, analyse son entraîneur spécifique au Raf, David Manhaval. Il a été jusque-là souvent victime de malchance. Et je suis très content pour lui. Maintenant, à lui de prouver. " Avec l’épée de Damoclès au-dessus de la tête en cas de prestations délicates ? " Il part du principe qu’il a tout à gagner, il ne se met pas de pression ", rétorque l’entraîneur des gardiens, corroboré par son poulain, qui sait par ailleurs qu’il doit gagner en constance dans la concentration durant ses matches. "Ça ne me pèse pas, car je n’y pense pas. Je sais aussi que tout le monde dans le groupe a confiance en moi ; je le ressens."

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?