La grotte de Foissac, un joyau préhistorique aux secrets bien gardés

  • Arrêtées en 1988,  les fouilles n’ont jamais repris.
    Arrêtées en 1988, les fouilles n’ont jamais repris. Repro CP - Aëlia Abad
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Centre Presse Aveyron

Étudiants en Licence d’histoire à l’Institut national universitaire Champollion d’Albi, Manon Fulachier et Quentin Calmeau devaient écrire un article dans le cadre de leur enseignement sur la valorisation du patrimoine et les humanités numériques. La première citée a opté pour la grotte de Foissac et le second l’abbaye de Bonneval.
 

Depuis plusieurs mois, la culture est difficilement accessible ; nous ne pouvons plus voyager et visiter des endroits qui, petits comme grands, nous font rêver.
Aujourd’hui, nous allons vous faire découvrir un joyau préhistorique aveyronnais : la grotte de Foissac. Le village de Foissac se situe au nord-ouest de l’Aveyron, à une vingtaine de kilomètres de Villefranche-de-Rouergue. À la sortie du village, se cache une grotte présentant deux intérêts. Le premier est géologique et minéralogique avec ses concrétions. Entre stalagmites, stalactites, draperies et colonnes, on ne sait plus où donner de la tête ! L’aspect le plus mystérieux de la minéralogie de la grotte se trouve être les bulles de calcite dont on ne peut toujours pas expliquer la formation.

Le climat de la grotte a permis la conservation des objets

Dans un second temps, Foissac présente un intérêt archéologique car c’est une grotte sépulcrale. À l’âge du cuivre, elle servait de lieu d’inhumation pour les hommes. Cette grotte a été occupée à l’époque du chalcolithique, il y a environ 5 000 ans. Cela correspond plus généralement au néolithique qui s’est déroulé entre 5600 et 2100 avant J.-C. et à la sédentarisation des peuples : chasseurs-cueilleurs nomades laissent place aux agriculteurs et éleveurs vivant dans des villages. Le réseau de galeries de la grotte connue s’étend aujourd’hui sur environ 11 kilomètres et la partie contenant les vestiges archéologiques encore en place représente 100 mètres.
Les archéologues ont pu retrouver du mobilier et des sépultures en assez bon état de conservation grâce à un éboulement qui a figé le temps à l’époque de l’occupation. De plus, le climat unique de la grotte a joué un rôle important. En raison de la température ambiante constante d’environ 12 °C et le taux d’humidité de 99,9 %, les sépultures ont été comme immergées dans l’eau, ce qui a permis la conservation des vestiges.

La découverte en 1959

Commençons notre voyage dans l’histoire de cette grotte, en 1959, lors de sa découverte. À cette époque, les villageois ont remarqué un phénomène assez particulier se produisant tous les hivers : de la fumée, ou plutôt de la condensation, s’échappait d’un trou. Un premier groupe de spéléologues s’est lancé dans une expédition à l’intérieur de la grotte mais, a été stoppé par des décombres. Une nouvelle équipe issue du spéléo-club de Capdenac a ensuite dégagé le passage et, est entrée dans la grotte le 29 juillet de la même année.
En 1965, les spéléologues ont découvert des restes humains et du mobilier de la vie quotidienne. Huit ans plus tard, la grotte a été ouverte un première fois au grand public. Les premières études archéologiques ont commencé en 1977 grâce à une équipe de chercheurs du Centre national de la recherche scientifique et de quelques amateurs. Arrêtées en 1988, les fouilles n’ont jamais repris malgré la quantité de vestiges qu’il reste à mettre au jour. Le 6 mars 1978, la grotte est classée monument historique.

 

Une cinquantaine de sépultures

Les archéologues ont recensé une cinquantaine d’individus (sépultures), datant environ de 3000 avant J.- C. Sur la cinquantaine d’individus, trois (une femme, un enfant et un homme) ont été sujets à des études plus approfondies. Le squelette encore en place de l’homme est le premier à avoir été retrouvé et est entièrement conservé ; seulement les petits os (phalange des orteils et des doigts) ont disparu avec le temps.
Cette découverte a beaucoup apporté aux scientifiques. Elle a permis de mieux comprendre les facteurs de mortalité et les rites funéraires pratiqués en ce temps-là.
Les archéologues ont pu avoir une meilleure vision des maladies mortelles au chalcolithique en les comparant avec d’autres sépultures découvertes ailleurs. De plus, ils ont pu aussi éclaircir leurs connaissances sur les rites funéraires en observant les sépultures de Foissac. La position des corps et les objets trouvés ont pu aider à mieux comprendre l’attachement des hommes à leurs défunts.
Enfin, la grotte de Foissac a été utilisée comme un abri où les hommes pouvaient se réfugier en cas de danger. Ils n’y vivaient pas, préférant des villages situés un peu plus loin. En effet, la grotte est trop humide et le risque d’asphyxie dû au feu était trop dangereux pour y séjourner durablement. Toutefois, la grotte et ses ressources ont été grandement utilisées. Ses occupants ont extrait une quantité colossale d’argile afin de construire des habitations, de tanner des peaux ou bien de réaliser des poteries.
L’utilisation de la grotte montre que la tribu de Foissac était une communauté organisée et les fouilles ont révélé des vestiges de la vie quotidienne : traces de feu, poteries, divers outils, etc.
La grotte de Foissac est une merveille cachée en Aveyron qui renferme encore plein de secrets sur notre passé.
Pour de plus amples informations sur la grotte, le site internet grotte-de-foissac.fr
 

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