Rémi Boutonnet (CNRS) : « Je me vois davantage comme un explorateur »

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  • Rémi Boutonnet garde un lien fort avec l’Aveyron, Millau, les Gorges du Tarn : « J’y ai ma famille, mes amis.Je m’y sens toujours bien ».
    Rémi Boutonnet garde un lien fort avec l’Aveyron, Millau, les Gorges du Tarn : « J’y ai ma famille, mes amis.Je m’y sens toujours bien ». DR -
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Aurélien Delbouis

Chargé de recherche au CNRS, affecté à l’Institut mathématique de Bordeaux, le Millavois Rémi Boutonnet, diplômé de l’ENS, va recevoir la médaille de bronze du CNRS pour ses recherches. 

Petit, il rêvait de devenir inventeur. Ce sont finalement les mathématiques qui occupent aujourd’hui sa vie. Chargé de recherche au CNRS, Rémi Boutonnet est un homme comblé. Ses derniers travaux viennent en effet d’être récompensés de la médaille de bronze du CNRS. Un titre plus qu’honorifique pour le natif de Millau : "le président de la section math du CNRS m’a contacté. Apparemment, mon nom avait été glissé au comité, s’amuse le jeune homme. Être reconnu par mes pairs, par des gens que j’admire, des chercheurs inspirants est la plus belle des récompenses."
Visant à encourager les travaux prometteurs, la médaille de bronze est souvent remise à de jeunes chercheurs. Mais concernant Rémi, de quels travaux s’agit-il ?
"C’est de la recherche pure, assez abstraite pour qui n’a pas le nez dessus. C’est assez difficile à expliquer" avoue même le jeune chercheur. De ces travaux, on retiendra simplement qu’il est question "d’algèbre d’opérateur", ou de "théorie de graphe" en lien – plus ou moins proche – avec la physique quantique.

Difficile à saisir pour le commun des mortels, si ce n’est in fine dans ses applications pratiques, la recherche est pourtant cet univers fantasmagorique qu’a choisi d’explorer le Millavois. "J’ai des facilités en mathématiques qui, depuis tout petit, ont toujours eu pour moi un côté assez réconfortant. Et quand vous vous sentez bien quelque part vous avez envie d’y rester."

Pour ce grand amateur d’énigmes, qui préfère « comprendre plutôt qu’apprendre », la voie est toute tracée : "Je rêvais de ne faire que des maths, et quand j’ai compris que c’était possible, j’ai foncé."
Après sa prépa, le voilà sur les bancs de la très sélective École Normale Supérieur (ENS). Il y passera trois ans. Quatre de plus à l’ENS Lyon consacrée à l’écriture de sa thèse. "Je suis aussi parti en stage à Nashville Tennessee, capitale mondiale de la musique country", s’amuse le normalien.

Une autre musique pour ce maestro des théorèmes qui se voit avant tout comme "l’explorateur passionné" de ce vaste univers. Toujours prêt à se frotter à des problèmes jugés insolubles. "Par des questions simples, on peut rapidement déboucher sur des problématiques plus compliquées, des théories qui n’ont pas encore de réponses" savoure le futur médaillé qui devrait recevoir sa récompense d’ici la fin de l’année à Paris. Un prix qui souligne aussi la grande qualité de la recherche française, tient à souligner le Millavois. "Beaucoup de chercheurs partent aux États-Unis avec les contraintes, la pression du résultat que l’on connaît. Tout ça est incompatible avec la recherche pure en math qui prend toujours plus de temps. En France, le système fait davantage confiance aux chercheurs, favorise le long terme, la profondeur de réflexion. C’est d’ailleurs pour ça que la France cumule aujourd’hui pas mal de récompenses prodigieuses en math !"

Près d’un quart des médailles Fields – la plus haute récompense pour les mathématiciens de moins de 40 ans – ont été décernées à des Français depuis 1936, année de la création de ce prix. Pour Rémi Boutonnet, le compte est bon !

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