Flagnac : voyage au cœur de l’œuvre d’André Stengele

  • André Stengele travaille sur une presse qu’il dit témoin  de l’œuvre séculaire de nombreux artiste lithographes.
    André Stengele travaille sur une presse qu’il dit témoin de l’œuvre séculaire de nombreux artiste lithographes. Repro CP - F. Teulières
Publié le , mis à jour
Zoé Mouret

Le travail de l’artiste graveur installé à Flagnac révèle un univers fascinant.
 

Le département est décidément riche en personnages hors normes. André Stengele, qui incarne Jeannou, l’émouvant paysan-conteur dans le spectacle « Hier un village » sur le site de Flagnac, village où il réside, est de ceux-là. Convoyeur d’une multitude d’oiseaux chargés de messages à décrypter, artiste graveur dans la lignée de la pensée baudelérienne, confident par-delà les siècles des secrets rimbaldiens, ce maître de l’eau-forte, de la gouge, ou du pinceau, s’adonne à faire vivre par le biais de son art, les rêves, les paysages cabossés par l’histoire, les angoisses qui l’habitent. Depuis de longues années, en effet, la gravure est son langage.

Quand l’artiste se transforme en magicien

Au fil des expositions qu’il propose dans différentes régions du pays, André Stengele livre les différentes facettes de sa pratique de l’estampe : lithographie (dessin sur pierre, du mot grec lithos), sur bois, sur schiste ou sur lino, la gravure sur métal (cuivre ou zinc), ce dernier procédé étant plus généralement connu sous l’appellation générique de « gravure à l’eau-forte » car les produits le plus souvent utilisés pour attaquer ces métaux sont des acides très corrosifs et donc à manipuler avec la plus grande prudence.
Découvrir l’œuvre achevée est une chose. La puissance du sujet, la force des reliefs, la délicatesse des dégradés signent la maîtrise de l’artiste et aiguisent la curiosité du spectateur. L’oiseau perché sur le squelette d’un bâtiment effondré, couvant de son regard l’oisillon perdu devant ce monde sans avenir, la fuite, comme éperdue, de visages taraudés par le temps, les formes douloureuses d’un être crucifié, toutes ces images vont droit au cœur du spectateur.
Mais cheminer dans le vaste atelier de l’artiste, suivre pas à pas l’être concentré des mains duquel émergera l’œuvre achevée est un voyage inoubliable dans un monde totalement illisible au départ et qui, peu à peu prend sens et s’anime au fur et à mesure de l’avancement du travail.
Harnaché d’un grand tablier noir ceint autour de la taille, l’artiste, peu à peu, se transforme en magicien. Encrer la plaque de cuivre sur laquelle le dessin et l’acide ont porté le motif, doucement essuyer l’encre pour retrouver le fond blanc, puis lentement, caler avec exactitude le papier choisi pour l’impression avant de faire progresse à la main le rouleau-presse qui va permettre au papier d’accueillir le dessin.
Enfin, découvrir l’œuvre imprimée, décpouverte qui procure tension et émotions. Sur une table, ailleurs dans l’atelier, d’imposants cubes de calcaire luisant semblant avoir été taillés au cordeau, et plus loin, une immense machine, comme sortie tout droit d’un musée d’autrefois.

« Magnifique, bouleversant »

« C’est la presse qui me sert à réaliser mes lithographies explique l’artiste. Témoin inestimable, à elle seule, du travail séculaire d’artistes lithographes ». Devant un spectateur fasciné par une œuvre mêlant des oiseaux aux regards effarés et des visages humains aux expressions contradictoires, André Stengele commente : « Les oiseaux sont pour moi, une des expressions de l’Humain. Des êtres tout à fait particuliers, positifs, épris de liberté. Ils peuvent s’échapper, prendre du recul par rapport à une situation. Chacun sait qu’actuellement les oiseaux sont menacés. L’humanité aussi ne pensez-vous pas ? »
« Et cette œuvre-là, reprend le spectateur, pourquoi cet amas de poutrelles métalliques jouxtant les murs d’une usine décharnée où semble errer un oiseau devenu fou ? »
« Mes oiseaux sont tragiques. Enfant, j’ai grandi entre la Belgique et la France. Dans ces années-là, la Wallonie, c’était une catastrophe ambulante au croisement du fiasco colonial et du fiasco industriel. Mes oiseaux sont porteurs de ma vision actuelle du monde… »
« Magnifique, bouleversant », murmure le spectateur en s’éloignant. André Stengele, un artiste à découvrir. Un graveur philosophe ?
 

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