Les classes en plein air pourraient contribuer à réduire les inégalités filles-garçons dans les sciences

  • Les auteurs de l'étude ont analysé les résultats de 403 écoliers scolarisés en classe de CM2, qui ont participé à un programme d'enseignement scientifique en plein air appelé "Muddy Sneakers".
    Les auteurs de l'étude ont analysé les résultats de 403 écoliers scolarisés en classe de CM2, qui ont participé à un programme d'enseignement scientifique en plein air appelé "Muddy Sneakers". FatCamera / Getty Images
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Relaxnews

(ETX Studio) - Apprendre des notions scientifiques en étant directement au contact de la nature accroît l'intérêt des élèves et booste leur faculté d'apprentissage, montre une étude. D'après les chercheurs, cette méthode pédagogique insolite pourrait également aider à réduire les inégalités de sexe dans le domaine des sciences à l'école. 

Le concept de faire classe en pleine nature a le vent en poupe, surtout depuis la pandémie. D'après une récente étude réalisée par des chercheurs de l'université d'État de Caroline du Nord, les classes en plein air contribueraient même à augmenter les notes des écoliers dans le domaine des sciences.

Pour aboutir à cette conclusion, les auteurs de l'étude ont suivi 403 écolières scolarisées en classe de CM2 (5th grade aux États-Unis), qui ont participé au programme d'enseignement scientifique en plein air "Muddy Sneakers" ("baskets boueuses" en français) pendant une semaine au cours de l'année scolaire 2016-2017.

Les élèves ont suivi des cours de sciences dispensés dans des espaces verts tels que des parcs nationaux ou des terrains scolaires (cour de récréation, aires de jeux, etc.). Les méthodes d'apprentissage différaient selon la leçon : activités pratiques, randonnées, exploration de la nature... Au terme de l'expérience, les chercheurs se sont procuré les notes des élèves en sciences inscrits au Muddy Sneakers, afin de les comparer à celles de 237 écoliers ayant suivi des cours traditionnels. 

Parue dans l'International Journal of Science Education, cette recherche suggère qu'enseigner la science en pleine nature profite particulièrement aux filles. En effet, les garçons qui ont participé au Muddy Sneaks ont obtenu des résultats à peu près équivalents à ceux des écoliers qui ont suivi le cursus classique. Mais ce n'était pas le cas des filles, qui ont montré des notes meilleures à l'issue du Muddy Sneakers.

Les filles ont obtenu de meilleurs résultats à l'issue du programme

D'après les auteurs de la publication, cette différence pourrait s'expliquer par le fait que le programme de cours de sciences en plein air permet d'offrir un contexte d'apprentissage différent de ceux qui renforcent les stéréotypes sexistes traditionnels relatifs aux matières scientifiques. En effet, des études antérieures ont montré que les filles ont tendance à se détourner plus tôt que les garçons des matières scientifiques, moins par manque d'intérêt que par une tendance à sous-estimer leurs capacités dans ce domaine. 

"L'éducation en plein air semble être l'un de ces contextes qui aide tout le monde à apprendre, mais elle peut se révéler vraiment utile pour certains élèves en particulier", considère la chercheuse Kathryn T. Stevenson, qui a dirigé l'étude.

La chercheuse note également qu'au terme de l'expérience, les élèves semblaient davantage avoir conscience que les aptitudes scientifiques reposent davantage sur des acquis (travail et persévérance sont les maîtres mots), que sur un talent "inné". 

L'étude a également analysé la perception que les élèves avaient de leurs propres capacités scientifiques, ainsi que leur intérêt pour ces matières. Étonnamment, le niveau de confiance des élèves (filles comme garçons) était plus faible après leur participation au Muddy Sneakers. 

Pour les chercheurs, ce phénomène pourrait s'expliquer par le côté innovant du programme en plein air, qui a pu être perçu comme un défi par les élèves et du même coup les rendre moins confiants dans leurs capacités scientifiques. Leur faculté d'apprentissage a toutefois été boostée, puisque leur niveau de connaissance scientifique a globalement augmenté au terme du programme. 

"Pour que les élèves réussissent durablement, il faut qu'ils apprennent, mais aussi qu'ils se sentent à l'aise avec le fait de ne pas tout savoir", conclut Kathryn T. Stevenson. 

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