Paris. Marcel Bénézet : "Nous voulons retravailler, laissez-nous faire"

  • "Comme l’ensemble des professionnels, je commence à voir un peu de soleil au bout du tunnel", affirme Marcel Bénézet.
    "Comme l’ensemble des professionnels, je commence à voir un peu de soleil au bout du tunnel", affirme Marcel Bénézet. Repro CP
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Aurélien Delbouis

Élu à la chambre de commerce Paris île de France, président de la branche des cafés, bars, brasserie pour le Gni-Synhorcat, Marcel Bénézet revient sur les annonces du gouvernement en faveur de leur réouverture progressive dès la mi-mai. Une bonne nouvelle pour une profession qui, comme il le constate, "commence à revoir la lumière au bout de la lorgnette." Entretien.

"Nous commencerons à rouvrir le pays à partir de la mi-mai", a déclaré le président Emmanuel Macron lors de l’annonce d’un troisième (semi) confinement du pays. Concernant les cafés et restaurants, la date du 15 mai – un samedi – est aujourd’hui avancée. Qu’en pensez-vous ?

On ne sait jamais ce qui peut arriver d’ici là. Les politiques font des annonces mais le virus est toujours là pour nous rappeler qu’il est le seul maître des horloges. Je reste malgré tout très optimiste quant aux chances d’ouvrir nos établissements à cette date. D’abord les extérieurs en respectant tous les gestes barrières, puis les salles à 50 % de leurs capacités dès le mois de juin. Je veux y croire. Comme l’ensemble des professionnels, je commence à voir un peu de soleil au bout du tunnel.

On parle d’une réouverture progressive qui dépend de plusieurs facteurs – comme le taux de vaccination – sur lesquels vous n’avez pas de prise.

On mise sur cette date. Nous travaillons sur les mesures barrières depuis le mois de janvier. De son côté, la campagne de vaccination avance vite et va s’accélérer encore avec la mise en place de vaccinodromes. C’est là un aspect est essentiel pour permettre aux clients de revenir chez nous en toute sécurité et aux professionnels de travailler en toute sérénité. Le but est que tous les salariés soient vaccinés, quel que soit leur âge. Si les clients sont conscients que nos salariés sont vaccinés, on va retravailler, j’ai confiance.

Vous dites voir le bout du tunnel. Certains restaurateurs – les exemples se multiplient dernièrement – n’ont pourtant pas attendu cette date pour ouvrir illégalement leurs établissements. Vous comprenez ?

Oui, je peux le comprendre. Quand vous n’avez plus rien à perdre, vous tentez le tout pour le tout ! J’ai moi-même une entreprise fermée et quand je passe devant tous les jours, j’ai mal au cœur. Mais braver l’interdiction comporte des risques. D’abord un avertissement, puis une fermeture administrative au risque de ne plus pouvoir bénéficier des aides de l’État.

Vous parlez des aides, notamment du Fonds de solidarité, qui ont permis à la profession de survivre.

Ces aides nous ont permis, en effet, de passer ce cap difficile. Si nous n’avions pas aujourd’hui les aides de l’État, on ne parlerait même plus de cette profession qui aurait chaviré en pleine mer. Qui aurait pu résister à cette crise sans ce soutien ? Personne.

Vous êtes, en revanche, plus circonspect quant à l’interdiction de la vente d’alcool à emporter. Pour vous, un véritable "coup d’assommoir".

Depuis le début de la pandémie, nous sommes malheureusement habitués à recevoir des coups. Nous avons eu le coup de massue, maintenant nous avons ce que j’appelle le coup d’assommoir. La vente d’alcool permettait à de petits établissements de survivre. Ceux notamment dont les patrons avaient repris des affaires en 2019 par exemple et qui de fait, n’avaient droit qu’à un petit PGE (prêt garanti par l’État NDLR) mais pas au fonds de solidarité. La vente à emporter était pour eux une bouée de sauvetage. Avec cette interdiction, je crains qu’à la sortie de ce troisième confinement, beaucoup de chefs d’entreprise soient désespérés et contraints de baisser le rideau définitivement.

Vous parlez aussi de distorsion de la concurrence ...

Je trouve anormal que les supermarchés, les supérettes vendent de l’alcool quand les cafetiers ne le peuvent pas. On ne peut pas empêcher la jeunesse de s’amuser. Or, aujourd’hui cette population va acheter de l’alcool dans ces enseignes avant de se retrouver dans des lieux clos. Et du point de vue sanitaire, je ne suis pas sûr que ce soit mieux que de boire quelques verres en plein air.

Vous voulez malgré tout rester optimisme alors que déjà, certains restaurateurs annoncent un "été blanc."

À Paris, c’est déjà le cas. Avec ce confinement, beaucoup de Parisiens ont quitté la capitale. Ce sera aussi le cas pendant les vacances estivales. Les gens vont se tourner vers les destinations de plein air. À ce titre, je pense que les régions vont mieux travailler cet été. Portées comme l’été dernier par un tourisme franco-français.

C’est pourquoi vous demandez que les aides soient prolongées bien après la pandémie ?

Il n’y a pas le choix, surtout dans la restauration, sinon ce n’est pas tenable. Pour retrouver le souffle qu’on avait en 2019, il faudra attendre au moins trois années. On espère vraiment pouvoir encore compter sur ces aides pendant au moins une bonne année, peut-être même deux ans. Sinon on ne tiendra pas.

Propos recueillis par

Aurélien Delbouis

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