Lescure-Jaouls : ondes de choc au pays du Cheval du Roi

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  • Le pylône doit être construit à droite de la borne. À l’horizon, se profile le village de Lescure-Jaoul./Photo DD
    Le pylône doit être construit à droite de la borne. À l’horizon, se profile le village de Lescure-Jaoul./Photo DD DDM
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GDM

Un pylône gigantesque, en vue de l’implantation d’une antenne, devrait être érigé à quelques encablures du village de Lescure-Jaoul. Les habitants s’insurgent.

Lescure-Jaoul, 229 habitants, son église néogothique et son mégalithe en forme de dos-d’âne qui a pris pour nom "le Cheval du Roi". Un "Point sublime", aussi, d’où le promeneur s’émerveille à 620 m d’une vue poignante sur le Viaur… Bref, un petit coin de bonheur qui fleure bon le Ségala et l’Aveyron Vivre Vrai.

Pétition contre le projet

Et pourtant, c’est justement là, au lieu-dit "Le Claux" que les vendeurs d’ondes ont choisi d’implanter un pylône, et pas n’importe lequel : "42 mètres ! Ce sera le plus haut du secteur, comme l’indique la Carte éditée par l’ANFR. Il faut aller dans le Tarn pour trouver une antenne 4G qui culmine au-dessus", tempête Baptiste Genniaux qui habite tout à proximité et qui a fait réaliser par un ami une étude d’impact paysager. "Cette pollution visuelle va durablement impacter notre cadre de vie, d’autant que l’antenne se situera à côté d’un centre équestre et d’un parc d’élevage bovin". Un collectif a donc été créé et une pétition lancée contre ce projet, laquelle compte déjà 160 signatures. Car les habitants déplorent un manque total de concertation : "Nous n’avons jamais été consultés pour ce projet initié le 29 décembre 2020 et c’est le panneau de déclaration de travaux qui nous a mis la puce à l’oreille en février". Comble de stupeur, les habitants ont appris que la Société ATC (American Tower Corporation), spécialisée dans l’hébergement Télécom qui a déposé la demande d’autorisation, louait le terrain, érigeait le pylône, avant même de démarcher l’opérateur susceptible d’être intéressé !

C’est un fait : la loi Elan, promulguée en novembre 2018, n’impose pas plus d’exigences que pour l’installation d’un abri de jardin, elle ne requiert pas même une demande de permis de construire. Et peu importe la hauteur, pourvu qu’elle n’excède pas 20 m2 d’emprise au sol ! Contactée par nos soins, la société Gineste, propriétaire du terrain, a déclaré qu’elle n’avait rien à dire.

"La faute augouvernement qui traque les zones blanches"

Selon le maire de Lescure-Jaoul, François Garric, les choses ont été faites en règle. "Nous avons suivi la procédure légale. ATC a déposé une demande d’autorisation préalable de travaux et l’instruction a suivi son cours sans qu’aucune opposition ne se manifeste au sein des institutions. Il n’y a par ailleurs pas lieu de lancer une consultation publique. Sur trois ou quatre propriétaires démarchés dans le périmètre visé par le constructeur, un seul a accepté de louer son terrain. Par la suite, j’ai reçu les opposants, quatre ou cinq fois. Pour l’essentiel, ceux-ci s’insurgent contre la hauteur du pylône et son impact sur le paysage mais je ne vois guère où positionner une antenne ailleurs que sur une crête".

Lueur d’espoir

Et le premier édile de soulever ce paradoxe : "Les gens se dressent contre les antennes-relais mais veulent bénéficier de la 4G. Il faut savoir que dans le village, il y a encore des maisons qui n’ont absolument pas de réseau. Et c’est bien le gouvernement qui a décidé de supprimer toutes les zones blanches".

Pour les opposants, subsiste une lueur d’espoir : selon la loi, la construction ne se fera que si deux opérateurs répondent favorablement à la demande…

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