Aveyron : une étape décisive pour la reconnaissance du pérail

  • Si tout va bien, le fromage pourrait obtenir son IGP dansle courant de l’année 2020.
    Si tout va bien, le fromage pourrait obtenir son IGP dansle courant de l’année 2020. Archives ML
Publié le , mis à jour
RICHAUD Guilhem

Au début du mois d’avril, le dossier de demande d’Indication géographique protégée porté par l’Association Pérail passera devant la commission nationale, à Paris. Avec l’espoir d’une réponse en 2022, vingt-cinq ans après le début du combat.
 

Le combat continue. Il a commencé en 1996 et n’est pas près de s’achever. Pendant pas loin de 25 ans, sous l’impulsion de Jean-François Dombre, le pérail s’est battu pour obtenir une appellation d’origine protégée. En 2019, après des années de combat, l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) a définitivement refusé cette demande, estimant que ce palet de brebis n’avait pas sa place "dans l’univers des AOP". Un sérieux coup dur pour le promoteur "historique" de la démarche et pour tous les acteurs d’une filière qui se développe et qui prend de plus en plus de poids dans le paysage de l’agroalimentaire aveyronnais.

Mais les membres de l’Association Pérail, qui porte cette demande, n’ont pas pour autant renoncé. Jean-François Dombre a passé la présidence à Sébastien Leclercq, par ailleurs patron des fromageries Papillon et le combat a repris. " Au moment de son refus, l’Inao avait indiqué qu’il était souhaitable que le pérail bénéficie tout de même d’un système de protection et avait proposé de transformer la demande d’AOP en une demande d’IGP (Indication géographique protégée, NDLR) ", détaille Sophie Lucas, cheffe de projet défense et promotion du pérail. Face à cette situation et bien consciente qu’après quasiment un demi-siècle de travaux il n’était pas raisonnable de demander aux porteurs de s’engager dans une longue lutte, l’Inao s’était alors engagée à faire en sorte que le dossier soit rapide. Et visiblement, elle tient parole.

Une commission d’enquête

À l’automne 2020, le temps de s’organiser, l’association a déposé sa demande officielle, avec un cahier des charges remis au goût du jour, car celui de l’AOP datait un peu. Dedans, la zone de production du lait n’évolue pas, elle reste essentiellement aveyronnaise (et un peu dans le Tarn, la Lozère, l’Hérault et le Gard, comme pour le roquefort), mais il y a eu quelques adaptations par rapport aux attentes sociétales de la part des consommateurs, notamment avec la prise en compte de garanties en termes de bien-être animal et de notions environnementales. Sur la partie élevage, quelques changements dans l’alimentation des bêtes ont également été pris en compte. Très rapidement après le dépôt du dossier, l’Inao a demandé à l’association de faire quelques ajustements, qui ont été soumis, à nouveau, au mois de décembre, et validés dans la foulée. La prochaine étape, donc, est programmée pour le 8 avril prochain. C’est ce jour-là, qu’à Paris, la demande de reconnaissance en IGP sera présentée au comité national.

Dans la foulée, une commission d’enquête devrait être nommée et viendra sur place en Aveyron, visiter des exploitations, mais aussi des fromageries, pour vérifier la véracité du cahier des charges. Un contrôle technique qui doit vérifier que ce qu’affiche l’association dans son dossier est bien conforme aux pratiques des éleveurs et des transformateurs. Une étape qui devrait, si tout va bien, n’être qu’une simple formalité, tant le dossier est affiné depuis longtemps. Dès qu’elle sera passée, le dossier sera une nouvelle fois regardé par le comité national, validera définitivement la demande. Du côté de l’Association Pérail, on espère une obtention d’ici à un an. Vingt-six ans donc après le début d’un combat que personne, à l’époque, n’imaginait aussi long.

Dix millions de fromages vendus chaque année dans le monde entier

Chaque année, ce sont environ 1 150 tonnes de pérail qui sont produites sur le territoire de l’Aveyron et des départements voisins (Lozère, Tarn, Hérault, Gard). Cela représente 10 millions d’unités. Depuis quelques années, il n’est plus essentiellement un fromage local, avec une distribution nationale, et même 17 % d’export à l’international.

En tout, ce ne sont pas loin de 1 000 exploitations de brebis qui participent à la production du lait, sur la zone des cinq départements, pour les treize fromageries qui le produisent. Six d’entre eux sont des producteurs fermiers (le Gaec des Truels du Larzac, à Millau, l’EARL de Lou Fernandou, à Nant, le Gaec Ferme de la Blaquière, à Verrières, le Gaec Boutet-Puech, à Prades-de-Salars, le Gaec de Faral, à Vezins-de-Lévézou, le Gaec de la Sarrette, à Lestrade-et-Thouels), cinq des entreprises laitières de moins de 100 salariés qui disposent des laits de leurs propres fournisseurs (Fromabon, Les Artisous, et les Bergers du Larzac à La Cavalerie ; la fromagerie de Hyelzas, à Hures-la-Parade, en Lozère et Autour du buis des Cabasses Fromagerie, à Verrières). Les deux derniers fabriquent également du Roquefort (Société des caves, avec le Lou Pérac, et Papillon avec le Pérail Papillon).

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