Sam à Viviez : CIE Automotive en sauveur ou en bourreau ?

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  • David Gistau, Ghislaine Gistau et Sébastien Lallier. / Photo BHSP.
    David Gistau, Ghislaine Gistau et Sébastien Lallier. / Photo BHSP. DDM
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Faut-il se réjouir de l’offre de reprise de la société viviézoise Sam, déposée le 8 mars par le groupe espagnol CIE Automotive ? Ou bien la craindre ?

Tout dépendra en réalité du contenu du plan de reprise, pour lequel les négociations sont en cours. Avec trois dates clés : le 8 avril, CIE peut décider de stopper ou proroger son offre. S’il ne la proroge pas, cela signifiera qu’il n’y aura plus d’offre. Le tribunal de commerce de Toulouse pourra alors décider de poursuivre la période d’observation jusqu’au 10 juin ou prononcer une liquidation judiciaire.

Si l’offre est maintenue, les administrateurs judiciaires se présenteront le 7 mai devant le juge-commissaire avec le bilan comptable et un plan de redressement. Ces éléments seront ensuite examinés en audience fixée le 21 mai. Le plan de reprise sera alors accepté ou non.

Pour l’heure, les négociations se poursuivent âprement. Après la troisième réunion en visioconférence, jeudi 1er avril, les représentants CGT du personnel (Ghislaine Gistau, Sébastien Lallier et David Gistau) font part de leurs craintes : "Nos craintes se confirment. Après avoir un temps refusé les 10 millions supplémentaires de Renault obtenus lors de la table ronde, CIE les accepte, mais ne veut pas les traduire par 50 emplois de plus repris selon le ratio établi de 200 000 € de chiffre d’affaires par salarié, tout au plus une trentaine. CIE dit aussi ne pas vouloir percevoir d’aides publiques, notamment d’un plan de formation permettant de garder des salariés dans l’entreprise sans en assumer la charge financière, ou de bénéficier de 800 000 € du plan de relance, ce qui permettrait d’investir dans de nouvelles presses ; pourtant, CIE Compiègne va percevoir 800 000 € dans le cadre du plan de relance. Et quel patron refuserait réellement des aides publiques dans le cadre de la relance ou de la formation ?", soulignent les représentants du personnel.

"La stratégie espagnole de développement de Renault"

Les mêmes ajoutent : "Par ailleurs, CIE vient de se voir attribuer par Renault l’usinage des pièces produites par FVM, mais a confié cet usinage jusqu’alors effectué par Sam (5 millions d’euros de chiffre d’affaires par an ainsi perdus) à une entreprise située en Roumanie. Le coût du transport entre Viviez et Valladolid en Espagne est de 750 € par camion (845 km) contre 2 800 € par camion entre Pitesti en Roumanie et Valladolid (3 209 km). On est loin du développement durable… Tout cela est inquiétant, surtout à la lumière des récentes déclarations fin mars de Luca de Meo, le patron de Renault, sur la stratégie du groupe en Espagne où seront produits 5 nouveaux modèles. Renault va injecter 12 milliards d’euros dans l’économie espagnole d’ici 2025 créant ainsi 1 000 emplois stables. CIE fait partie de cette stratégie espagnole de développement. Renault lui a déjà confié en 2020, 50 à 70 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une stratégie espagnole alors que Renault a perçu 5 milliards du plan gouvernemental de relance ; lequel gouvernement dit vouloir relocaliser de l’activité et des emplois en France ! Où est la cohérence ?".

Les représentants du personnel de Sam se font assister par un avocat (cabinet Denjean) et un expert-comptable (cabinet Méric) : "Selon leur analyse, Sam est bien tourné vers l’avenir en ayant pris le virage de l’électrique. Si nous devenons un simple atelier de production pour CIE, ce sera sans doute à terme la fermeture si les références sont peu à peu retirées de Sam pour partir vers d’autres sites de CIE, Espagne, Roumanie ou ailleurs".

C’est avec amertume et colère que les représentants du personnel constatent : "En 2007, le groupe Arche comptait 2 200 salariés, 1 900 en 2011. Alfisa n’existe plus, FVM est en danger. Et Sam risque de tomber à 175 salariés ! On ne peut pas accepter cela !".

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Les commentaires (1)
Anonyme13114 Il y a 3 années Le 03/04/2021 à 09:30

Nul ne sait si CIE Automotive pourra sauver ce qui va subsister de SAM, en revanche on est sûr que la CGT ne servira à rien (bien au contraire) dans la survie de cette entreprise.