Jérémy Delbès : acteur d’innovation sociale avec Aurore
Installé à l’Oustal des Aveyronnais à Paris, le Druellois Jérémy Delbès développe avec l’association Aurore un nouveau lieu hybride à destination des personnes en situation de précarité. Il nous en dévoile les contours.
Il est des vocations qui naissent avec vous, d’autres qui finalement se construisent en même temps que vous. Travailleur social à Paris, Jérémy Delbès est à classer dans la deuxième catégorie. Lui qui avait initialement fait le choix de la comptabilité, a délaissé les bilans pour se consacrer au social.
"Après mes études, j’ai vite compris que j’avais besoin d’autre chose. Besoin de contact humain, d’échanges, de partage. Je ne voulais plus de routine. J’avais aussi je crois cette sensibilité, cette capacité d’écoute. Le social s’est rapidement imposé."
Trois ans après de nouvelles études à Clermont-Ferrand, le voilà aujourd’hui à Paris. D’abord éducateur spécialisé, il est aujourd’hui responsable d’un centre d’hébergement d’urgence pour le compte de l’association Aurore qui depuis 150 ans, vient en aide aux personnes en situation de précarité.
Une précarité diverse, tant les parcours de ceux qui poussent un jour la porte d’Aurore sont à ce titre tous singuliers. "Aurore a une histoire assez ancienne. Elle compte aujourd’hui plus de 2000 salariés à Paris mais aussi en province. Son rôle : accueillir et accompagner vers l’autonomie les personnes en situation de précarité ou d’exclusion via l’hébergement, les soins et l’insertion."
Une précarité mouvante aussi. Le Covid et la crise sanitaire actuelle ayant mis en lumière de nouvelles thématiques auxquelles les travailleurs sociaux se doivent de répondre au quotidien. "Avec le confinement et les conséquences économiques de cette crise, nos craintes étaient élevées. Les prévisions alarmantes, se souvient Jérémy. Et si pour l’instant, le constat est en deçà des prévisions, d’autres problématiques se sont fait jour comme la situation très difficile des étudiants pour qui des associations ont mis en place une aide alimentaire. La question des femmes battues est aussi une réalité. Dès le premier confinement, Aurore a mis en place un accueil de jour pour toutes ces femmes. On envisage aussi un accueil de nuit, très prochainement."
Lieu d’innovation sociale
Pleinement investi dans son rôle d’écoute et d’accompagnement, le presque trentenaire travaille aussi sur un autre projet. L’implantation d’un centre d’hébergement et de stabilisation (CHS) dans un tiers-lieu aménagé par l’association Plateau Urbain dont le slogan, "Résorber la vacance, servir la création" vaut toutes les explications.
"Il s’agit d’un projet hybride entre le CHS d’un côté et des ateliers mis à disposition d’artistes, d’artisans qui partagent avec Aurore cet esprit associatif, cet engagement social" résume Jérémy qui apprécie ce lieu d’innovation sociale : "un mix particulièrement intéressant." "Ce sont de nouveaux lieux qui émergent aujourd’hui sous l’impulsion d’Aurore, pionnière sur le sujet. Ils diffèrent d’une vision sans doute plus figée du social au sens large. Ici, les 18-30 ans que nous allons héberger vont pouvoir trouver des stages, des vocations. Ils auront aussi sur place des personnes-ressources qui partagent nos valeurs. C’est un projet dynamique dont je suis fier et dont l’un des objectifs est de favoriser le vivre-ensemble en expérimentant la mixité des publics et des usages."
Attendue pour le courant du mois de mars dans le 14e arrondissement, l’ouverture du Couvent de Reille occupe pleinement aujourd’hui le Druellois. Et à Paris, "que faire de plus" s’amuse Jérémy qui se désole franchement de la situation sanitaire.
"Venir à Paris demande des sacrifices que l’on compense normalement avec l’offre culturelle parisienne. Mais quitter ses amis, sa famille n’est pas facile. Et le manque est beaucoup plus prégnant en ce moment." Heureusement pour "l’Oustalien" logé à Bercy dans le fameux bastion aveyronnais de la capitale, l’Aveyron n’est jamais très loin. "Je le reconnais, c’est plutôt pas mal d’être ici, à l’Oustal. On se connaît tous plus ou moins. Forcément, on se sent moins seul."
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