Aveyron : la visite de la ministre Agnès Pannier-Runacher n’a rien changé pour les salariés de Bosch
À l’instar des syndicats et des salariés, la ministre déléguée à l’Industrie a regretté le manque d’engagements du groupe allemand pour l’avenir du site de Rodez.
Le calme puis la tempête. Il est 15h40 quand les représentants syndicaux et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, sortent de la préfecture et d’un long échange avec la direction de Bosch et son PDG France, Heiko Carrie. Face à la foule et aux salariés de l’usine, Stéphane Puech, représentant CGT, donne rapidement le ton : "La réunion n’a strictement rien donné ! Bosch ne s’est engagé sur rien, on en est au même point que le 5 mars, jour de l’annonce des 750 suppressions d’emplois. C’est inacceptable…". Derrière lui, Agnès Pannier-Runacher vient également au-devant des manifestants. "Je suis avec vous, je veux vous le dire les yeux dans les yeux", lance-t-elle, au micro, avant que sa voix ne s’éteigne sous les sifflets et autres quolibets des salariés de l’usine, laissant éclater leur colère après plusieurs heures de manifestation dans le calme.
"Je ne laisserai pas cette usine disparaître"
Avant de reprendre la direction de Paris, Agnès Pannier-Runacher a martelé, devant la presse, qu’à la suite de ces deux réunions, "le compte n’y était toujours pas". Et d’expliquer : " Le maintien de 500 salariés sur le site en 2027 n’est aujourd’hui pas crédible sans un véritable projet industriel. Et Bosch n’a pas apporté de garanties suffisantes à ce sujet comme sur celui de zéro départ contraint. Désormais, il faut passer en mission commando et accélérer les discussions. Je ne laisserai pas cette usine disparaître de Rodez. Elle doit rester un fleuron du territoire".
"L’usine compte seulement 130 salariés de moins de 40 ans, quel avenir avons-nous ? Notre site est voué à disparaître en 2028 ! On n’a aucun projet, rien…", s’est pour sa part inquiété Cédric Belledent, représentant Sud, regrettant également le manque d’engagements de la direction de Bosch lors de cette journée. À l’instar de la ministre, le représentant syndical n’a "pas du tout" été convaincu par les diverses pistes de diversification présentées par le groupe allemand, se félicitant lui "d’un engagement conforté pour l’avenir du site".
L’usine mère de l’hydrogène pour camions frigorifiques
Parmi ces pistes, Heiko Carrie a annoncé son souhait de confier au site de Rodez la responsabilité globale de l’industrialisation d’une solution hydrogène innovante pour les containers frigorifiques, déjà en phase de développement sur le site. Rodez serait ainsi chargée de la définition des process et des standards en vue d’une potentielle production sur le site. L’usine intégrera le réseau mondial d’usines du groupe travaillant sur la thématique de l’hydrogène.
Une porte de sortie du diesel, toujours plus englué dans une crise sans précédent ? Non, pour Agnès Pannier-Runacher : "Cette piste fait sens mais on se doit d’être exigeant avec Bosch. Face à ces projets, le groupe doit mettre des investissements, faire connaître ses clients, son calendrier et le nombre d’emplois que cela pourrait apporter".
"L’hydrogène, ça ne représente rien en termes d’emplois aujourd’hui. Si on en est là aujourd’hui, c’est à cause de vous Mme Pannier-Runacher et du gouvernement qui, comme le précédent, a tué le diesel", ont réagi pour leur part plusieurs salariés, tout juste mis au courant de ce projet par la ministre en personne. "Je reviendrai à Rodez dans les trois mois à venir pour une nouvelle réunion si les conditions sanitaires le permettent", a-t-elle promis, indiquant qu’il était temps "de passer en mission commando". En attendant, les salariés de Bosch ne semblent pas plus avancés aujourd’hui qu’hier. Et demain ?
Quelles suites ?
"Le combat débute aujourd’hui", avaient lancé les syndicats avant la journée d’hier. Particulièrement déçus des différentes entrevues, ces derniers réuniront dès ce lundi les 1200 salariés de l’usine pour décider des futures actions à mener. De son côté, Agnès Pannier-Runacher a appelé de ses vœux une réunion mensuelle avec la direction sur les avancées, tout en promettant de revenir à Rodez dans les prochains mois. le bras de fer ne fait que débuter.
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