Aveyron : les exploitants agricoles jetaient les cadavres d'ovins dans la nature

  • 212 cadavres d'ovins et caprins ont été retrouvés dans la nature entre Centrès et Lédergues.
    212 cadavres d'ovins et caprins ont été retrouvés dans la nature entre Centrès et Lédergues. Repro CP
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Plus de 200 cadavres d'ovins et caprins ont été jetés dans la nature, entre Lédergues et Centrès, créant même un "charnier" dans un fossé près de la rivière Céor. Le couple d'agriculteurs ainsi que leur fils ont été condamnés à des amendes avec sursis par le tribunal, ce mercredi matin.

Dans la salle d'audience du tribunal de Rodez, le récit de l'enquête visant une famille d'agriculteurs, installée du côté de Lédergues, provoque un certain sentiment d'aversion... Et questionne également. Comment et pourquoi entre 2018 et 2019 le père de famille, retraité, la mère, à la tête du Gaec, et le fils, exploitant associé, ont pu se débarrasser des cadavres de leurs ovins et caprins dans la nature, tout en prenant le soin d'enlever les boucles permettant de les identifier ? "Car on n'avait pas payé le service d'équarrissage - obligation légale pour tous les exploitants -, on n'avait pas les moyens. Et il n'y avait pas d'autres solutions que de faire comme ça", répondent-ils tous les trois face à la présidente Sylvia Descrozaille.

212 cadavres

Cette dernière a rappelé que 212 cadavres de "petits ruminants" ont été retrouvés par les enquêteurs, alertés en avril 2019 par un autre agriculteur. À proximité de son installation et de la rivière Céor, il tombe sur un charnier d'une vingtaine de bêtes. Rapidement, les soupçons se dirigent vers les prévenus, le père étant photographié par les gendarmes sur les lieux en train de jeter une brebis décédée. a, je le reconnais, je l'ai jeté car je l'avais oublié dans la voiture mais les autres bêtes, elles ne venaient pas de chez nous", se défend-il, reconnaissant néanmoins que la plupart des cadavres de l'exploitation étaient déversés dans un bois leur appartenant ou donnés à manger... aux chiens ! Mise au courant de l'affaire, la mairie de Centrès déposera plainte à son tour pour "abandon et dépôt illégal de déchets".

Difficultés financières

"Nous avions des difficultés financières, on ne pouvait pas faire autrement. Dès qu'on a pu payer, on l'a fait", répètent les parents et leur fils, soutenus en ce sens par le procureur de la République, Bernard Salvador : "N'ignorons pas que la vie d'agriculteur n'est pas facile et surtout pas lucrative... Au pied du mur, on en arrive parfois à ces extrémités". Les exploitants, à la tête d'un cheptel de 700 ovins, ont indiqué "relever la tête" depuis les faits même si le fils, âgé de 27 ans et père de deux enfants, a indiqué ne pas parvenir "à se verser un salaire, tout ce qu'on gagne c'est pour les fournisseurs et pour payer nos dettes". Le tribunal a semble-t-il entendu ces arguments avec une peine clémente : 500€ d'amendes avec sursis pour chacun des protagonistes.

Quant aux causes de la mort de tous ces animaux, les agriculteurs ont expliqué qu'il s'agissait pour la plupart "de problèmes cardiaques ou respiratoires".

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