Le manque de généralistes et de spécialistes inquiète à Decazeville

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Il n’est pas facile désormais d’attirer des médecins dans les départements ruraux. Les maisons de santé y contribuent. Repro CP - Illustration

Santé, Decazeville

Publié le 12/03/2021 à 07:01

GDM

Certes la situation n’est pas nouvelle, mais les départs en retraite s’étant multipliés, la problématique n’en est qu’exacerbée.

Decazeville, comme beaucoup d’autres petites villes et zones rurales en France, souffre face à la baisse de l’offre médicale, alors que la population âgée ne cesse d’augmenter. Entre 2018 et 2020, il y a eu plusieurs départs en retraite (docteurs Decock, Elbaz, Rieu, Vounatsos). Leur patientèle, nombreuse, s’est déversée sur les deux maisons de santé avec un engorgement. D’ailleurs, plusieurs médecins n’acceptent plus de nouveaux patients et le délai pour avoir un rendez-vous s’est plus ou moins allongé au fil des années. La maison de santé du 10-Août abrite huit docteurs, le centre de santé Filièris (place Cabrol) en compte quatre.

Les spécialistes

Et que dire des spécialistes sur Decazeville ? Il n’y a qu’à prendre un annuaire d’une douzaine d’années pour comparer. Nous avons désormais moins de dentistes, plus d’ophtalmologue, un seul rhumatologue-acupuncteur. Sachant aussi que les deux cardiologues vont bientôt prendre leur retraite, même chose pour le gastro-entérologue qui avait rejoint l’hôpital.

Seuls les gynécologues, kinésithérapeutes et les infirmières se maintiennent. On parle de "déserts médicaux" et de mauvaise répartition des professionnels de la santé.

Beaucoup de personnes s’inquiètent

La conseillère départementale Michèle Buessinger fait le point : "Le département travaille avec beaucoup d’énergie sur deux volets. Premièrement sur l’accueil des médecins généralistes avec l’atout des Maisons de Santé. L’Aveyron est un des rares départements ruraux où le nombre d’arrivées et légèrement supérieur à celui des départs. Certes, Decazeville communauté est sous tension.

Pour cela, nous accueillons des internes en médecine générale pour des stages de 6 mois et nous leur versons 300 € mensuellement pour les aider à se loger le temps du stage. Quant aux médecins qui décident de s’installer pour de bon en Aveyron, nous apportons aussi une aide à la famille.

Pour les spécialistes, c’est plus compliqué. Sur ce deuxième volet, je fais partie d’un groupe de travail avec notamment Hélian Cabrolier. Il y a peu d’internes en spécialités et les hôpitaux en ont besoin. L’idée de les recevoir eux aussi sous forme de stage fait son chemin, mais rien n’est simple".

Le cas des ophtalmologues

Michèle Buessinger explique les difficultés pour recruter les ophtalmologues : "Quand on parle des spécialistes, il faut avoir une vision globale des choses. Prenons le domaine de l’ophtalmologie que je connais bien. Aujourd’hui, il n’est plus possible de s’installer tout seul, ne serait-ce que pour le coût du matériel. J’espère qu’une solution va aboutir, nous y travaillons avec Chrystel Teyssèdre, chargée de mission au département. En attendant, les orthoptistes de la maison de santé de Decazeville collaborent avec les ophtalmologues de Rodez et Villefranche-de-Rouergue. Et un décret pourrait être bientôt publié qui autoriserait les orthoptistes à prescrire des verres, sous contrôle des spécialistes". Il faut comprendre que pour les personnes âgées, parcourir 40 km pour se faire soigner, ce n’est pas évident. Ajoutons tout de même que certaines spécialités sont assurées à l’hôpital de Decazeville, avec parfois des permanences comme en urologie. Enfin, la région Occitanie se bat aussi pour résorber cette "inégalité territoriale", comme préfère l’appeler le corps médical. Le partage d’expérience, par exemple, permet aux futurs médecins d’avoir une meilleure image des départements dits ruraux. En un mot, il faut se montrer attractif.