Elections départementales en Aveyron : à deux mois du scrutin, les stratégies s’affinent

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  • D’abord prévu au mois de mars, le scrutin a été repoussé en juin. Le premier tour aura lieu le 20 juin, le second le 27.
    D’abord prévu au mois de mars, le scrutin a été repoussé en juin. Le premier tour aura lieu le 20 juin, le second le 27. J.-A.T.
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RICHAUD Guilhem

Le gouvernement a fixé les élections aux 20 et 27 juin prochains. En Aveyron, droite et gauche sont confrontés à des dilemmes internes.

La tenue du scrutin est désormais actée. Les élections départementales (tout comme les régionales) auront bien lieu au mois de juin prochain. Le gouvernement, qui avait un temps envisagé un nouveau report, après l’été, a finalement suivi l’avis des maires, qui avaient été consultés ce week-end et ont massivement répondu qu’ils voulaient que le scrutin se tienne au mois de juin. Jean Castex a seulement décidé de décaler le premier tour (et donc le second), d’une semaine, pour prolonger un peu la campagne, mais aussi permettre une semaine de vaccination supplémentaire, non négligeable au moment de faire ce déplacement massivement la population dans les bureaux de vote.

Maintenant que le calendrier est fixé, les candidats aveyronnais vont pouvoir se dévoiler et avancer. Parce qu’il va falloir faire campagne dans une période où la situation sanitaire bouleverse le schéma traditionnel. Dans ces conditions, il y aura fatalement une prime aux sortants dans les cantons : ils auront moins de mal à se faire connaître que les nouveaux candidats. La droite aveyronnaise, qui tient le département, le sait, et compte bien en profiter. Cependant, elle doit aussi faire face à une fracture interne entre deux candidats potentiels à la future présidence. D’un côté le sortant, Jean-François Galliard, qui a déjà annoncé qu’il se verrait bien poursuivre l’aventure, et de l’autre, Arnaud Viala, le député du Sud-Aveyron, qui pour le moment avance masqué et n’a pas encore annoncé sa candidature. Si, avant toute chose, les deux hommes devront se faire réélire sur leur canton (Millau-2 pour Galliard et Raspes et Lévezou, pour Viala), en coulisses, les tractations sont en cours. Le député a réuni les élus de la majorité actuelle il y a une quinzaine de jours dans le Ruthénois pour leur faire part de ses intentions. Le sortant discute aussi beaucoup avec ses élus. Pour le moment, peu de conseillers, qui doivent aussi se préoccuper en priorité de leur réélection n’ont affiché leur choix. Beaucoup préfèrent discuter avec les deux pour ne pas insulter l’avenir.

À gauche, l’union… ou presque

Si la droite se questionne déjà sur un potentiel troisième tour, les autres partis travaillent, eux, davantage à s’organiser pour le scrutin. La gauche, est sur le point d’entériner un accord large qui concerne l’ensemble des 23 cantons. Une fois ce pacte, qui concerne le PS, le PC, EELV, LFI et le PRG acté, viendra le temps des déclarations de candidature.

Après plusieurs mois de discussions, ces partenaires sont tombés d’accord pour " un engagement programmatique commun d’alternative départementale face à la majorité de droite et indépendante de LREM ". Cela pourra prendre la forme de candidatures communes dans certains cantons ou de "pacte de non-agression" dans d’autres.

Reste à trancher la situation complexe des socialistes ruthénois. Si elle ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet pour le moment, Sarah Vidal et Arnaud Combet ont validé leur candidature à la candidature sur la plateforme nationale interne au PS. Membre des instances nationales, la première adjointe à la mairie de Rodez compte bien conserver son étiquette socialiste, quand bien même la section départementale et son premier fédéral, Bertrand Cavalerie, considèrent que son engagement avec Christian Teyssèdre à Rodez, proche de LREM, vaut une exclusion du parti. Une position prise notamment pour rassurer les partenaires du PS. Un conflit qui pourrait aboutir à une situation pour le moins surprenante sur le canton de Rodez-1, avec la candidature du binôme sortant sous les couleurs socialistes non soutenues par le PS départemental opposé (notamment) à un binôme de l’union de la gauche soutenu par les cadres départementaux du PS.

De l’extrême droite au centre

  • Rassemblement national

Le parti d’extrême droite n’a jamais vraiment brillé lors des scrutins locaux en Aveyron. Pourtant, sous la direction de Bruno Leleu, il essaie, élection après élection, de se faire une place. Pour les départementales, le RN vise d’obtenir le premier élu de son histoire. Pour cela, la formation de Marine Le Pen, consciente des difficultés d’implantation, a ciblé quelques cantons où il pense pouvoir performer. C’est notamment le cas de celui de Causses-Rougiers, dans le Sud-Aveyron autour de La Cavalerie, où une alliance a été passée avec Fabien Lombard, de L’Avenir français. Ce dernier, ancien proche de Nicolas Dupont-Aignan, aura la lourde tâche d’affronter (notamment) le sortant, Christophe Laborie, réputé pour labourer le terrain de long en large depuis des années. Celui-ci va d’ailleurs changer de binôme. Monique Alliès succédera à Annie Bel. Le RN souhaite aussi tenter sa chance dans l’Ouest-Aveyron, sans que de noms n’aient encore été révélés.

  • Agir la droite constructive

Le parti politique, né en 2017 sous l’égide de Franck Riester, allié d’Emmanuel Macron et actuel ministre, est en train de s’implanter en Aveyron. Thibault Menatory vient de prendre la tête de la section départementale et il a déjà présenté Pierre Smirnoff et Danielle Bordere, qui seront candidat sur le canton de Rodez-1. Sur Rodez-2, Agir soutiendra le sortant, Serge Julien. La formation prépare actuellement des candidatures ailleurs dans le département. La philosophie d’Agir est "d’unir les forces du centre et de coconstruire", précise le responsable qui estime qu’il y a une "vraie attentes des électeurs du centre droit, qui sont majoritaires dans le département". Le parti se veut d’ailleurs proche du président sortant, Jean-François Galliard : "C’est un mouvement légitimiste qui soutient les actions du président du département, reprend Ménatory. Il a bien mené la barre depuis quatre ans, en tenant le budget, ce qui a permis d’être au rendez-vous pour gérer la crise sanitaire. On peut arriver à faire de belles choses ensemble sans sectarisme." Même si pour le moment le président sortant ne s’est pas exprimé sur le sujet, Agir pourrait servir de bras armé pour présenter des candidats dans les cantons "acquis" à Arnaud Viala et répondre ainsi à des actions similaires de l’autre camp.

  • LREM

Pour le moment, le parti présidentiel n’a pas encore arrêté sa stratégie. Les deux députés, Anne Blanc et Stéphane Mazars sont la pierre angulaire du dispositif. La première devrait repartir sur son canton du Céor-Ségala. Le second n’a pas caché son intérêt pour les régionales (lire par ailleurs). Quoi qu’il en soit, LREM compte bien jouer un rôle et devrait également soutenir des candidats, pas forcément encartés, dans plusieurs cantons, notamment à Rodez, où Christian Teyssèdre "soutien de la première heure d’Emmanuel Macron" va placer des membres de son équipe municipale. Une contrainte toutefois pour avoir le soutien de LREM, affichée par Jean-François Rousset, le coordinateur départemental, qui anime de nombreux rendez-vous avec les militants en vue de la prochaine présidentielle : pour avoir l’aide de LREM, il faudra s’engager à soutenir Macron en 2022.

 

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