Rodez : Gilles Barbier, un artiste déroutant au musée Soulages

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  • "L’orgue à pets" se laisse aller à un exercice de flatulences musicales
    "L’orgue à pets" se laisse aller à un exercice de flatulences musicales S.O
  • Benoît Decron devant La boîte noire, celle de la mémoire, de l’humanité… Benoît Decron devant La boîte noire, celle de la mémoire, de l’humanité…
    Benoît Decron devant La boîte noire, celle de la mémoire, de l’humanité…
Publié le
Salima Ouirni

L’exposition de Gilles Barbier devait s’ouvrir le 4 janvier. Elle est donc prête et attend son public. Nous l’avons visité : elle réserve d’énormes surprises aux amateurs de l’art contemporain…

Après plus de cinq semaines de préparatifs intenses, l’exposition dédiée à l’artiste français Gilles Barbier est prête. Elle n’attend que son public. Benoît Decron, le directeur de l’EPCC musée Soulages, boucle le catalogue, avec quelques détails en voie de finalisation. Dès que les musées pourront ouvrir, Benoît Decron pourra alors lever le voile sur cet artiste vivant (il travaille à Marseille), aussi drôle que "bizarre".

Le conservateur en chef du musée Soulages n’en est pas à sa première exposition de ce plasticien "déroutant". "Je l’ai exposé la première fois aux Sables d’Olonne, en l’an 2000, à l’abbaye de Sainte-Croix ", rappelle le conservateur.

Pour exposer un artiste, le conservateur en chef se pose trois questions : "Choisir le bon moment, le bon artiste et se poser la question du pourquoi lui ou elle ?". En l’an 2000, c’était Gilles Barbier qui était le bon artiste pour Benoît Decron. 21 ans plus tard, c’est ce même plasticien qui répond à la question du "pourquoi ?" "C’est un artiste extrêmement déroutant. Il est riche d’histoires fantastiques et drôles. Je qualifie son œuvre d’apocalypse carnavalesque. Il a une façon de voir le monde qui est à la fois déjantée et drôle, avec un côté science-fiction, un côté ambivalent", tente de résumer le directeur du musée.

Si l’on ajoute que l’artiste né à Vanuatu, dans le Pacifique, aime la dérision et parle couramment la langue du comix, alors on a affaire à un créateur " populaire " et vulgarisant les sciences. C’est sans doute son installation "L’orgue à pets" qui illustre le mieux tous ses aspects. "Cette œuvre, c’est toute l’histoire de l’humain. C’est le haut du corps qui se moque du bas. C’est le pétomane qui fait de la musique, c’est une machine à productions".

Un artiste qui fait des vers

La figure (une réplique en cire de l’artiste, il y a 25 ans) en plein effort d’une production de flatulences fait à la fois sourire et interpelle. "Nous sommes dans le monde rabelaisien. C’est un auteur, entre autres écrivains, qui a influencé Gilles Barbier", souligne Benoît Decron. Le plasticien connu pour ses installations interroge "le regardeur". Car au-delà des sourires que peuvent déclencher ses personnages se laissant aller à une production scatologique, Gilles Barbier amène à réfléchir.

L’artiste, quand il n’est pas à compiler les pages "roses" des dictionnaires, écrit. Tel un script moderne, il fait des vers. Des lignes et des lignes qu’il faut " prendre le temps de lire pour comprendre l’univers de Gilles Barbier ", dit Benoît Decron.

Le ver de terre est aussi un personnage qui hante sa production. C’est un ver qui parle. Il ne fait que parler, "manger et chier", "c’est là même mon activité favorite", précise le lumbricina.

Le ver est un fil conducteur, dans la création. Il est doté de dents et semble se mouvoir, à travers "la grande promenade", dans les racines sous "Le terrier", pour venir se nicher dans "La boîte noire".

À travers des aspects de comixtrips ou BD à l’américaine, Gilles Barbier nous balade dans un monde pétri de symboles. Telle cette étrange créature qui se terre pour se protéger, sans doute, mais de qui ? De quoi ? Pourquoi ?Les réponses se trouvent dans l’exposition à voir et à revoir, dès son ouverture… Car "rendre compte d’une exposition de Gilles Barbier est une vraie gageure, parfois insurmontable !" s’entendent à dire les spécialistes.

L'exposition pourrait se poursuivre cet été

Le musée Soulages, comme tous les musées de l’Hexagone est suspendu aux décisions gouvernementales.

Alors que les équipes travaillent d’arrache-pied pour continuer à rester dans le rythme, rien ne vient leur donner une lueur d’espoir.

Pour autant, Benoît Decron et les agents de l’EPCC tiennent prête l’exposition du Chat de Geluck qui est prolongée jusqu’au 22 septembre. L’exposition de Gilles Barbier pourrait elle aussi se prolonger jusqu’à l’été, si les ouvertures des musées ne sont pas permises avant.

Ce qui serait une bonne chose tant elle mérite largement le détour. Elle a, de plus, demandé plusieurs semaines de travail.

Et in fine, ce serait surtout dommage pour les Aveyronnais et les touristes de manquer ces installations extraordinaires, comme La boîte noire, Le Terrier et autres surprises aussi recherchés que délirantes !

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