Pour le commerce en Aveyron, "savoir se fédérer, c’est le moteur de la solidarité"

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  • L’ensemble du bureau, désormais élargi, pour la nouvelle mandature.
    L’ensemble du bureau, désormais élargi, pour la nouvelle mandature. C.C.
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Christophe Cathala

La fédération des commerçants et artisans de l’Aveyron, 12e Sens, est à la croisée des chemins après avoir résisté autant que possible à la crise sanitaire et économique. Et rappelle l’importance de faire vivre une solidarité, gage d’une nouvelle dynamique.

En zone urbaine comme en zone rurale, le petit commerce vient de passer une année dans la tourmente. "Et le mot solidarité est essentiel dans la période actuelle", rappelle Michel Alibert comme un viatique à la rémission collective. Le président de 12e Sens, Fédération des associations de commerçants et artisans de l’Aveyron, le martèle à l’heure de l’assemblée générale de cette véritable institution aveyronnaise dont il préside aux destinées depuis dix ans.

Ce lundi à la CCI, c’est en "présentiel" que l’assemblée s’est déroulée, comme pour tromper la situation commune qui freine le lien social. Qu’à cela ne tienne, 12e Sens est, comme l’ensemble des adhérents, à la croisée des chemins. D’abord parce que toutes les animations et activités programmées depuis douze mois n’ont pu, à de rares exceptions près, avoir lieu : une participation remarquée au salon du Fabriqué en Aveyron qui, en septembre, est passé entre les gouttes du deuxième confinement. Et l’opération "Acheter aveyronnais, on a tous à y gagner", qui a consacré la relation de proximité avec une clientèle qui redécouvre les atouts des circuits courts, dans quelque domaine que ce soit…

Lisibilité et numérique

"Cela nous tire vers le haut et dynamise ce que l’on fait", plaide Michel Alibert qui, avec son équipe, se démène pour donner à la seule fédération aveyronnaise des commerçants et artisans indépendants une lisibilité que bouscule désormais une situation sanitaire difficile à gérer. Et qui rebat les cartes, notamment dans le domaine de la vente sur internet, devenue le nerf de la guerre. Pour autant, le numérique est inscrit dans les gènes de 12e Sens depuis bien avant la crise. Avec des fortunes diverses, il est vrai. "On a pensé à l’époque déjà que les commerçants aveyronnais n’étaient pas prêts. Avec la CCI, avec Sismic, mais aussi des associations comme Cassiopée à Rodez, on a pu s’appuyer sur des prestataires professionnels du net. On a créé un site, une adresse mail, une page Facebook pour relayer toutes les associations, expliquer les aides et les informations réglementaires. Et puis est venu Agatchako, un grand projet de notre fédération…".

Un projet aujourd’hui laissé de côté après deux ans d’existence, "car les commerçants ne l’ont pas animé", constate Michel Alibert. au point que le contrat a été rompu avec Linov, l’opérateur de cette application pourtant novatrice. "Mais le grand mérite de cette aventure a permis à une centaine d’entreprises aveyronnaises d’avoir un site et à 200 000 clients de faire leurs achats. Et surtout de nous montrer quelles étaient les lacunes du numérique, voir ce qui ne marchait pas". Et le numérique reste au cœur des projets pour les mois à venir, alors qu’Agatchako n’est que partie remise et pourrait bien un jour rebondir, la fédération restant propriétaire de la marque…

Partenariats

D’autres projets n’attendent eux aussi que des jours meilleurs, à l’instar du partenariat avec la fédération des amicales des Aveyronnais d’Ici et d’Ailleurs avec laquelle une convention a été signée, pour être présent sur tous les rendez-vous, dans la capitale et au-delà. "380 000 Aveyronnais vivent hors du département, il faut les convaincre d’acheter chez nous !", lance Michel Alibert qui espère que le marché de Bercy d’octobre 2021 consacrera à Paris la présence 12e Sens.

Des partenariats, la fédération en déploie. Avec EDF "Un territoire, une rivière" dont le directeur Alain Picasso loue l’intérêt partagé " autour du commerce de proximité garant de l’attractivité du territoire ", de la fondation Face qu’il dirige également en Aveyron, mais aussi du Crédit Agricole, de Via Santé, de Groupama, de la CCI " qui soutien les actions mais ne contribue pas au budget ", comme le précise son président, Dominique Costes.

Budget en berne

Et sur ce point, l’année 2020 a été meurtrière pour les finances de la fédération qui a perdu 60 % de ses ressources faute de pouvoir organiser des activités et doit se relever de quelque 16 000 € de déficit budgétaire, assoupli il est vrai d’une trésorerie préservée "fruit d’une gestion à l’aveyronnaise".

D’autres activités ont pu être menées à terme l’an passé malgré cette adversité économique comme notamment la plateforme destinée à venir en aide aux commerces fermés sur décision de l’État. "Il est important de rester solidaires, de ne pas avancer seuls mais ensemble. Savoir se fédérer c’est le moteur de cette solidarité", exhorte Michel Alibert.

Qui peut, au sein de la fédération compter sur le soutien notamment d’Anne Blanc, députée de la deuxième circonscription, venue à l’assemblée de 12e Sens rappeler que l’action politique est au chevet des commerçants, elle qui, à l’Assemblée nationale est membre de la commission des affaires économiques et de la commission nationale des aménagements commerciaux dont elle devrait bientôt prendre la présidence…

Il n’en demeure pas moins que la complexité du contexte actuel a laissé des traces, certaines associations, démobilisées, quittant la fédération aveyronnaise, d’autres "très mobilisées", la rejoignant.

La proximité, un atout

Une situation "disparate" qui ne doit pas faire oublier que tout le monde, finalement, tire dans la même direction, celle de l’avenir d’un commerce pour lequel les cartes ont été rebattues, la proximité étant aux yeux de la clientèle un atout révélé par la crise.

C’est le moment d’en prendre conscience, 12e Sens en est convaincu en poussant les fers de nouveaux projets, notamment autour de cartes de fidélité privilégiant les commerçants locaux (lire par ailleurs).

Et pourquoi ne pas voir plus loin. En relançant par exemple l’Union régionale des commerçants "pour concevoir des projets ensemble" ou en adhérant à la Fédération des commerçants de France "pour mieux communiquer".

Des pistes, encore et toujours pour ne laisser personne au bord du chemin, surtout pas, dans son entier, un commerce aveyronnais qui a plus que jamais besoin de se serrer les coudes.

LE CHIFFRE

1 200

C’est le nombre de commerces et d’entreprises artisanales que réunit en Aveyron la Fédération 12e Sens, en une quinzaine d’associations. Ce qui représente également, peu ou prou, 4 000 emplois dans le département. "C’est la plus grande galerie marchande de l’Aveyron", dit en riant Michel Alibert. Les 15 associations adhérentes sont celles de Decazeville, Espalion, Laissac, Laguiole, La Primaube, Millau, Nant Pont-de-Salars, Réquista, Rodez, Saint-Affrique, St-Geniez, Sévérac-le-Château, Villefranche-de-Rouergue, Villeneuve-d’Aveyron.

Pour 2021

Recréer une dynamique départementale, remobiliser les associations autour de la fédération est au cœur des orientations à venir de 12e Sens. Le commerce numérique, mais aussi la lisibilité des actions auprès des adhérents sont un leitmotiv, au même titre que la poursuite de partenariats qui concrétisent l’aide au commerce de proximité.

Concrètement, la mise en place de chèques cadeaux, cartes de fidélité, au niveau départemental est en bonne voie, avec le soutien d’entreprises aveyronnaises appelées à distribuer ces chéquiers auprès de leurs salariés. le démarchage est en cours, la période est propice à mettre dès à présent cette bonne idée en route…

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