Aveyron : contre le projet de la Politique agricole commune, une explication de terrain

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  • Stéphane Mazars en visite hier sur l’exploitation de Pauline Cestrières, sa suppléante à St-Amans-des-Côts.
    Stéphane Mazars en visite hier sur l’exploitation de Pauline Cestrières, sa suppléante à St-Amans-des-Côts. oc
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Olivier Courtil

Le député Stéphane Mazars s’est rendu hier chez sa suppléante, Pauline Cestrières, éleveuse à Saint-Amans-des-Côts, pour rendre compte des effets dramatiques du projet de la réforme.

Après la manifestation jeudi dernier à Clermont-Ferrand auprès de la FDSEA et des JA, Stéphane Mazars, député de la première circonscription de l’Aveyron, poursuit son action contre le projet de réforme de la Politique agricole commune (Pac). Pour cette raison, il s’est rendu chez sa suppléante, Pauline Cestrières, éleveuse à Saint-Amans-des-Côts. "Je suis député de la majorité et je salue le Président de la République qui a maintenu le budget de la Pac au niveau européen et mène une politique très volontariste pour la ruralité en relocalisant des services publics et en s’opposant à la fermeture des écoles. Mais nous entrons dans une phase qui dépasse le cadre politique avec un enjeu territorial", a indiqué, en préambule, le parlementaire, rappelant avoir signé une tribune avec soixante parlementaires issus de tout bord politique mais ayant en commun la zone montagne.

Rien de mieux qu’une explication sur le terrain, sur l’exploitation même de sa suppléante qui a les deux casquettes d’agricultrice et d’élue, pour se rendre compte des effets néfastes que pourrait avoir la réforme. Pauline Cestrières, travaille en Gaec, à cheval sur les communes de Montézic dont elle est maire, et Saint-Amans-des-Côts avec son époux Christian et un salarié, pour élever cent vaches allaitantes. Les femelles, croisées aubrac charolais, servent pour le label Fleur d’aubrac et les vaches de réforme pour le Bœuf fermier aubrac Label rouge, tandis que les veaux partent pour l’Italie. La crainte est de perdre l’aide couplée de 161 € par vache allaitante pour passer à une aide de 81 € avec l’Unité gros bovin (UGB) soit une perte annuelle de 9 000 €. "En étant payé 1 à 2 € de l’heure, comment voulez-vous inciter les jeunes à s’installer ?", soulève son époux.

Dégâts économiques et paysagers

Au-delà du volet financier, l’éleveuse qui est donc aussi élue, pointe du doigt le risque de perte économique sur le territoire en ne permettant pas le renouvellement des générations, ainsi que l’impact environnemental avec un territoire qui se ferme. "J’ai une fille de 13 ans qui se projette sur place. Si j’applique le projet de réforme, j’achète des céréales pour engraisser davantage ou bien je licencie mon salarié donc perte d’emploi localement, je vends l’estive que nous avons sur le Cantal qui ne servira plus, cela devient une usine à vaches. Sans parler dans dix ans, où acheter alors mes animaux ? Arrêtons de jouer aux apprentis sorciers, notre modèle a une vertu environnementale qui participe à l’aménagement du territoire, et touche aussi au tourisme."

Reste à convaincre le ministre de l’Agriculture qui organise ce mardi une conférence en visio, à laquelle prendra part Stéphane Mazars "pour éviter l’épée de Damoclès avec la fin du pastoralisme et créer un désert démographique." Une opportunité supplémentaire pour être entendu sachant que le temps presse. La décision est attendue mi-avril. "Et on ne pourra pas dire que c’est la faute de l’Europe qui laisse à chaque pays sa façon de s’organiser", prévient Pauline Cestrières.

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Les commentaires (1)
Vilain Il y a 3 années Le 30/03/2021 à 06:40

Mazars ou l'Art de parler pour ne rien dire!
La Politique agricole a été mise à mal non pas par par PAC , mais par la politique Française menée par la majorité actuelle en particulier par l'ex Ministre Didier Guillaume qui à fait de la figuration politique . Le député Mazars politicien ferait mieux de se remettre en cause plutôt que de désigner un bouc émissaire.Mais là, c'est autre chose !!!.