Millau. Pierre Chauchard, mémoire de la nuit millavoise
Pierre Chauchard a la musique dans la peau et la partage avec les Millavois.
SSur les murs du studio de Pierre Chauchard, des pans d’histoire de la vie culturelle millavoise. Emma Calvé en reine, sur la Une du supplément illustré du Petit Journal n°369, daté du 12 décembre 1897. "Elle veille sur moi, rigole le Millavois de 84 ans. Mon père la connaissait, quand elle organisait des masterclass, elle envoyait les gens se faire chausser au magasin." Mais il y a surtout des souvenirs heureux d’Amiliavi, le groupe qu’il a fondé avec qui il a composé, chanté et fait danser. Avec André Delon, il monte un cabaret, dans les années 1967-1970. "Pendant 30-35 ans, on a fait des cabarets, avec uniquement de la chanson, de la poésie et également du mime. On a fait pas mal d’endroits dans Millau parce qu’on se faisait virer à cause du bruit, s’amuse le compositeur. Le premier, c’était la place Foch. On a fini rue Peyrollerie, après être passés par le Mandarous, le Rajol, rue de la Paulèle... On avait des caves, par exemple, place Foch, on avait une cave sous le passage vouté."
Le solfège au cimetière
Le début d’une longue histoire, entre amis, où la musique n’est qu’une passion. Dans sa famille, on l’aime, mais on ne la joue pas. Ses parents ont le magasin de chaussure rue du Mandarous, dans lequel Pierre y a posé sa patte, en y apportant son savoir-faire de podologue. "J’ai deux sœurs, mes parents ont mis la première au piano, la seconde au violon et pour les deux, ça a été une catastrophe. Quand je suis arrivé après, mon père a dit "pour lui ce n’est même pas la peine d’essayer". Alors j’ai repris le solfège de mes sœurs et j’ai appris tout seul, avec un pipo et un armonica."
À force de jouer dans les repas de famille, est venu le moment de l’Estudiantina, groupe où joue son oncle. Pierre y fait ses gammes et prend ses premiers cours de solfège... au cimetière, chez Noël Bourles. "Le concierge était la première mandoline de l’Estudiantina. Ils m’ont dit d’aller prendre des cours de solfège chez lui."
Début de l’histoire musicale qui accompagne son quotidien aujourd’hui, comme une passion qui ne se décolle plus de sa peau. "On avait la santé parce qu’on faisait des soirées jusqu’à une heure du matin et le lendemain on ouvrait le magasin."
Pierre se partage entre la composition, le chant et l’écriture. "J’ai dû en écrire plus de 300 dans ma vie."
Dans les maisons de repos, pour commencer, avec celle qui est devenue sa femme, Arlette.
"On chantait avec l’association Les amis des malades. Comme il nous fallait de l’argent pour aller dans ces maisons, on faisait des spectacles. On avait monté des troupes de théâtre et de musique et c’est là que j’ai connu ma femme qui chantait."
De la K7 à l’ordinateur
Dans son univers, où les boîtes de K7 garnissent les étagères au-dessus de son matériel d’enregistrement, Pierre Chauchard se rappelle notamment un concert au théâtre de la maison du Peuple en 1995 : "On avait fait une salle archi-comble. C’était avec le groupe Amiliavi. J’étais sur scène avec Jean-François et Michel Bastides qui étaient d’excellents musiciens... On a fait un très beau concert, qui a été mal filmé, mais on en a une trace."
Un contraste avec l’équipement de son bureau, qui lui n’est pas d’époque. Deux écrans d’ordinateur, un clavier, une table de mixage. "C’est un ingénieur du son qui m’a donné des cours. Tout est en anglais et je n’y pige rien, rigole-t-il. Mais je ne regrette pas. Ça m’aide à faire du bon boulot." Ça lui permet encore d’accueillir ses amis, de jouer et d’enregistrer dans son studio, en attendant l’ouverture prochaine des salles de spectacle.
Aujourd’hui, c’est une nouvelle partenaire qui l’accompagne, dont il met les poèmes en musique.
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