La Menuiserie, comme un navire amarré au cœur de Rodez

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Des cordages, une passerelle, une structure de bois… Tout l’esprit de la Menuiserie.
L’escalier de bois mène vers la cour intérieure.
Devant un dessin de l’artiste aveyronnais Jean Ferrieu, père de Jeanne.
Restauré mais préservé, le lieu a gardé toute son authenticité, comme l’a souhaité Jeanne Ferrieu.
La Menuiserie, comme un navire amarré au cœur de Rodez
La Menuiserie, comme un navire amarré au cœur de Rodez
La Menuiserie, comme un navire amarré au cœur de Rodez

Cultures 12, Patrimoine, Rodez, Expositions

Publié le 27/02/2021 à 15:00

Emmanuel Pons

Comme un grand bateau de bois qui serait resté à quai, la Menuiserie, rue du 11-Novembre à Rodez, est atelier, résidence, lieu d’expositions, de spectacles, de performances, de lectures, de conférences et même de quines artistiques… Un site qui, comme Jeanne Ferrieu, sa créatrice, vit pour et par l’art. Un écrin niché au cœur de la ville qui promeut toutes les cultures depuis 23 ans en Aveyron et au-delà.

Un coup de foudre ! Nous sommes au début des années 1990. En remontant la rue du 11-Novembre à Rodez, Jeanne Ferrieu, figure de la culture ruthénoise, tombe sous le charme d’une ancienne menuiserie, sise au n° 14. "Une maisonnette en bois, comme sortie d’un rêve, d’un autre siècle", se souvient-elle. Et le hasard fait bien les choses puisque, peu de temps après, au sortir d’un rendez-vous chez son notaire, elle aperçoit, épinglée au mur, une annonce de vente de ce bâtiment, pour un prix modique. Elle récupère les clés et s’empresse de découvrir le lieu.

"J’organisais des expos à travers la France et je voulais trouver un endroit où installer des artistes en mal d’espaces", se rappelle-t-elle. Et la rencontre avec l’artiste algérien Malek Salah, alors menacé de mort dans son pays, sera déterminante.

Elle en est sûre : c’est ici que Jeanne, fille de l’artiste aveyronnais Jean Ferrieu, accueillera tous les talents, souvent méconnus, et redonnera vie à cet endroit magique.

L’achat se concrétise à la fin de l’année 1995. Pas d’eau, pas d’égouts, pas d’isolation : "Une folie, me disait mes amis."

Suivent deux ans de travaux, notamment portés par Olivier Sénégas, artisan lui aussi (au sens premier du terme) de la renaissance de la Menuiserie. "Si Jeanne n’avait pas acheté ce bâtiment, note-t-il, un promoteur aurait sans doute construit des garages." Il faut dire que ce charpentier a de quoi faire, au sein de ce navire de bois qui prend l’eau. Et même si la Menuiserie garde son esprit originel – une douce odeur de bois habite le lieu –, il faut consolider la structure, aménager l’espace et assainir le bâtiment.

Première expo "officielle"

"Ça a coûté deux fois le prix d’achat pour tout retaper", se rappelle Jeanne, petit bout de femme à la volonté de fer (et de faire !)

Mais déjà, en plein chantier, Malek Salah expose ses œuvres et installe son atelier. Viendra ensuite la première exposition "officielle", "Ida y vuelta", de juin à septembre 1998, inaugurée par le maire de l’époque, Marc Censi.

Suivront, jusqu’à aujourd’hui, plusieurs rendez-vous artistiques variés et souvent originaux…

Et depuis 23 ans maintenant, Jeanne Ferrieu continue de faire vivre ce lieu atypique de la culture – "comme un lien permanent" – à Rodez et au-delà.