Villefranche-de-Rouergue : "Le sous-préfet est un acteur du territoire"

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  • Pascale Rodrigo.
    Pascale Rodrigo.
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marie-christine bessou

L’arrondissement sur lequel Pascale Rodrigo, sous-préfète, évolue se cale, à l’ouest, sur les frontières du département, tandis qu’à l’est, sa limite suit une ligne imaginaire qui irait de Saint-Santin à Cassagnes-Begonhès en passant par Decazeville bien sûr, puisque le Bassin est inclus dans ce territoire, Bournazel ou encore Mayran. "Il comporte 90 communes, soit 98 000 habitants", précise Pascale Rodrigo. Celle qui est également chargée du plan de relance à l'échelle de l'Aveyron se confie.

Avez-vous visité toutes les communes de votre arrondissement ?

L’arrondissement est grand et varié. Chaque territoire est marqué et a sa spécificité. Ils sont tous attachants au travers de leur propre histoire. Aujourd’hui, j’ai visité une cinquantaine de communes. Mon but est de les rencontrer toutes, d’aller au-devant des maires, des conseillers municipaux mais aussi de tous les autres acteurs de chacun de ces territoires. Un sous-préfet n’est pas fait pour rester dans son bureau mais pour rencontrer les acteurs du territoire. Beaucoup de maires viennent me présenter leurs projets mais pour mieux les comprendre, les aider à les concrétiser, les accompagner jusqu’à leurs réalisations, je vais sur place. Avec beaucoup de plaisir et d’intérêt. à la faveur des entretiens et des rencontres, je mobilise la Dotation d’équipement des territoires ruraux, la DETR.

Quelles sont vos principales missions ?

Je dois assurer la sécurité publique et civile mais aussi accompagner les projets du territoire. ça se situe dans l’orientation du Président de la République. Couple maire préfet. comme les députés et les conseillers départementaux. il s’agit d’œuvrer tous ensemble pour le développement de ce territoire.

Le 13 novembre dernier, vous avez été désignée comme référente du Plan de relance en l’Aveyron pour ce qui concerne les entreprises. En quoi cela consiste-t-il ?

Le Plan de relance est une manne de 100 milliards d’euros pour aider la France à rebondir après la crise sanitaire. Mais ça se prépare tout de suite. Il comporte trois volets : l’écologie, la compétitivité et la cohésion. Quatre catégories en seront les bénéficiaires : les particuliers, les entreprises, les collectivités locales et les administrations. Pour donner le maximum d’efficacité à ce Plan de relance, il y a des correspondants locaux, et la préfète de l’Aveyron, Valérie Michel-Moreau, m’a confié le volet entreprises. Un peu comme les projets des collectivités, il s’agit de partager les informations avec les chambres consulaires, d’identifier les projets et de les accompagner jusqu’au dépôt du dossier. Je mène un travail périodique avec la chambre de commerce et d’industrie, la chambre d’agriculture et ça va se développer avec la chambre de métiers. J’ai déjà des contacts avec les porteurs de projets et j’irai voir les entreprises dans le cadre de ce Plan de relance.

Quel est votre rôle et quels sont vos objectifs ?

Mon rôle est de coordonner, d’impulser, d’animer, en lien avec les sous-préfets. La CCI avait effectué des repérages à l’automne dernier afin d’identifier des projets dormants. J’ai déjà 170 contacts avec des porteurs de projets. On suit aussi une cinquantaine d’entreprises qui ont des situations contrastées suivant les branches d’activités. Pour certaines, on craint des allégements d’effectifs, notamment dans l’aéronautique, tandis que d’autres affichent des besoins forts en recrutements. C’est le cas dans l’agroalimentaire où l’on observe des besoins émergents en alimentation conjuguant proximité et qualité. Et l’Aveyron peut jouer les premiers rôles….Le domaine de l’équipement des bâtiments, avec notamment des projets d’extension ainsi que ceux des collectivités locales est aussi concerné. Et dans le cadre de ce Plan de relance, les subventions et les dotations de soutien auront un effet de tremplin très important. On observe aussi une forte pression immobilière pour des logements locatifs dans l’ouest du département. Exemple avec les projets de Bor-et-Bar ou Ambeyrac. Il s’agit de locations qui peuvent ensuite inciter les personnes à rester sur la commune. Malgré la crise de l’aéronautique, le triangle Villefranche, Decazeville, Figeac est un territoire dynamique et attractif, ce qui explique cette pression immobilière.

Vous formez un vrai tandem avec les maires ?

Le couple préfet maire est très actif. Déjà en 2019, dans le cadre d’un agenda rural, le gouvernement avait mis en place 200 mesures formant un dispositif afin d’augmenter les équipements en milieu rural et on sentait un léger frémissement. D’ailleurs la population aveyronnaise augmente doucement mais sûrement.

L’enjeu pour les élus locaux est de préparer un éventail de services, logements locatifs, écoles, maisons de santé, espaces culturels, associations, qui feraient que de nouvelles populations aient envie de venir en Aveyron. La dotation pour ces territoires ruraux est faite pour soutenir ces investissements structurants. On suit d’ailleurs une quarantaine de projets avec les chambres consulaires. Et comme il y a encore beaucoup de potentiel, notre travail est d’aller en chercher d’autres.

Avec la chambre d’agriculture, nous menons un programme alimentations territoriaux, une structuration des filières agricoles, une modernisation des abattoirs et une gestion des forêts. Tout ce travail se fait en concertation avec la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, en charge de l’instruction d’un certain nombre de dossiers.

De quelle manière appuyez-vous la dynamique de l’emploi ?

Avec les opérateurs que sont le Départemental, la Région et la Direccte, mais aussi la CCI et la chambre d’agriculture, en collaboration avec des partenaires comme Pôle emploi, Cap emploi, la Mission locale, il y a une véritable coordination afin d’activer rapidement des dispositifs d’emploi susceptibles d’entraîner des recrutements. L’idée est de coordonner tous ces acteurs aux et aux entreprises qui recrutent. Il y a un gros travail à faire car tous les moyens sur les transitions professionnelles. La zone d’emploi Villefranche, Decazefille, Figeac est à cheval sur deux départements mais elle a sa propre cohérence, couverte par le contrat territoire d’industrie à l’image de la zone Rodez-Aurillac. Il s’agit d’un contrat entre la Région, l’état et d’autres acteurs pour accompagner et fédérer les aides au développement.

Sur ce territoire, différents dispositifs, financés par l’état et les collectivités, sont en place (transition collective, passerelle, compétence d’entreprises) afin d’accompagner les salariés dans des transitions professionnelles et faciliter les mouvements. Ça implique aussi un travail interdépartemental et, dans ce cadre-là, je collabore régulièrement avec ma collègue sous-préfète de Figeac.

Quid des entreprises de restauration ?

Dans ce Plan de relance, il ne faut pas oublier le soutien aux restaurateurs même si les aides les concernant ne sont pas encore totalement définies. Il ne faut pas publié que, depuis un an, l’état est très réactif en les accompagnant par un dispositif qui évolue vite et s’adapte. Mais il s’agit avant tout de poser un diagnostic de la situation et d’enclencher à ce moment-là le dispositif adéquat. Par exemple, le Fonds de solidarité du premier confinement n’est pas le même que pour le deuxième confinement, il est plus adapté aux entreprises. Malgré tout, il faut rester positif, l’état et ses partenaires, comme la Région, mettront en place des dispositifs adaptés à la reprise.

Être sous-préfète, cela répond-il à vos attentes ?

Un sous-préfet n’est pas un électron libre mais un interlocuteur de toutes les forces vives. Je parle au nom de la préfète qui parle, elle, au nom de l’état. Mon souhait de devenir sous-préfète répondait à mon envie d’aller au-devant des acteurs d’un territoire et de devenir moi-même un acteur de ce territoire. C’est un métier formidable.

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