Rodez : militants pour le climat et Manif pour tous face à face
D’un côté, la marche pour le climat. De l’autre, La Manif pour tous. Deux manifestations, aux revendications bien distinctes, qui n’ont eu d’autres choix que de battre le pavé face à face, hier matin dans les rues de Rodez.
Il est des rencontres pour le moins incongrues qui en d’autres temps, ou en d’autres lieux, auraient certainement tourné au vinaigre… Samin matin, l’habituel marché du samedi dans le centre-ville de Rodez a connu une agitation toute particulière, quand vers 11 h 30, place Charles-de-Gaulle devant la préfecture, deux manifestations aux sensibilités politiques et sociétales bien différentes, n’ont pu faire autrement que de se croiser.
D’un côté, La Manif pour tous, dont on ne présente plus le combat contre le mariage et l’adoption par les couples d’un même sexe, la PMA ou encore la GPA et qui a, bien avant les "gilets jaunes", défrayé la chronique sur le pavé parisien. Ses militants étaient une dizaine, hier matin.
Des insultes de part et d'autre
De l’autre, la marche pour le climat, appuyée par plusieurs organisations politiques (Europe Écologie-Les Verts, La France Insoumise…) et mouvements de lutte dont l’étiquette penche à gauche. Ce cortège était fort de 400 personnes selon les organisateurs, 200 selon la police. Il s’est élancé de l’esplanade des Rutènes, avant de rejoindre le centre-ville, le marché et… la place Charles-de-Gaulles, où les militants de La Manif pour tous s’étaient réunis quelques minutes plus tôt. "Allez, allez avancez, on ne reste pas là !", ont alors exhorté les leaders de la marche pour le climat en voyant l’autre manifestation. "Ils me dégoûtent", a lancé une première manifestante écologiste avant que chaque camp, à distance, s’échange quelques amabilités. "Fachos", "réacs", d’un côté ; "Gauchistes", "Il y en a marre d’entendre que vous !", de l’autre. De quoi faire sourire un passant, au milieu de l’agitation : "La préfecture de l’Aveyron aime jouer avec le feu, ailleurs ça aurait fini en pugilat."
Le Sidaction également sur place
À peine l’échange entre les deux cortèges fut terminé que du côté de La Manif pour tous on a dénoncé de nouvelles insultes, cette fois de la part de bénévoles du Sidaction, présents également sur le marché ce samedi… Ambiance, ambiance. "Nous sommes habitués à ce genre de réactions, c’est dommage car je suis persuadée qu’on pourrait tous tomber d’accord", souffle l’une des porte-paroles du mouvement, souhaitant conserver son anonymat. "Appelez-moi Marina, cela suffira. Je ne suis pas du département, je viens en soutien", répond-elle, peut-être par crainte de "se faire emmerder par les gauchos", comme le dira l’un de ses camarades, passablement énervé d’entendre les sifflets de l’autre cortège cachant les divers slogans entonnés par La Manif pour tous : "Un enfant sans père, la rue dit non", "PMA, GPA, on n’en veut pas", "de cette société-là, on n’en veut pas".
Bosch, le diesel….
"Et un, et deux et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité", chantaient, pour leur part, les manifestants de la marche pour le climat tirant la sonnette d’alarme sur une autre loi : celle nommée "Climat et résilience", au programme de l’Assemblée nationale ces prochains jours. "C’est le dernier texte du quinquennat consacré à l’environnement et il est très loin de l’ambition requise pour répondre à l’urgence écologique et atteindre les objectifs que la France s’est fixée", ont expliqué les organisateurs qui, en remontant l’avenue Victor-Hugo vers le centre-ville, se souvenaient qu’il y a tout juste une semaine, dans ces mêmes rues de Rodez, plus d’un millier d’ouvriers de l’usine Bosch manifestaient, eux, pour sauvegarder leur emploi en dénonçant et en rappelant que "l’écologie punitive" avait précipité la chute du diesel et de l’usine… "On était présent à leurs côtés également, tient à préciser Guillaume Halb. Si nous sommes opposés au diesel, nous sommes avant tout pour la diversification des industries. Bosch a sa propre logique et les gouvernements n’ont pas anticipé ces changements, les ouvriers n’y sont pour rien. La transition écologique peut créer 300 000 emplois d’ici à 2030."
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