La libraire Lady Long Solo, sanctuaire du CBD et bastion de la légalisation du cannabis

  • A l'intérieur de la librairie, les produits à base de CBD et les livres cohabitent.
    A l'intérieur de la librairie, les produits à base de CBD et les livres cohabitent. Louis Bolla
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Relaxnews

(ETX Studio) - La librairie Lady Long Solo, située rue Keller à Paris, est un sanctuaire de produits à base de CBD. Elle est aussi un lieu de militantisme, notamment en faveur de la légalisation du cannabis. Tout comme 80% des 250.000 des participants à la consultation citoyenne sur le cannabis récréatif qui s'est terminée le 28 février dernier. 


"Ici, c'est l'Ambassade des libertés". Derrière le comptoir de la librairie Lady Long Solo dans le XIème arrondissement de Paris, Farid Ghehiouèche, bénévole de 49 ans, pointe avec son index les infusions au cannabidiol (CBD). Les goûts sont multiples : orange sanguine, piña colada ou pêche.

Et c'est bien là, la spécificité de la librairie, fondée en 1995 par le journaliste et éditeur Michel Sitbon. Elle vend toutes sortes de produits à base de CBD, du cannabis sans sa substance psychotrope (0,2% maximum de THC). Sucettes, chewing-gums, grinders(objet servant à déchiqueter la fleur de cannabis) fabriqués avec du chanvre, et même des fleurs séchées pour les fumeurs, sont mis en valeur sur le comptoir. Iris, bénévole et étudiante en photographie, et François, un habitué, traînent dans la boutique. L'odeur de tabac embaume la pièce et les paquets à expédier s'empilent sur le bureau.

"On a été un peu contraints de revoir notre formule, car les livres ne se vendent pas trop", confie Farid. Depuis l'ouverture de la librairie en 1995, le cannabis est omniprésent dans les écrits qui jonchent les étagères aux côtés des Victor Hugo et Nietzsche. Alors la vente de CBD n'est qu'un prolongement de ce militantisme.

En France, la législation concernant la vente de ces produits reste dans un flou juridique depuis 2018 et les premières ouvertures de boutiques. Le 19 novembre 2020, la Cour de Justice Européenne a publié un arrêté jugeant les lois françaises illégales concernant la commercialisation des produits CBD. Alors ce qui n'est pas interdit est-il autorisé ?

Joint à la main, Farid, aussi président du collectif Cannabis Sans Frontières, commente l'actualité. Une mission d'information sur la réglementation et les usages du cannabis s'est clôturée sur une consultation citoyenne dimanche 28 février à l'Assemblée nationale. "J'espère que vous avez répondu au questionnaire", dit-il sérieusement. Lui, oui. Résultat : 80% des 253.193 personnes ayant répondu sont favorables à la légalisation du cannabis.

"Un lieu d'émulation"

La première cliente de l'après-midi vêtue d'une robe aux imprimés à fleurs pénètre dans la librairie pour acheter une infusion. Elle porte des sandales et "cherche quelque chose pour dormir". Iris lui présente les infusions et la rassure : "Cela va simplement vous détendre". Vendu.

Au 38 rue Keller, il y a certes du CBD, mais pas qu'uniquement. "C'est un lieu d'émulation où les projets et les idées se rencontrent", déclare Farid. Une étagère est dédiée aux livres sur le génocide rwandais, une autre sur les guides de la "ganja" et le reste est consacré aux livres des Editions Dagorno et des Editions du Lézard qui ont vu naître cette librairie.

Il en est passé aussi des écrivains, militants, réfugiés, journalistes et auteurs. Farid se souvient. Il y a trois ou quatre ans, la librairie a hébergé 18 réfugiés d'Asie centrale dans son local pendant plusieurs jours. Et il en passera encore. C'est ainsi qu'a été initié une partie du mouvement Nuit debout, tout comme l'association des cyber-journalistes ou le collectif Cannabis Sans Frontières. Il y a une certaine convergence des luttes dans cette "Ambassade des libertés".

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