Millau. La Millavoise Viviane Dalles, photographe au long cours

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  • Des œuvres de la photographe Viviane Dalles, millavoise de naissance, sont exposées au musée de Millau.	Cristina Vatielli
    Des œuvres de la photographe Viviane Dalles, millavoise de naissance, sont exposées au musée de Millau. Cristina Vatielli
Publié le , mis à jour
Annick Koscielniak

Née dans la Cité du gant, en 1978, de parents aide-soignants à l’hôpital, installée, depuis 2019, avec son mari et leurs deux enfants à Valleraugue (Gard), diplômée d’un Deug des beaux-arts de l’université Paul-Valéry à Montpellier et également d’un master de l’école nationale supérieure de la photographie d’Arles, la quadragénaire raconte, depuis environ quinze ans, le monde et ses habitants avec un regard empreint d’humanité et de respect. Son travail a été salué par le prix Canon de la femme photojournaliste en 2014.

C’était en 2004, le lendemain de Noël : un tsunami dévaste l’Asie du sud-est. Comme le monde entier, Viviane Dalles regarde les images de la catastrophe à la télévision : "J’avais l’impression d’être du mauvais côté de l’écran. J’ai pris un billet pour l’Inde, un pays moins couvert par les reportages".

Pendant deux mois, la jeune femme de 27 ans parcourt le Tamil Nadu, les abris temporaires, écoute les sinistrés, suit la reconstruction de leurs vies. Sortie de l’université Paul-Valéry à Montpellier, fraîchement diplômée de l’école nationale supérieure de la photographie d’Arles, la Millavoise vient d’entrer de plain-pied dans la photographie documentaire.

La toute première application, sur le terrain, de son travail, depuis deux ans, dans les archives de la Fondation Henri-Cartier-Bresson, puis de l’agence Magnum, à Paris. "A Arles, j’ai eu une formation plutôt artistique. Quand j’en suis sortie, je ne suis pas arrivée à convaincre la personne sur laquelle je voulais faire un sujet. J’ai compris que ce qui me manquait, pour gagner sa confiance, mais aussi pour me convaincre que j’étais faite pour ce métier, était la partie plus journalistique", lâche l’intéressée. à Paris, elle cotoie Depardon, humaniste et photographe, exhume, à la demande, des photos de Bresson non exploitées.

Elle décortique les montages, apprend comment on bâtit une histoire en images, des fortes aux nécessaires. Elle comprend surtout que "prendre des photos, c’est 30 % du temps" : "Le reste est fait de recherches, de prises de contacts, de documentation, d’attente. J’essaie de développer plutôt des sujets au long cours".

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Une capitaine au long cours lui a montré le cap, un jour de conférence à Arles. Jane Evelyn Atwood, photographe franco-américaine, auteur de documentaires sur les femmes en prison ou les prostituées de la rue des Lombards...

Son appareil n’est que le prolongement de deux "accessoires" indispensables : l’immersion et le temps. Comme elle, Viviane Dalles accompagne ses sujets sur des mois ou des années. Trois ans par exemple dans le désert australien pour la Ville de Millau. "Il faut qu’un sujet me prenne aux tripes car je sais que je vais y passer du temps et y consacrer de l’énergie", reconnaît-elle.

 

Elle devient proche d’une famille de réfugiés bouthanais, prend l’avion avec eux quand ils fuient l’oppression, vit leurs premiers pas aux états-Unis, avant d’y retourner, un an plus tard, en 2018, pour prendre le pouls de leur nouvelle existence. "Il faut que les gens oublient ma présence pour les photographier au plus près de la réalité".

Pendant trois mois, elle photographie, dans le nord de la France, quatre mères adolescentes : "Je leur ai dit que je ferai des photos de leurs papouilles à leurs bébés, mais aussi quand cela n’ira pas, quand elles seront en pleurs. Et cela n’est possible que lorsque l’on devient transparent".

Ce reportage lui rapporte le très convoité prix Canon de la femme photojournaliste, en 2014. Mais, sa plus belle récompense sortira de la bouche des adolescentes : "Quand elles m’ont dit "Oui, c’est bien, on se reconnaît dans ce reportage". Dans toute manière de photographier, qu’elle soit à court ou long terme, ce qui compte, c’est le respect de l’être humain avant tout".

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